Dans le contexte des guerres de Gaza ou du Kivu, les mots que l’on emploie ont le mérite d’exciter l’imagination – principal moteur de la politique – sans toujours satisfaire aux exigences de la sémantique.
Commençons par le génocide – je profite de l’occasion pour vendre mes tapis, à savoir mon Abrégé des définitions politiques publié chez Ellipses, où le professeur, l’étudiant, ou tout simplement « l’honnête homme », trouveront de quoi se nourrir.
Qu’est-ce qu’un génocide ?
En principe, le génocide est une entreprise d’anéantissement d’une population pour le seul motif de son appartenance ethnique, ou bien religieuse. Deux cas historiques fournissent de purs exemples de cette définition : le génocide des Juifs sous le Deuxième guerre mondiale dans les années 40 du XXe siècle, motivé par le seul fait de professer la religion juive, et celui des Tutsis perpétré par les Hutus au milieu des années 90, fondé sur le seul critère de l’appartenance ethnique. Bien sûr, dans les deux cas, les génocidaires ont pu invoquer des raisons différentes, politiques ou économiques, reprochant à la population génocidée sa position dominante ; mais dans le déroulement du génocide, le seul point d’appui était l’appartenance ethnique ou religieuse.
Si l’on s’en tenait là, l’utilisation du mot « génocide » serait simple. Mais il existe d’autres massacres de grande ampleur, parfois même dépassant en nombre celui des Tutsis, par exemple, que par commodité on qualifie de « génocides ». Le fameux holodomor – dans le patois ukrainien « golodomor » proche du tchèque « gladomor », signifiant « le fléau de la faim », « la famine » : des millions d’Ukrainiens (authentiques, ceux de l’ouest, ou du centre de l’actuel Etat d’Ukraine, majoritairement des agriculteurs) ont été intentionnellement affamés par Staline, non parce qu’ils étaient ukrainiens, mais parce qu’ils prétendaient résister à la collectivisation des terres : on dirait aujourd’hui des « fachos ». Ces victimes ont été largement plus nombreuses que les Tutsis génocidés du Rwanda, plusieurs millions, peut-être cinq, contre 800.000 Tutsis, mais ce ne fut pas pour des raisons ethniques ou religieuses, seulement pour des raisons politiques. On peut dire la même chose du « génocide » cambodgien, où un tiers des Khmers ont été tués par leurs compatriotes du parti communiste – l’Angkar – non parce qu’ils étaient khmers – les communistes au pouvoir l’étaient aussi – mais parce qu’ils étaient à leur tour des « fachos ». De même, en dépit de l’affection personnelle dans laquelle je tiens l’historien des guerres de Vendée Reynald Sécher, je ne crois pas que l’on puisse parler d’un « génocide vendéen », parce que les malheureuses victimes ont été anéanties non pour des raisons ethniques, mais seulement politiques, comme les victimes de l’Angkar ou les Ukrainiens sous Staline. Ajoutons qu’ils avaient pris les armes contre la République : c’est ce qui a motivé le vote par la Convention du principe de l’anéantissement de la population locale, qualifiée de « brigands et leurs femelles » – cette découverte historique prouvée ayant assuré la gloire intellectuelle de Sécher.
Plus complexe est le génocide arménien de 1915. Comme historien de la Grande guerre, je crois que l’on peut le qualifier ainsi, mais je comprends que la Turquie contemporaine n’admette que l’idée d’un massacre de grande ampleur perpétré contre une population spontanément favorable aux envahisseurs russes regardés comme des libérateurs d’une oppression pluriséculaire. Cependant, l’application des directives du gouvernement panturc a pris d’emblée un caractère génocidaire, les soldats n’ayant pas d’autre choix que de tuer ou déporter sur des critères d’appartenance ethnique.
Qu’est qu’un crime contre l’humanité ?
