Un énième projet de sabordage de l’hôpital public par le démolisseur appointé par Davos (un certain François Braun) me donne, ce matin, l’occasion d’apprendre, sur cette délicieuse institution du soviétisme à la française, des détails que j’ignorais encore.
Le capitalisme, on connaît. Je vais vous la faire courte : c’est le régime sous lequel on vit généralement depuis la révolution néolithique. Il est pas rose bonbon, parce que l’humanité ne l’est pas non plus.
Le communisme, on a essayé. Pendant pas loin d’un siècle, un régime dictatorial dans l’est du continent eurasien a fait fonctionner un truc qui s’employait à traduire dans la réalité les préceptes de Marx et de Lénine. C’est une entreprise criminelle – et (à l’aune de ses propres objectifs) globalement ratée – à laquelle on peut, néanmoins, reconnaître le mérite de quelques réalisations économiques.
Et puis, il y a ce « public-privé » dont Klaus Schwab s’est fait le chantre alpin, bien entendu censé combiner tous les avantages de l’un et de l’autre. Et qui, tout naturellement, ne fait qu’ajouter le pire du capitalisme de connivence au pire du soviétisme.
Hôpital : le public au prix du privé
C’est ainsi que je découvre, en lisant Le Point, que, dans ces sovkhozes de la santé républicaine où il m’est arrivé, après une chute à vélo à Paris, d’attendre deux heures dans un couloir avec une vertèbre en vrac (et le défilé des rollers auto-jambisés pour toute distraction), il y des anesthésistes qui, à la faveur d’une bonne saison de ski, se font 9000€ en deux semaines. C’est la ferme collective où les porcs sont nourris au caviar de la Caspienne.
Du budget miliaire US aux mammouths du service public français, c’est partout la même histoire : le monopole d’Etat qui permet au contribuable de payer plus cher.
Mais, vous me direz, à long terme, tout cela n’est pas viable. Non, effectivement. L’hôpital public – est-ce vraiment une mauvaise nouvelle ? – va y passer.
Pas de quoi angoisser les zélotes de Davos, à qui leur prophète explique depuis belle lurette que c’est la médecine classique tout entière qui va être rendue obsolète par la nano-magie de ses potes de l’industrie pharmaceutique. Jambe cassée ? Hop, un drone descend vous faire une piquouze. Vous y croyez ? Alors, n’hésitez pas à revoter Macron dès que l’occasion s’en présentera !
Il y avait le même reportage sur la télé publique. Le contexte était une pénurie de médecins à Chamonix, mais pas du tout sur le mode alarmiste ou revendicatif. Du micro-trottoir au maire, tout le monde a le sourire dans un décor des bronzés. Puis on plonge dans le sordide univers de la bobologie traumatique avec le jeune médecin venu faire ses classes et les jeunes et jolies malades à l’épaule dévêtue. Pisteurs et helico font le job sur les pistes au milieu des surfeurs qui ne s’arrêtent pas, pas comme sur le périph. Puis le maire vient nous expliquer avec enthousiasme son investissement de gnagna euros dans une structure hospitalière pour attirer des médecins…la montagne skiable n’ayant jamais attiré ces professionnel.les à 20.000 mensuels. Du gagnant-gagnant et un modèle pour l’hôpital publique. Qui s’appelle le forfait incluant toutes les prestations, de la remontée à la gamelle.
C’était la vie des Bronzés du goulag
A l’aulne : que d’arbre ! Pour skieurs maladroits ?
Et des infirmières libérales en intérim qui gagnent 5000 € et des toubibs à 2500 € pour une garde de dimanche. Dans ces conditions, pourquoi rester dans un CDI avec toutes ses contraintes.