Si l’on en croit le cartel de la presse subventionnée, qui s’exprime souvent avec un fanatisme détonnant (on pense ici aux éditoriaux d’Etienne Gernelle, du Point, qui s’éloignent de toute forme raisonnable de déontologie journalistique) sur le conflit en Palestine, nous assistons à un combat binaire du bien contre le mal, et nous sommes aujourd’hui intimés de défendre le prétendu droit d’Israël à venger ses 1.300 victimes d’une attaque terroriste sans plus se soucier du droit international. Sans le moindre droit à la moindre nuance, les chiens de garde de la presse mainstream stipendiés par leurs maîtres nous enjoignent de lutter contre l’antisémitisme du Hamas, contre la nouvelle Shoah que les Palestiniens préparent, et autres points Godwin franchis quotidiennement par des donneurs de leçons tapis dans les beaux quartiers parisiens. Mais, d’ores et déjà, la violence du Hamas et l’opiniâtreté des Palestiniens ont infligé de sévères défaites à la moraline occidentale. Et les jours, les semaines qui viennent devraient confirmer ce naufrage de l’idéologie sur le tragique principe de réalité.
???????? ISRAEL is BOMBING the quarter where St. Porphyrios Orthodox Church is located.
☦️ The church, Gaza’s OLDEST CHRISTIAN MONASTERY, is currently housing at least 500 innocent Gazan civilians, including more than 40% of Gaza’s Christian population.
Christians should be outraged. pic.twitter.com/9yPasdH4Il
— Jackson Hinkle ???????? (@jacksonhinklle) October 19, 2023
Ce jeudi soir, il est plausible que les Israéliens aient bombardé l’église grecque orthodoxe Saint-Porphyre, à Gaza, où étaient réfugiés de nombreux Palestiniens. Bien entendu, il faut prendre le temps de vérifier cette information qui ne surprend pas nos lecteurs, puisque nous avions la semaine dernière annoncé “une guerre de crimes de guerre” où aucun camp ne peut guère se targuer de défendre le bien contre le mal.
La suite des événements nous a montré que nous ne nous étions pas trompé : la guerre est sale, et, lorsqu’il s’agit d’une guerre urbaine, elle est par nature abominable.
Nous ne sommes qu’au début des abominations
Depuis plusieurs années, l’Occident aime bien fermer les yeux sur les abominations qu’il commet, et expliquer que les Barbares, ce sont les autres. Nous, nous sommes la civilisation. Nous sommes le camp du bien. Nous représentons le droit international, la démocratie, la lutte contre l’obscurantisme.
Notre combat est donc juste, et nous devons avoir bonne conscience de ce que nous faisons.
Dans l’affaire palestinienne, tout le problème est que la guerre se fait à front renversé. Beaucoup de Palestiniens sont chrétiens. La guerre se passe sur la terre de Jésus, et le pouvoir des images ébranle le narratif simpliste du bien contre le mal qui nous est servi quotidiennement.
Tout le problème tient à l’impact de ces images : les bébés ensanglantés, les enfants traumatisés par les bombardements israéliens, les petits cadavres sans vie dont le spectacle nous arrive quotidiennement par les réseaux sociaux, ruinent en une émotion tous les discours idéologiques fanatiques sur le droit des Israéliens (purement imaginaire et décrété par des médias propagandistes) de venger leurs morts sans aucune règle. Edouard Husson le disait encore hier dans nos colonnes.
Le temps joue en faveur des Palestiniens
Plus le temps passera, plus la posture (imposée par la presse subventionnée) sur le droit des Israéliens à se venger sera difficile à tenir.
La sympathie que les Israéliens inspirent dérive directement de la Shoah, et c’est probablement ce que Netanyahou et un certain nombre d’institutions juives ont mal analysé. On défend les Israéliens parce qu’ils sont nés de la Shoah, des camps d’extermination, des souffrances sans nom, infligées à leurs ancêtres, à des enfants, à des femmes, à des innocentes et des innocents. Pour peu que, ostensiblement, les victimes se transforment en bourreaux, et leur capital de sympathie fondra comme neige au soleil.
Il faut, à ce point, ajouter une mention essentielle sur l’avachissement occidental. Il fut un temps où l’Occident pouvait endurer des souffrances pour défendre une juste cause. Cette pugnacité est bien révolue. L’Occidental tient plus que tout à son petit confort, à ses séries Netflix savourées avec une bonne bière, à ses “shorts” et ses “réels” rassurants sur les réseaux sociaux, truffés de petits chats mignons et dégoulinants de bons sentiments aussi appétissant qu’une poutine québécoise.
