Entre la folie covidiste et le Great Reset que la caste tente d'accélérer, une évidence se dégage : le néo-libéralisme a vécu et doit être profondément amendé. Encore faut-il préciser le sens de ce terme galvaudé et porter le bon diagnostic sur ce qui explique la faillite flagrante des économies occidentales.
Les trois années qui viennent de s’écouler en disent long sur la faillite de notre système, que j’ai déjà évoquée cette semaine. Cette faillite n’est pas seulement un épisode, un hasard. Elle est aussi la faillite de toute une conception politique et économique, que l’on peut regrouper à grands traits sous l’appellation de néo-libéralisme, sujet que nous avions déjà abordé cet été.
Pourquoi parler de faillite du néo-libéralisme ?
Ce à quoi nous assistons depuis le mois de février 2020 (confinements, décisions incompétentes, relations opaques avec l’industrie pharmaceutique, militarisation d’une information sous contrôle, neutralisation de tous les contrepouvoirs, violations de l’Etat de droit et des libertés fondamentales) n’est que le couronnement d’une décomposition bien entamée depuis les années 2000. Cette décomposition est celle du “néo-libéralisme” qui a prétendu ordonner une concurrence libre et parfaite à partir d’un cadre défini par les Etats et leurs politiques monétaires.
Cette idée selon laquelle le marché devait être amélioré, corrigé, par un cadre réglementaire fixé par l’Etat, est née en 1938 avec le colloque Lippmann, tenu à Paris à l’initiative de quelques libéraux comme Raymond Aron. Ce colloque débouche sur “l’Agenda du libéralisme” qui préfigure étonnamment ce qui devint par la suite l’Union Européenne et le marché unique.
Selon cette doctrine nouvelle qui cherchait une synthèse entre le libéralisme manchestérien et le New Deal de Roosevelt, c’était le rôle de l’Etat d’organiser les services de santé ou d’enseignement, mais aussi d’utiliser les leviers monétaires et budgétaires pour stimuler la croissance. Surtout, le rôle de l’Etat était, selon les néo-libéraux, de fixer un cadre réglementaire au marché, pour assurer une concurrence libre et parfaite.
La Commission Européenne et la Banque Centrale Européenne ne s’emploient pas à autre chose depuis 20 ans en Europe. Une cascade de règlements et de directives sur tous les sujets prétend assurer l’unité et l’égalité de notre marché continental. Ce sont évidemment autant d’interventions de l’Etat central, suscitées, suggérées, influencées, par quelques entreprises transnationales puissantes pour protéger leurs intérêts.
Les conséquences nous sont connues : la zone euro a été lanterne rouge de la croissance mondiale depuis plus de quinze ans, le nombre de milliardaires a certes augmenté, mais, dans le même temps, les dettes publiques ont explosé et nombre d’usines ont fui. Parallèlement, la subordination européenne à l’imperium américain n’a cessé de grandir, et les libertés sont désormais mises à rude épreuve.
Vingt ans de néo-libéralisme en Europe prouvent donc que les doctrines qui prétendent faciliter la croissance et garantir à la fois les libertés politiques et économiques ne sont pas forcément très efficientes… et peuvent même produire les effets exactement inverses à ce qu’elles prétendent.
Néo-libéralisme et capitalisme de connivence
Ce que les Aron et autres (dont Friedrich Hayek) qui participaient au colloque Lippmann de 1938 n’avaient pas mesuré, c’est le délitement rapide que la régulation du marché par l’Etat allait produire. Peu à peu, ceux qui étaient chargés de réglementer le marché pour assurer la concurrence pure et parfaite sont devenus des proies idéales pour les grands groupes désireux d’obtenir des réglementations favorables.
De ces cas de conflit d’intérêt, l’actualité regorge. En Europe, on se souvient que José Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission, fut recruté par Goldman Sachs en 2016. Pouvait-on trouver meilleur exemple de la proximité entre la grande finance internationale et les autorités européennes ? Promettre à un décideur, qu’il soit élu ou fonctionnaire, de le recruter à prix d’or après son mandat s’il se montre coopératif constitue une arme redoutable pour obtenir des avantages substantiels.
Et que dire de ce que les Uber Files ont révélé ? Emmanuel Macron n’a pas nié avoir favorisé Uber lorsqu’il était ministre de l’Economie. Cette intervention de l’Etat en faveur des VTC au détriment des taxis traditionnels participe de cette forme bien connue de néo-libéralisme qui s’appelle la déréglementation des professions. Elle était déjà au coeur du rapport Attali de 2008, dont Macron était le rapporteur.
