On ne sait plus d’où viennent les rumeurs. Mais, lorsque les paysans étaient dans la rue, une rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre : le protectionnisme, ça marche en Suisse. Pourquoi pas en France ? Et hop, vive le protectionnisme… Sauf que, la réalité suisse est un peu plus compliquée que la rumeur ne le dit. Et l’agriculture suisse n’échappe, malgré son protectionnisme, ni à la baisse du nombre d’agriculteurs, ni à l’augmentation des importations.
Plusieurs points doivent vraiment être soulignés concernant la réalité suisse :
- d’abord, l’économie suisse fait partie des économies européennes les plus ouvertes à la mondialisation. Le poids des exportations dans le PIB en Suisse est deux fois supérieur à celui des exportations françaises…
- la Suisse importe massivement des produits agricoles simples et exporte massivement des produits transformés (notamment du chocolat et du café)
- le nombre d’exploitations agricoles diminue fortement, plus rapidement qu’en France et la Suisse compte désormais moins d’exploitants agricoles par habitant que la France
- l’agriculture suisse parvient à exporter des produits laitiers, comme le fromage, dans des conditions qui devraient interroger les producteurs français
Finalement, le protectionnisme suisse :
- n’empêche pas la disparition progressive des exploitations agricoles
- est parallèle à un recours massif aux importations
Mais comment se fait-il qu’on n’arrive pas à mieux vendre les fromages ?
La France est la patrie du fromage en nombre et en excellence.
Mondialement célèbre pour cela.
C’est étrange.
Les fromages Suisses sont tous subventionnés par la Suisse
Belle rencontre musclée entre 2 protagonistes, il en résulte que le talent de la France est vraiment gâché par le poids de la dépense publique, vorace et inefficace. Il est vrai que l’UE est un nouveau Léviathan qui aggrave le mammouth français.
Bref, les suisses ont le même problème que nous mais ont su le gérer intelligemment !
Il me semble que ceux qui citent la Suisse ne défendent pas forcément le repli sur soi et le retour vers un passé fantasmé, mais voient surtout le fait que la Suisse décide elle-même de sa politique.
Qu’elle importe beaucoup de produits agricoles est logique au vu de sa surface cultivable et de son climat.
Demander que les dirigeants français décident vraiment eux-mêmes c’est-à-dire hors contraintes UE, supposerait 1) qu’ils soient compétents, et donc au fait des réalités, 2) qu’ils cherchent le bien de la population y compris des agriculteurs, et 3) qu’ils acceptent enfin que la lourdeur de notre administration est un boulet pour toutes les activités. Pas gagné!
Les barrières douanières sont un instrument fin, à ne pas laisser entre les mains de politiciens sortis de la haute fonction publique aux ordres de Bruxelles.
Rien n’est comparable entre la France et la Suisse.
Dans un cas, un état bien géré et dont la part dans le PIB est de 30 %, ce qui lui laisse tout le loisir de subventionner son agriculture quand il le faut.
De l’autre, un état obèse en déficit structurel géré par de fausses élites non élues et qui applique avec zèle les directives européennes les plus idiotes.
Pour mémoire, ce sont les cantons ruraux qui ont dénié le rattachement de la Suisse à l’UE. Ils savent bien ce qu’ils ont gagné à garder leur indépendance part rapport à un monstre administratif. Il suffit de visiter une ferme suisse et son équivalent en France.