Le spectacle de l’horreur, la lassitude des alertes “attentats”, la propension à ce que Houellebecq appelle la soumission, auront tôt fait de légitimer, de rendre urgent un cessez-le-feu, au besoin honteux, au Proche-Orient. L’opinion occidentale, même la plus farouche, le demandera. Seuls quelques fanatiques feront exception, mais l’immense majorité des Européens et des Américains réclamera rapidement l’arrêt de cette guerre.
L’abandon viendra d’autant plus vite que l’embrasement sera large. Les attaques contre les ambassades, contre les navires, les attentats sur notre sol, balaieront fissa toutes les leçons de moraline sur le droit des Israéliens à tuer des civils, et même probablement sur le droit des Juifs du monde à se considérer chez eux sur un bout de terre qu’ils ont conquis au vingtième siècle.
Bref, le temps joue en faveur des Palestiniens. Le Hamas l’a compris.
Le piège du suprémacisme blanc
Une grande victoire d’ores et déjà remportée par le Hamas, nous y reviendrons la semaine prochaine, tient au dévoilement de la véritable nature du soutien apporté à Israël.
Longtemps, l’Occident a vécu sur le mythe d’Israël comme réparation des dégâts causés par le suprémacisme blanc, dont le nazisme fut le porte-drapeau le plus brutal et le plus assumé du vingtième siècle. Cet “antifascisme” dont Israël était le symbole a longtemps justifié le “cordon sanitaire”, en France, autour du Front National, prôné sans rondeur par le CRIF.
Que découvrons-nous aujourd’hui ? Que les meilleurs soutiens du CRIF se trouvent dans les univers où la lutte contre l’islamisme est un leit-motiv, notamment au Rassemblement National et dans les milieux identitaires. Il faut lire les publications des milieux zemmouristes pour comprendre que la cause d’Israël cache de moins en moins son lien avec le suprémacisme blanc.
Telle est la pire ironie de l’Histoire, et telle est la grande victoire remportée par le Hamas, qui a pourtant combattu le régime syrien avec le soutien d’Israël : il n’aura pas fallu deux semaines aux Palestiniens pour faire voler en éclats la moraline de gauche sur l’antifascisme. Dans la pratique, entre un identitaire comme Damien Rieu, le CRIF et Julien Dray, au parti socialiste, il y a beaucoup plus de proximité qu’entre Julien Dray et Jean-Luc Mélenchon, qui animèrent pourtant, en leur temps, la Gauche Socialiste, le courant trotskyste du PS sous Mitterrand puis Jospin.
Lutter contre le fascisme, dites-vous ? Tant de responsables israéliens, que nous sommes contraints de soutenir aujourd’hui, en sont si proches…
Le Hamas a intelligemment fait tomber les masques : nous savons aujourd’hui que la guerre qui commence est celle du suprémacisme occidental contre le tiers-monde. Cela va mieux en le disant. Nous nous imaginions hérauts de la civilisation… nous ne sommes, au fond, rien d’autre que ce que nous sommes.
J’admire l’optimisme d’Eric Verhaeghe qui voit une sévère défaite de la moraline occidentale mais il me semble que le parti pris des médias occidentaux est bétonné, entretenant une cécité complète dans la population, comme dans la guerre de l’OTAN contre la Russie le bloc americano-israélien entraîne les vassaux de l’UE dans une seule version de l’histoire. Comme lors de la seconde guerre mondiale la France donne le spectacle d’une minorité résistante (CdS, Jean Dominique Michel etc) et une grande majorité passive ou collaborationniste . Une fois de plus le salut viendra de la Russie quand elle aura coulé les porte-avions américains à coups de Kinzhal
Article à marquer d’une pierre blanche, qui pose les faits sans concession. Choquant (pour le blanc “avachi” que je suis) mais juste… et salutaire : merci, monsieur Verhaeghe.
Cela explique le soutien au nazisme ukrainien ; et cela n’empêche le remplacement. L’occident est un mauvais moment à passer.
Le député Weitmann du Likoud menace de raser la Russie une fois qu’on en aura terminé avec la Palestine sinon.
Donbass Insider
2:18
Amir Weitmann, membre du parti Likoud au pouvoir en Israël, menace la Russie sur RT “Après avoir gagné cette guerre… nous veillerons à ce que l’Ukraine gagne… La Russie en paiera le prix…”
Ce sont des images horribles à regarder.
En réel ce doit être un million de fois pire à vivre.
A s’évanouir, à regretter de vivre au milieu de cette abomination.
Mon Dieu
Je suis bouleversé
Beaucoup de gens au proche Orient voient Israël comme une excroissance coloniale soutenue par sa métropole. Comme en 1954 en Algérie, “la seule solution, c’est la guerre” avait dit un ministre de l’intérieur décoré d’une francisque.
