Jean-Paul Delevoye est connu pour sa rondeur et même son caractère insaisissable. Ses interlocuteurs décrivent régulièrement un homme urbain, courtois voire charmeur, mais d’une fiabilité limitée, capable de dire tout et son contraire pour ne vexer personne et prendre chacun dans le sens du poil, sans dévier de sa ligne… sinueuse. Il fallait la rigidité d’un Emmanuel Macron pour dire de lui qu’il est “trop brutal” et “trop ferme”.
Emmanuel Macron a “recadré” Jean-Paul Delevoye en plein Conseil des Ministres, paraît-il, et Sibeth Ndiaye en a remis une louche après le Conseil. Le Président reproche à son sous-ministre des retraites d’avoir critiqué dans la presse la fameuse clause du grand-père, qui réserverait à ceux qui n’ont pas encore le droit de vote l’application de la réforme des retraites.
Le rondouillard Delevoye n’aime pas les grands-pères
Dans une fracassante interview donnée au Parisien, Jean-Paul Delevoye a dit tout le mal qu’il pensait de la clause du grand-père imaginée par la CFDT et par Macron pour faire passer la réforme des retraites sans essuyer la grogne des syndicats.
On ne peut que partager son avis: expliquer aux nouveaux venus sur le marché du travail qu’ils payent pour leur propre retraite low cost, et aussi pour celle des “insiders” qui sera plus élevée de 30 ou 50%, c’est une solution minable. Elle contrevient aux annonces sur “l’équité” de la réforme qui sous-tend tous les discours de l’exécutif depuis plusieurs mois, et elle montre une fois de plus que la solidarité est un pitoyable paravent de l’égoïsme typique des générations post-soixante-huitardes.
Delevoye ne ménage pas Macron
Dans la même interview, Delevoye n’a pas été tendre avec Emmanuel Macron. Interrogé sur la principale qualité d’un chef d’Etat, le sous-ministre rompu aux arcanes du pouvoir a répondu:
“Maîtriser ses nerfs. S’il y a des assouplissements nécessaires de quelques mois, cela ne pose aucune difficulté, mais un projet aussi ambitieux ne souffre aucune interrogation de contingences électorales ou de timing lié aux municipales ou à la fin du quinquennat”
Oups! Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre Delevoye le parrain des investitures de 2017, et Macron la girouette?
Un recadrage qui en dit long sur l’indécision de l’exécutif
En Conseil des Ministres, il semblerait que Macron ait prononcé une phrase désagréable en réponse à ces propos qu’il faut bien qualifier de rosses:
Emmanuel Macron a d’abord appelé les membres du gouvernement à ne pas s’exprimer trop tôt sur “ce qui serait une bonne réforme ou pas”, a-t-il déclaré.
Il semblerait que les mots fleuris aient continué:
Les propos de Jean-Paul Delevoye sont d’ailleurs jugés “trop fermes”, ses sorties “trop brutales”, “contraires” à la volonté de l’exécutif de prendre le temps de la concertation dans ce dossier.
Jean-Paul Delevoye trop ferme ou trop brutal ? Jacques Chirac a dû se retourner dans sa tombe en entendant un successeur parler ainsi de son chouchou qui fut un jour pressenti pour être Premier Ministre tant il était rond et urbain.
Après s’être fâché avec Trump, le président serbe, le président polonais, le président bulgare, le leader conservateur au parlement européen, le président brésilien, Macron est aussi en passe de se fâcher avec un vieux chiraquien.
Merci pour cet humour décapant, j’ai bien ri !
Merci pour votre humour décapant, j’ai bien ri ! Et rire à propos de cet énergumène qui occupe l’Élysée, c’est bon pour le moral. Quant à J. P Delevoy, rencontré à plusieurs reprises dans mon job, il est incapable de brutalité dans ses propos ou de perte de contrôle.