De façon très révélatrice, Emmanuel Macron a répondu à la presse, cet été : : « Je me félicite de ce que j’ai fait, on a créé des milliers d’emplois ». Telle est la faculté du néo-libéralisme : transformer en vertu d’intérêt général le mélange des genres entre intérêt public et intérêt privé au sommet de l’Etat. C’est ce qu’on appelle le capitalisme de connivence : l’Etat est un instrument conçu pour enrichir les puissants, ce qui est supposé produire un ruissellement.
Néo-libéralisme et libertés publiques font désormais mauvais ménage
Toute la difficulté du capitalisme de connivence est qu’il concentre tant les pouvoirs (et c’est particulièrement vrai en France) qu’il en remet en cause les fondements de la démocratie libérale elle-même. On se souvient que Montesquieu avait érigé la séparation des pouvoirs en principe sacré. La crise du COVID a montré comment cet idéal était désormais balayé sous le prétexte artificiel de l’urgence, agité et manipulé malicieusement par une propagande industrialisée.
Dans la pratique, autant le gouvernement que le Parlement, que le Conseil Constitutionnel, que la justice elle-même, à commencer par la justice administrative, sont rapidement tombés d’accord pour imposer des mesures liberticides au nom de l’urgence. L’invention de la suspension, mesure unilatérale consistant à priver immédiatement un fonctionnaire ou un salarié de son salaire sans aucune indemnité et sans aucune forme de procédure contradictoire en a constitué l’apogée. Soudain, le néo-libéralisme n’est pas seulement devenu une machine à utiliser l’impôt pour payer les salaires et acheter des quantités phénoménales de vaccins. Il s’est aussi mué en machine à exclure, à discriminer et à produire du crédit social.
Quelle différence de nature entre le régime chinois et le capitalisme de connivence la crise du COVID a-t-elle fait apparaître ? Sur le fond, la confusion entre le pouvoir économique et le pouvoir politique y est quasiment identique, et le poids des libertés s’approche, en Europe, de la réalité chinoise.
Dès lors que le néo-libéralisme ne garantit plus les libertés, pas plus que la prospérité, pas plus que la libre concurrence, pourquoi le conserver ?
Conscientiser le modèle de société que nous voulons
Je l’évoquais hier, la question fondamentale n’est pas tant celle de critiquer le néo-libéralisme que celle de savoir par quoi le remplacer. Ce qu’il nous faut, c’est un système qui nous garantisse une émancipation de l’Etat par rapport aux intérêts privés. Les décisions prises doivent être conformes à l’intérêt général, et non aux intérêts particuliers.
Libérer l’Etat… le désenclaver, détricoter les mailles du filet dans lequel il est prisonnier aujourd’hui, voilà un sujet de réflexion essentiel, qu’il serait dommage de ne pas mener, car il s’agit bien de la question cruciale de demain.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cet article. Avons-nous vraiment testé ce néo-libéralisme, ou est-ce que finalement nous avons testé jusqu’à aujourd’hui différentes formes de socialisme? En réalité, je pense que depuis la première guerre mondiale nous sommes passés lentement au socialisme. Ce dernier n’a fait que muter afin de s’adapter au monder qui change. Il suffit de voir la Chine communiste. Et pour ce qui est du rôle de l’Etat dans un pays libre, il faut tout simplement qu’il se limite essentiellement au domaine du régalien.
En ce qui concerne l’Etat, il faudrait commencer par un drastique régime amaigrissant.
Vous pourriez trouver une source d’inspiration au Mexique, où depuis 2018 le très populaire président AM Lopez Obrador a initié une 4ème transformation du pays vers une économie morale, destinée explicitement à en finir avec 40 ans de néo libéralisme où l’état n’était plus que le facilitateur des puissants intérêts privés. Il a réalisé un grand ménage exemplaire dans l’appareil d’état selon quelques règles simples comme :
– les fonctionnaires sont faits pour servir, et non se servir.
– aucun fonctionnaire ne peut avoir une rémunération supérieure à celle du président, qu’il a justement commencé par diviser par 2
– non représentation à un second mandat
…
Livre : “hacia una economia moral” 2019
J’ai assisté à une grande marche populaire le 29 nov à Mexico, des millions de mexicains y étaient en soutien au président qui dans son style bienveillant a exposé son bilan. Il donne une conférence de presse ouverte tous les jours à 7h. Que honte j’avais pour la France, d’avoir élu et réélu un fou dangeureux.