Ce va très mal se terminer.
C’est une analyse qui fait sens mais peut-on pour autant parler de grande victoire du hamas.
Sauf à admettre qu’ils sont prêts à accepter les milliers de morts palestiniens voire le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
J’aurais plutôt tendance à considérer comme Thierry Messan que cette opération ne va faire que des perdants.
Merci Eric pour cette remise à plat de la vision occidentale. Quelles que soient les opinions des uns et des autres, ma position est que la guerre n’a jamais résolu aucun problème. Seule la paix le peut .. et même pas toujours de manière durable, mais c’est toujours ça de pris.
Autre remarque : chaque guerre porte el elle les germes de la suivante. Israël est est l’exemple. La seconde guerre mondiale s’est terminée par l’octroie au juifs d’une partie des terres des palestiniens. On voit depuis lors à quoi tout cela a mené et où nous en sommes.
« nous savons aujourd’hui que la guerre qui commence est celle du suprémacisme occidental contre le tiers-monde. » Ou le monde émergent.
C’est en cela que la guerre actuelle est un nouvel épisode d’un conflit planétaire dont l’Ukraine est une autre bataille.
suprémacisme, social-darwinisme, manichéisme et esprit génocidaire sont le pain quotidien des nations occidentales depuis des siècles. Maintenant que les Etats-Unis ont réussi à unir tout ce petit monde, cette liste de “vertus” a pu être collectivisée et la puissance cumulée aidant, ce mélange explosif semble atteindre des sommets de nos jours. Mais il ne faut pas s’y tromper, il y a là un signe de faiblesse plutot que de force comme l’ont bien vu Emmanuel Todd et Wallerstein.
C’est une analyse que je ne partage pas. Je reste sur une vue simple. L’Ukraine a le droit de se défendre, avec l’aide de ses alliés, contre l’agression russe. Israël a le droit de se défendre, avec l’aide de ses alliés contre l’agression du Hamas. Faut-il vraiment y voir “la guerre de l’Occident contre le Tiers Monde”?
Je ne pense pas avoir dénié à Israël le droit de se défendre. Pourquoi me prêtez-vous ce propos ?
Vous non, mais deux phrases laissent à penser que beaucoup de personnes et plusieurs nations dénient à Israël le droit de se défendre:
“l’impact des images qui nous arrivent quotidiennement par les réseaux sociaux, et qui ruinent en une émotion tous les discours idéologiques fanatiques sur le droit des Israéliens de venger leurs morts sans aucune règle”
“l’immense majorité des Européens et des Américains réclamera rapidement l’arrêt de cette guerre”
Je ne partage pas le point de vue de cette analyse Monsieur Verhaeghe, car selon moi les deux camps impliqués dans le conflit israélo-palestinien portent une part de responsabilité dans les crimes de guerre commis. Simplifier cette responsabilité en recourant à des théories peripheriques, tel l’occident suprémaciste blanc contre un Moyen-Orient en voie de développement, la bataille entre chrétiens VS musulmans, l’attribution de tous complots occidentaux aux Juifs, ou inversement, aux complots des élites juives dans les affaires mondiales détourne l’attention du problème central : un crime demeure un crime, quelle que soit la faction qui le commet. La principale solution pour résoudre ce conflit réside dans l’établissement d’un climat d’amour et de compréhension mutuelle. Bien entendu, c’est purement utopique puisque la haine des nations se mêle aux haines d’un moyen orient voué à en découdre avec le peuple du livre. Pour conclure, quelles que soient les motivations pour les crimes commis, le commandement du Dieu de la Bible est immuable : “Tu ne tueras point”. J’ajoute à celui ci « tu aimeras ton prochain comme toi même ». Ainsi, qu’il s’agisse de Juifs, de païens, de musulmans, le destin final du criminel est le même pour tous : la mort éternelle.”
« La principale solution….» est « l’établissement d’un climat d’amour…» mais c’est un objectif et pas la manière d’y parvenir ! En sachant que c’est la rivalité mimétique et la violence qui mènent les sociétés humaines . Les communautés avaient trouvé la religion pour vivre ensemble, mais nous voyons que les religions sont incompatibles entre elles .
Les religions?! Ce n’est pas du tout un probleme de religion, mais de colonialisme, de prédation, de pouvoir, de manipulation des autres
Toujours l’occident ! On voit que les pays arabes sont emprunts de tellement d’humanité.
https://www.youtube.com/watch?v=3OMdSUP8_n0&t=461s&ab_channel=DrissGhaliAuteur