Avec une participation de plus de 50%, la Hongrie et la Roumanie se distinguent nettement parmi les États membres d’Europe centrale et orientale. Dans de nombreux autres pays, les non-votants constituent de loin le groupe le plus important. L’« Europe commune » évoquée par les élites bruxelloises est souvent un village Potemkine.
Si l’on regroupe les Etats membres d’Europe centrale et orientale et que l’on regarde le taux de participation, la Hongrie sort clairement gagnante avec 58,47%. Le Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orbán, est arrivé clairement en tête des élections européennes avec 44,61%. La Roumanie arrive en deuxième position avec un taux de participation de 52,41% : dans ce pays, les adversaires d’hier, les sociaux-démocrates (PSD) et les libéraux nationaux (PNL), les plus grands partis roumains, ont formé une coalition unique dans l’histoire et obtenu 53% des voix. Le sentiment sur les questions européennes est divisé dans les deux pays. Les Roumains comptent, avec les Bulgares, les Italiens et les Autrichiens, parmi les plus grands sceptiques vis-à-vis de l’UE en Europe. Comme en Hongrie, la politique énergétique de la Commission s’est heurtée à une opposition massive en Roumanie et en Bulgarie.
L’Europe – un village Potemkine
Alors que le taux de participation en Allemagne a dépassé les 60% hier, l’UE semble être davantage un village Potemkine qu’une réalité vécue dans certains pays d’Europe centrale et orientale. C’est du moins ce que l’on doit déduire de la faible participation aux élections. La Slovénie, avec 40,99%, fait presque figure d’élève modèle, mais en Croatie (21,34% !!!), les gens n’ont manifestement plus envie de l’Europe au vu de l’énorme inflation et du renchérissement qui ont suivi l’adhésion à la zone euro.
Qu’il s’agisse de la Bulgarie (31,8%), de la Slovaquie (34,38%), de la République tchèque (36,45%), de la Lituanie (28,94%), de la Lettonie (33,82%) ou de l’Estonie (37,7%) – le pourcentage élevé de non-votants dans ces jeunes démocraties est un signal qu’il ne faut surtout pas balayer sous le tapis.
Une part de plus en plus importante de la population européenne n’est manifestement pas touchée par la politique à Bruxelles – et le Parlement ne peut effectivement plus fonder sa légitimité que sur la moitié des électeurs. Cela vaut également pour la nouvelle « coqueluche de la Commission », la Pologne : là aussi, le taux de participation a été inférieur à la moyenne (40,65%). Avec 37,06%, la plateforme électorale de Donald Tusk s’est imposée de justesse devant le PiS honni (36,16%).