Dans notre hebdomadaire religieux, nous abordons la question rendue sensible par Eric Zemmour de la civilisation judéo-chrétienne qui serait en guerre contre l’Islam, et la question tout aussi sensible de la relation entre christianisme et judaïsme à travers l’histoire.
Dans ce magazine hebdomadaire consacré à la vie de l’Eglise catholique et aux questions religieuses, vous retrouverez :
- un point sur la santé du pape François
- un retour sur la question du judéo-christianisme qui serait en guerre contre l’Islam
- un rappel sur les relations entre christianisme et judaïsme
- la question du peuple déicide et Vatican II
- le rôle de Pie XII au moment de la Shoah
- la collaboration entre les catholiques et Vichy
N’hésitez pas à nous demander, en commentaires, d’approfondir les points qui vous semblent trop peu traités
Le vrai catholicisme c’est le commandement du Christ « tu aimeras ton prochain comme toi même » qui invite à la bienveillance et interdit les propos sévères à l’encontre de nos amis Eric Verhaeghe et Édouard Husson. Les pinaillages théologiques facteurs de DIVISIONS ont fait beaucoup de mal à l’Eglise.
Remercions le CdS pour cette mise au point sur le rôle de l’église catholique et de Pie XII pendant la II ème GM, il faut ajouter que la Stasi Est allemande a noirci la mémoire de ce grand pape qui, AVANT GUERRE avait condamné le nazisme et le sovietisme, mettant judicieusement sur un pied d’égalité les 2 grands totalitarismes du XX ème siècle.
Ce terme de judéo-christianisme » est trompeur car il ne rend que très partiellement compte de la réalité.
Certes, Jésus était juif et le christianisme a intégré la bible hébraïque. Mais…
– ce faisant, on passe sous silence la rupture introduite par le Christ: « il vous a été dit… Moi, je vous dis…»
– le judaïsme de l’époque de Jésus n’est pas le judaïsme actuel lequel se réfère autant, sinon davantage, au Talmud qu’au Pentateuque
– surtout, le judaïsme ne repose pas d’abord sur la foi, mais sur la filiation, et même sur une appartenance ethnique supposée (démentie par ailleurs). Il place au centre le concept de « peuple élu » dont les conséquences en termes de rapport aux autres sont capitales.
En ce sens, le judaïsme se rapproche du protestantisme (ce n’est pas le seul point commun), mais s’oppose à l’universalisme ontologique du catholicisme.
– la volonté permanente de victimisation des juifs n’est qu’une manifestation du particularisme juif. Entrer dans ce chantage est dangereux pour la paix entre les peuples et les religions.
Notre civilisation est d’abord chrétienne en ce qu’elle considère comme fondamentale l’égalité en droit et en dignité entre tous les hommes.
L’expression « peuple déicide » en constitue une infidélité car nul n’est responsable de ce qu’ont commis ses ancêtres. Ce qui implique aussi que les Européens contemporains ne sont nullement coupables de ce qu’a fait subir le nazisme aux juifs avant et pendant la deuxième guerre mondiale.
Très bonne mise au point
Parler de victimisation du peuple juif est un non-sens! Depuis XX siècles ils sont les victimes de pogroms, de marginalisation, d’exclusion, de mépris.
Seuls les chrétiens (je parle des vrais et pas des « cartes d’identité ») représentent actuellement le groupe sociologique le plus persécuté, essentiellement par l’islam, mais aussi par l’hindouisme et autre culte de la personnalité.
Mais des victimes, il y en a eu et il y en a encore. En plus, on aimerait bien qu’ils soient discrtes voire muets!!
Jésus est né juif. Jésus est Dieu. Le canon catholique a intégré des livres non retenus par le judaïsme postbiblique.
Le judaïsme post biblique est une orthopraxie qui ne repose pas sur la filiation au sens chrétien du terme. Je mettrais ‘élection’ à la place de ‘filiation’.
« La volonté permanente de victimisation des juifs » n’a aucun sens historique.
Notre civilisation est chrétienne en ce qu’elle considère comme fondamentale l’égalité en dignité de tous les hommes nés et à naître en face de Dieu. Par exemple une femme ne peut consacrer l’hostie lors de la messe ; c’est la volonté de Jésus-Dieu, maître de la Torah renouvelée.
