La Belgique a joué gros en organisant le même jour des élections européennes, des élections législatives nationales, et des élections législatives régionales. Au niveau national, le Premier Ministre, Alexander de Croo, libéral flamand, a présenté sa démission au Roi aujourd’hui, après une déroute face aux partis nationalistes de sa propre région. En Wallonie, le Parti des Travailleurs Belges, d’extrême gauche, talonne désormais le parti socialiste. Bref, comme en France, le scrutin européen a marqué une tendance centrifuge dans les forces politiques, et un déplacement global vers les extrêmes.
Pour le Premier Ministre belge, membre du parti libéral flamand (Open VLD), les résultats sont sans appel : son parti a perdu 5 sièges au Parlement national (quand les libéraux francophones en gagnaient 6). Dans le même temps, le Vlaams Belang, parti indépendantiste flamand tendance dure, en gagnait deux, et la N-VA (la Nouvelle Alliance flamande), elle-même nationaliste bénéficiait d’un quasi-statu quo. Désormais, les trois premiers groupes parlementaires belges sont marqués à droite : les deux premiers sont flamingants, le troisième est libéral.
En Wallonie, si les héritiers des démocrates chrétiens ont mécaniquement pompé les sièges des écologistes, on notera la montée du Parti des Travailleurs, d’extrême gauche, qui fait pratiquement jeu égal avec le Parti socialiste, et qui s’impose comme le troisième parti francophone de Belgique.
Pour le pays qui héberge l’Union Européenne, ce glissement vers les extrêmes ne manque pas de poser question. A l’image du reste de l’Europe, la vie politique nationale vit un phénomène de bascule centrifuge. Sur le fond, les divergences régionales s’exacerbent en Belgique et affaiblissent encore un peu plus l’unité du pays.
L’Union européenne, comme en France et ailleurs, apparaît donc comme une construction en plein antagonisme avec la survie des Etats-nations.