Hier, la députée LFI Danièle Obono affirmait sur Sud Radio, devant Jean-Jacques Bourdin, que le Hamas n’était pas un mouvement terroriste, mais plutôt un mouvement de résistance. Cette position de la députée LFI n’est pas la position du Courrier, qui rappelle que l’objet même du Hamas a consisté à créer des brigades destinées à faire régner la terreur en Israël. Mais cette divergence implique-t-elle de soutenir une criminalisation de la parole politique ? En l’espèce, une association juive et le ministre de l’Intérieur lui-même déposent plainte pour apologie du terrorisme… Mais le régime politique que ces fanatiques mettent en place est-il encore une démocratie libérale, ou un régime de monoparti déguisé ?
Le Hamas, « un mouvement de résistance » ? Non ! c’est un mouvement terroriste. Je saisis le procureur de la République pour apologie du terrorisme. https://t.co/Z9jmpDnNmi
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 17, 2023
Mais pourquoi la qualification de “terrorisme” importe-t-elle tant ? De 1940 à 1944, en France occupée, la Résistance était appelée “terrorisme” par les occupants. Ce choix sémantique n’a pas empêché l’histoire de parler de “résistance”, terme devenu noble et positif depuis cette époque, et d’envoyer le mot “terroriste” aux oubliettes. Preuve est faite que la sémantique évolue avec le temps, au gré des victoires, des défaites, des aléas.
Dans le cas du Hamas, tout indique qu’il n’en ira pas autrement. Tant qu’Israël imposera sa loi, le Hamas sera un mouvement terroriste. Pour peu que le Hamas parvienne à inverser le rapport de force, ce qui serait surprenant mais est au fond plausible, le Hamas deviendra un mouvement de résistance. Ce qui décide du bon mot, ce n’est pas la volonté des hommes, mais celle de l’Histoire.
C’est pourquoi le combat de LFI pour ne pas qualifier le Hamas de “terroriste” est en soi absurde. Les Israéliens eux-mêmes le savent bien, puisque le terrorisme fut l’une des armes utilisées par les Juifs de Palestine, en 1948, pour se libérer de la présence britannique. Le Likoud qui est au pouvoir à Tel-Aviv est d’ailleurs directement issu de l’Irgoun, mouvement terroriste fondé par Jabotinsky.
Inversement, saisir le procureur de la République pour apologie du terrorisme contre tous ceux qui déclarent que le Hamas est un mouvement de résistance témoigne d’une dangereuse dérive liberticide du pouvoir, clairement affichée depuis 2020 et la folie covidienne. Lorsque, dans une démocratie prétendument libérale, le débat public se fait à coup de menaces pénales venant de l’Etat lorsque certains acteurs n’emploient pas les éléments de langage fournis par le gouvernement, c’est la liberté qui souffre, et la démocratie qui se meurt.
Par ses gesticulations, Darmanin ne pouvait pas mieux illustrer la faiblesse du pouvoir et la fragilité de son fondement, qui rendent toutes les aventures possibles.
Ces fameux résistants se sont enrichis comme jamais en pillant la population de Gaza et non celle d’Israël.
Et quand gouvernement et médias terrorisent la population avec un virus prétendument dangereux, cela s’appelle comment?
Et quand le gouvernement fait planer la menace d’une plainte ou d’une dissolution pour tout propos qui dévie de la ligne autorisée, ça s’appelle comment?
Avec la violence en plus, il y a certes une différence de degré, mais pas de nature.
Confusion sémantique entre un moyen (terroriser) et la fin (résister). Les 2 ne sont donc pas incompatibles. C’est pourquoi la guerre contre le terrorisme est en soi un non sens : on combat des acteurs (étatiques ou non) pouvant avoir recours au terrorisme.