Dernier épisode de cette volonté de victimisation, ce qui s’est réellement passé le 7 octobre
https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/11/28/7-octobre-ces-temoignages-confirment-que-tsahal-a-tire-sur-des-israeliens-par-max-blumenthal/
La question est, comme sur beaucoup de sujets, le crédit que l’on accorde au récit mainstream ou la recherche de la vérité, avec les nuances que cela implique.
Et la grande arnaque du monothéisme qui en est résulté. Le Jésus n’étant qu’un dieu parmi les dieux pour les auteurs du texte originel qui a donné par copie et réarrangement la bible, la tora, le coran.
Monsieur Husson,
Si je suis globalement d’accord avec votre position concernant les relations entre le christianisme et le judaïsme pendant et depuis WWII, je resterai plus circonspecte lorsque vous affirmez : « la métaphysique fondamentale de l’islam n’est pas différente de celle du christianisme et du judaïsme ». Mais mon « message d’injure » se limitera à : « C’est un peu court, jeune homme ! »
Je ne connais pas ce Youssef (dont je n’ai pas compris le nom) que vous vous proposez d’inviter pour discuter de ce sujet. Personnellement je vous suggèrerai d’inviter RÉMI BRAGUE, de l’Institut, professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne et à l’université de Munich, où il a enseigné la philosophie arabe, qui a publié en janvier dernier un ouvrage intitulé : « SUR L’ISLAM ».
Je lis en 4ème de couverture : « L’islam suscite des controverses sans fin et prête à bien des confusions. Mais qu’est-ce que l’islam ? Une manière d’être face à Dieu ? Une religion avec ses dogmes et ses normes ? Une civilisation ? Des personnes et des peuples ? Au fond de cette réalité plurielle se pose encore la question des fins : que veut obtenir l’islam et par quels moyens violents ou pacifiques, cherche-t-il à y parvenir ?… »
Ne serait-ce pas la seule question qui vaille ?
Merci de nous faire découvrir Rémi Brague dont nous n’avions jamais entendu parler.
Cette question sur la relation entre notre civilisation supposée « judéo-chrétienne » – et je regrette profondément qu’Eric Zemmour ait repris ce qualificatif – et la civilisation musulmane me semble très mal posée.
Aristote, Platon, Homère, Virgile, Cicéron, Marc-Aurèle, et tous nos « Anciens » n’étaient pas chrétiens, pas plus qu’ils n’étaient juifs ! Sans vouloir minimiser l’apport essentiel du christianisme au développement intellectuel et à l’unité historique de notre Europe, le christianisme n’a été chez nous qu’une greffe qui s’est développée sur un socle civilisationnelle plus ancien. D’ailleurs certains philosophes chrétiens eux-même considèrent que les « pères de l’Eglise » ont opéré une synthèse entre le christianisme originel et la philosophie grecque. Donc parler de « civilisation judéo-chrétienne » pour désigner notre civilisation européenne apparait comme une dénomination extrêmement réductrice. Paul Valéry avait d’ailleurs parfaitement évoqué les trois racines romaines, grecques, et chrétiennes de notre civilisation.
Quand on prend ainsi conscience de notre identité européenne, on voit aussitôt ce qui nous distingue tant des Américains que des Israéliens. L’un comme l’autre ignorent ou méconnaissent nos Antiques. Pour les Américains, en particulier ces « conservateurs » protestants puritains, les anciens grecs n’étaient que des « païens », c’est à dire des barbares « qui pratiquaient des sacrifices humains » (sic, entendu de mes propres oreilles), et la présence des chefs d’œuvre de la Renaissance dans les manuels scolaires mérite pétitions et manifestations (quelle horreur, la Vénus de Botticelli est toute nue !).
Sur la relation entre Europe et Christianisme, je recommande la lecture de l’excellente synthèse écrite par l’historien Henri Levavasseur sur le site de l’Institut Iliade: L’identité civilisationnelle de l’Europe est-elle « judéo-chrétienne » ?
« Le Dieu des juifs, chrétiens, et des musulmans est le même »…………Oui et non, selon le point de vue où l’on se place; j’explique.