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Il y a une différence fondamentale entre le néo-libéralisme et le système chinois. C’est que le premier fait la promotion de toutes les formes de décadence et de comportements mortifères tant que cela rapporte de l’argent et affaiblit les résistances, tandis que le second protège son peuple des perversions occidentales, quand bien même cela peut nous sembler dictatorial. Nietzsche avait dit très prophétiquement ” Donnez la liberté aux esclaves. Que vont-ils en faire ? “
Exact !
Tu as raison le bolchèvique, il faudrait installer une dictature pour lutter contre la médiocrité de nos sociétés. Et au fait, que serait la Chine aujourd’hui sans les entreprises occidentales qui lui ont permis de se développer? Et vu ton brillant raisonnement, il faudrait que tu en parles avec les chinois, voir ce qu’ils en pensent. Et Nietzsche est loin d’être une référence sur tous les sujets. C’était un gars profondément nihiliste.
“Ce qu’il nous faut, c’est un système qui nous garantisse une émancipation de l’Etat par rapport aux intérêts privés. Les décisions prises doivent être conformes à l’intérêt général, et non aux intérêts particuliers. ”
Commençons alors à ce que les futurs élus soient revocables avec un mandat unique ça sera déjà un très bon début ! Tiens j’y pense vous pourriez inviter Étienne Chouard il a de très bonnes idées en la matière.
Attention si vous lisez Hayek, il n y aucune notion de néolibéralisme qui parle de régulation perpétuelle de l état centralisé….
Beaucoup de gens appellent à tord néolibéralisme mais c est seulement du capitalisme de connivence / corruption !!
Non c’est une erreur de parler de «néo-libéralisme», il faut s’ouvrir les yeux et parler de néo-totalitarisme. Ceci il faut oublier les totalitarismes du 20e siècle (nazisme et stalinisme) et concevoir un totalitarisme, moins brutal et plus manipulateur, plus marketing et surtout, plus hypocrite. Ce néo-totalitarisme est élitiste et comporte un mépris ABSOLU du peuple. Mais il me semble critique de mettre de côté les catégories politiques du 20e siècle pour comprendre le néo-totalitarisme du 21e. Pour comprendre où s’en va l’Occident, il suffit de regarder la Chine communiste. C’est le modèle tant admiré par les pions de Davos en position de pouvoir un peu partout en Occident (tels que Justin Trudeau au Canada), ces néo-totalitaires qui n’ont AUCUN respect pour les droits du peuple. Et les néo-totalitaires de 2023 ont maintenant accès à des technologies de surveillance qui auraient fait rêver les régimes totalitaires du 20e s. Les néo-totalitaires de 2023 veulent contrôler TOUS les aspects de nos vies (et, si possible, avec des implants cérébraux contrôler nos pensées). Ils veulent un pouvoir ABSOLU sur nous. Si tous leurs projets se réalisent, notre état serait pire que celle des esclaves des siècles passés…
Autre trait qui démarque complètement le néo-totalitarisme du 21e siècle des régimes totalitaires du 20e siècle est leur mépris du nationalisme et des mouvement populaires (sous la tutelle des pions de Davos, le Québec DOIT oublier ses projets nationaliste…). De telles choses donnent “trop” de place à l’expression de la voix du peuple. Ces néo-totalitaires sont des mondialistes zélés et sont des ultra-élitistes. Un indice clair du mépris du peuple par les mondialistes est qu’ils ne tolèrent AUCUN mouvement nationaliste ou populaire, ce qui s’exprime par leur mépris absolu des MAGA américains, du Brexit anglais, des gilets jaunes en France, le mépris effronté de Trudeau des camionneurs canadiens et plus récemment le mépris des cadres de l’UE pour les nationalistes italiens…
l’introduction de cet article me parait plus que discutable. Affirmer que la vision d’Aron (et de ce colloque de 1938) débouche naturellement sur l’Union européenne et le traité de Maastricht, 50 ans après est pour le moins un raccourci douteux.
Les libéraux des années 60 et 70 comme Aron et Bourcier de Carbon qui fondèrent l’Aleps étaient bien loin de partager la vision intégriste d’un libéralisme sacralisant le marché. Par essence critique et mesuré, Aron n’a jamais été hostile aux systèmes de régulation mis en place pr Roosevelt aux USA et par les européens après guerre volontairement mis au rebut par les ultra libéraux sous Clinton (cf. suppression du Glass Steagall Act).