Alfred Grosser, patriarche des études françaises sur l’Allemagne, est mort hier 7 février 2024 à Paris, à l’âge de 99 ans. Je vois beaucoup d’éloges. Mais je n’ai jamais pensé que les oraisons funèbres doivent être des panégyriques – surtout pour des personnages publics. Brisons les idoles. Dans le cas de Grosser, il faut dire les choses: cet homme a dominé et stérilisé à la fois les études françaises sur l’Allemagne des années 1950 aux années 1990. Et cela a eu des conséquences catastrophiques pour la politique de la France face à l’Allemagne. Suivre la méthode grosserienne, qui visait à écarter tous les sujets qui fâchaient entre la France et l’Allemagne, a transformé des générations de dirigeants en eunuques gardiens des intérêts du couple germano-américain.
Quelques souvenirs personnels, pour commencer!
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Voilà un témoignage très intéressant pour expliquer la cécité française sur le couple franco-allemand qui a fait cocu la France. Après le traumatisme de la guerre le déni a été une position confortable, j’ai cru à une véritable réconciliation et ce n’est que récemment que j’ai appris les trahisons allemandes ( EDF, nucléaire, armement)
Le Général a fait croire que les français avaient résisté et Grosser que les allemands n’avaient pas été trop nazis. Peut-être est-ce nécessaire pour soulager/éviter la culpabilité de la population mais c’était fondée sur un mensonge. L’histoire est bien compliquée, Himmler fin 1940 envoie un rapport à Hitler : « c’est formidable nous allons pouvoir envoyer les juifs à Madagascar, car nous ne pouvons pas employer les méthodes des bolcheviques » Malheureusement Petain refuse de suivre cette solution et Roosevelt refuse de recevoir aux US les juifs allemands. Nous connaissons la suite. Primo Levi donnait la définition suivante du nazi : « celui qui a perdu son principe de résistance ».
Non, le Général de Gaulle n’a pas fait croire que les Français (merci pour la majuscule) avaient résisté ; il a incarné la Résistance française à la défaite et à la Collaboration, imputables à Pétain et au régime de Vichy. Si cette Résistance a existé, c’est parce qu’il y a eu des Français qui ont résisté, peu peut-être en juin 1940 car la population était sous le coup (de massue) de la débâcle de mai-juin, abrutie qu’elle était par les mensonges des gouvernants et de la presse aux ordres (déjà), mais de plus en plus nombreux au fil des ans. Et dans le peuple, il y a eu très peu de Collaboration, elle était surtout le fait des élites et de la bourgeoisie d’argent. Donc, cela commence à bien faire de toujours nié ou minimisé la Résistance française dont les Français libres.
Quant au marché de dupe de la réconciliation franco-allemande, je rappelle que lorsque le Parlement allemand, à l’instigation de Jean Monnet, a refusé de ratifier l’accord signé entre de Gaulle et Adenauer, le Général en a pris son parti, et n’a plus fait de cette réconciliation l’axe majeur de sa politique, il est passé à autre chose. C’est à partir de Giscard, européiste convaincu, que cette politique à notre désavantage a pris son essor et a culminé avec Mitterrand. La photo ridicule de Mitterrand, le nain, tenant la main au géant Kohl à Douaumont, illustre parfaitement cette relation dont la France est la dupe.
Enfin, je me permets de signaler que c’est une constance chez nos élites républicaines d’être la dupe de ses prétendus amis qui sont en fait, au mieux, des alliés. Notre soumission aux Etats-Unis date de 1917 (merci Clémenceau), et avec l’Allemagne, il ne faut pas oublier comment Arsitide Briand, que l’on met bien sottement sur un piédestal, s’est fait rouler dans la farine par Streseman.
la “trahison” a commencé dès la signature du traité de l’Elysée par le bundestag .
Mais elle est surtout due aux politiques français qui ont perdu de vue les intérêts de la France.
Je ne connais aucun de ces éminents intellectuels dont vous parlez, autrement que par ouï-dire. Mais vous ayant lu, je continue à me poser une question sans réponse : ma langue maternelle est l’allemand mais à cinq ans (en 1943) on m’a obligée à me taire, jusqu’à ce que je sache m’exprimer dans une autre langue – en l’occurrence l’anglais, puisque cela se passait à Shanghaï.
A-t-on eu tort ou a-t-on eu raison ?
lors d’un échange sur la mondialisation j’avais parlé de Mondialisation anglosaxonne, cela lui avait fortement déplu! Grosser était atlantiste!
C’est vrai que ses livres sont ennuyeux et n’apportent pas grand chose!
Bon débarras, alors !
À quand le tour de Klaus Schwab ?