Du point de vue de la Connaissance universelle cad métahysique, il ne peut y avoir qu’un seul Principe, contenant le Tout cad la Possibilité Universelle qui se développe en son sein; il est l’origine et la fin de l’ensemble de ces possibilités déterminées; on peut l’appeler l’Infini (il ne peut y avoir deux infinis, sinon ils ne sont pas infinis…), l’Eternel (demême, il ne peut y avoir deux éternels), l’Absolu cad sans fin ni séparation sinon dans l’apparence de certaines modalités particulières à certains champs possibles d’existence.
On peut nommer ce Principe
suprême Dieu, Allah, Brahma, Tao…..mais comme le dit la Tradition Taoiste : « le tao qui a un nom n’est pas le Tao », pour souligner que tant que l’être humain n’a pas vécu l’expérience de l’éveil spirituel, (quand sa « finitude » s’ouvre au supra-individuel et à l’Infini, et son enfermement dans la chronologie temporelle à l’Eternel), il s’agit d’un simple savoir du domaine de l’érudition et de la croyance, en aucun cas d’une Connaissance « existentielle »., ni d’une Foi inébranlable.
Du point de vue terrestre, cad dans le domaine du religieux, nous sommes dans le champ de la croyance et de l’érudition, autrement dit dans le domaine du mental humain et de la croyance individuelle, ainsi que de son extension à un « individuel » collectif terrestre qui correspond à la masse des « fidèles », dont le devoir est de suivre les injonctions des lois et obligations supposément révélées de la forme religieuse à laquelle ils adhèrent.
Seules les traditions spirituelles extrêmes-orientales : Taoisme, Hindouisme, ont conservé le maillon essentiel de la connaissance métaphysique au travers de la tradition des Maîtres Spirituels, éveillés et accomplis, pontifes véritables entre le « Ciel » et la « Terre », entre l’infini et le fini, et dont la présence référente évite ou limite la dégénérescence spirituelle puis sociétale.
Les religions dites abrahamiques, (pour faire court), évoluent essentiellement dans le champ du mental humain et de la croyance, d’où leur nature d’ instrument tout au long de leur histoire au service du pouvoir terrestre, de la conquête, de la prédation, de la programmation et de l’enfermement exploitable de l’Humanité. Ces religions ayant perdu la Lumière une de la connaissance métaphysique voient chacune leur dieu propre somme le seul véritable et certaines d’entre elles veulent l’imposer à l’humanité entière; on peut d’ailleurs y voir là le signe oncontestable du démoniaque à l’ouvre.
Oui il est très intéressant de le rappeler le point de vue du grand métaphysicien René Guenon,
Merci, cher monsieur Husson, de ce que vous nous dites sur la protection des Juifs vivant en France pendant la dernière guerre grâce aux réseaux catholiques notamment. Cependant, nous ne sommes pas d’accord pour dire que le Dieu des Juifs, des chrétiens et de l’Islam est le même. Pour les Juifs et les chrétiens, oui. Mais, pour les musulmans, non : si un chrétien leur dit qu’il adore la Sainte Trinité, ils lui répondront qu’il est trithéiste, ce qui est condamné par le Coran.
Si vous prenez de point de vue métaphysique ou ÉSOTÉRIQUE décrit par Yahnouch ci dessus l’illusion de 3 dieux différents disparaît. Les religions sont EXOTÉRIQUES c’est à dire simplifiées pour être à la portée de la population. A ce sujet il faut lire « le règne de la quantité et le signe des temps « de René Guenon.
Pour ce qui est du côté patriarcal des religions du livre, j’ai suivi il y a quelques années un séminaire avec le bibliste de l’école grégorienne de Rome.
Je pense qu’on peut donc faire confiance à ce qu’il m’a dit :
En hébreu le nom de Yahveh n’est pas plus masculin que féminin.
Bravo , la vraie connaissance évite les interprétations simplificatrices qui opposent les individus et provoquent les haines.
Le judaïsme, le christianisme et l’islam sont des religions qui ne reconnaissent qu’un seul dieu. Et non seulement cela, mais ces religions reconnaissent ce dieu comme étant, au moins de nom, le Dieu d’Abraham. Mais les concepts qui sont attachés à ce nom, « Dieu d’Abraham », sont très différents. Ces trois religions ne s’accordent pas sur le caractère de ce dieu, ni sur ses actes divins, ni même sur sa nature.
Le Dieu du christianisme est Père, Fils et St Esprit.
En rejetant Jésus et le Saint-Esprit, juifs et musulmans rejettent le Père qui les a envoyés. C’est ce que Jésus a dit dans Luc, chapitre 10, verset 16 :
« Celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé. » (Luc 10.16)
Le judaïsme rejette Jésus et le Saint-Esprit, et rejette par conséquent le Père.
Les musulmans ont un concept de Dieu qui contredit nettement la Bible.
« La question qu’il faut se poser, c’est : que dit la foi musulmane par rapport au concept d’un Dieu unique ? Il est sûr que l’islam reconnaît un genre d’unicité en Dieu, mais le christianisme attribue au Seigneur d’autres attributs et d’autres caractéristiques, que l’islam ne lui attribue pas. Nous avons les doctrines de la rédemption et de l’incarnation, et ce sont là des doctrines importantes, qui soulignent le caractère de notre Seigneur d’une façon claire et essentielle pour la vie des gens. La rédemption et l’incarnation sont des choses qui sont absentes de la compréhension qu’ont les musulmans de l’unicité de Dieu. »
« Le dieu des juif, des Chrétiens et des musulmans est le même ». Peut-être, et alors ? Il n’empêche que, les musulmans nous considérant comme leurs ennemis (c’est dans le Coran, qui n’est pas du tout alternatif sur ce sujet), ils sont, que nous le voulions ou non, nos ennemis. Carl Schmitt nous a enseigné cette dialectique, qui me paraît incontournable.
« les musulmans nous considérant comme leurs ennemis » : avez-vous une source pour lancer une affirmation aussi simpliste ?
Je crois qu’il y a dans votre discours une inversion de la réalité: ce n’est pas le « judéo-christianisme » qui est en guerre contre l’islam, mais l’islam qui est en guerre contre tout ce qui n’est pas musulman sur terre.
Ah voilà. Et bien entendu, ce sont les Irakiens de Saddam Hussein qui ont attaqué les USA. Ce sont les Syriens d’Assad qui ont attaqué les USA. Ce sont les Yéménites qui ont attaqué l’Arabie Saoudite. Et en aucun cas la CIA n’a financé l’islamisme pour combattre la Russie en Afghanistan. Bien entendu.
Vous avez raison monsieur Verhaeghe le danger vient de l’impérialisme américain, un pays enivré par l’hybris à la chute de l’URSS, où le complexe militaro-industriel+Big Tech+Big Money a pris le pouvoir pendant les années Clinton.
Moi, je me borne à constater que, dans le conflit israélo-arabe, une partie veut la destruction et l’annihilation de l’autre, quand l’autre partie ne vise qu’à persévérer dans son être. Renvoyer les deux dos à dos (je ne dis pas que c’est ce que vous faites, mais ce que beaucoup font) est idiot et surtout injuste, et le plus décidé et surtout le plus nombreux gagnera. Devinez qui ? En tout cas, ce sera sans mon approbation. Une donnée aussi qui n’est jamais mise en avant par les médias: Israël est la vitrine de l’échec – sur tous les plans – des pays arabes (et pas seulement des « Palestiniens »), et c’est ce qui leur rend Israël insupportable. C’est sans solution, en tout cas toute concession d’Israël sera toujours inutile.
Il est dommage de colporter indéfiniment l’illusion déiste sans se référer aux trois traditions pour ce qu’elles disent d’elle-même par leurs théologiens en particulier.
L’incarnation est une ligne de fracture par exemple. Saint Thomas d’Aquin ne reconnaît même pas l’Islam comme une religion et traite ce sujet dans un célèbre texte oublié en 10 points. Les trois textes : ancien testament, nouveau testament et Coran sont bien différents dans leurs ambitions et leurs intelligences de Dieu. Bref, écrire un article sur ce sujet, en confessant ignorer l’existence de Remi Brague, excusez du peu, ce n’est pas très sérieux. Il faudrait élargir le champ de vos contributeurs afin d’éviter ce syndrome d’un universalisme un peu désuet, et peu sérieux pour conclure.
Merci, merci, de vos leçons. Nous avons besoin de gens comme vous pour apprendre.
Rappelons aux lecteurs que le CdS n’est pas le lieu de disputes théologiques. A ma connaissance la première vertu chrétienne est l’amour du prochain, la bienveillance dans le débat est un impératif et le ton hautain devrait être évité.