Au début du XXe siècle, sous l’impulsion du tsar Nicolas II, les puissances s’étaient plus ou moins bien entendues sur la création d’un Droit de la guerre, avec l’établissement de règles permettant, entre autres choses, d’établir une différence entre un acte de guerre et un crime de guerre. Naturellement, les rapports de force se sont souvent imposés, les bombardements de Dresde ou d’Hiroshima ne sont pas considérés comme des crimes de guerre parce que leurs auteurs ont été les vainqueurs de la Deuxième guerre mondiale ; mais enfin, la notion de crime de guerre avait le mérite d’exister : par exemple, interdiction de tuer sans raison un prisonnier de guerre.
Avec l’inflation législative, qui est un phénomène observable dans toute société décadente, on en est arrivé au crime contre l’humanité. La définition en a été faite en 1945 pour des motifs d’opportunité : plusieurs bourreaux nazis ayant réussi à fuir l’Europe – par exemple en gagnant l’Amérique du sud – les « Tribunaux » des vainqueurs pouvaient redouter que ne finisse par s’appliquer à leur égard le principe de la prescriptibilité des crimes, pour le cas où ils ne seraient pas retrouvés à temps. On a donc inventé un nouveau crime, comparable au crime de guerre mais imprescriptible, et autorisé à contrevenir à d’autres règles, comme celle de la non-rétroactivité des lois pénales (on a poursuivi des criminels de guerre sur la base du nouveau « crime contre l’humanité »).
Depuis le « procès » de Nuremberg clos en 1946, la notion de crime contre l’humanité s’est considérablement étendue : l’article 7 du Statut de la Cour Pénale Internationale (une instance non reconnue par l’immense majorité des Etats du monde) définit onze actes constitutifs de « crimes contre l’humanité » commis en cas de guerre, qui sont en fait des crimes de guerre : le meurtre, « l’extermination » (un mot impropre, car il définit normalement « chasser au-delà des frontières »), la réduction en esclavage, la déportation, l’emprisonnement contraire au Droit international, la torture (quel qu’en soit le motif), le viol, la prostitution forcée, la grossesse et la stérilisation forcées, « toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable » (c’est-à-dire, précisément ? La rédaction d’une loi exige d’être précis), la « persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en Droit international » (c’est-àdire, là encore ?), le « crime d’apartheid », et surtout en onzième position, « d’autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale ».
On voit que le flou entretenu autour de cette notion de « crime contre l’humanité » présente l’avantage de fournir à tous les camps belligérants des « éléments de langage », comme on dit, destinés à se ranger à bon compte dans un « camp du bien », souvent opposé à un autre camp du bien : tel est l’effet de cette inflation. L’observateur doit mesurer son analyse à l’aune de la raison et non à celle de l’émotion, ce qui n’est pas facile pour tout le monde, en particulier pour ceux qui à quelque titre que ce soit peuvent se sentir concernés pas un conflit.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
« En principe, le génocide est une entreprise d’anéantissement d’une population pour le seul motif de son appartenance ethnique, ou bien religieuse. »
Pourquoi l’anéantissement d’une population pour des motifs politiques ne pourrait-il pas être aussi considéré comme étant un génocide ? Restreindre les motifs aux seules appartenances religieuses ou ethniques me semble tout à fait discutable.
Le « genocide des Juifs durant la 2eme guerre mondiale je n’arrete pas de le repeter depuis des annees et des annees a ete la consquence directe de la collalboration des elites juives de l’epoque, envoyant des soldats juifs ,aux cotes des armees fascistes de Mussolini massacrer un peuple innocent en Abbyssinie.Cela a ete en effet le retour de manivelle pour ce massacre/genocide.
Les juifs n’etaient pas innocents comme ceux qui ont echappes aux chambres a gaz le pretendent . Loin de la.
Le prochain holocauste viendra , similairement ,punir le genocide Palestinian.
Voire , encore une fois Robert Katz, « Black Sabbath ». The deportation of the jews of Rome. Ou cet auteur vient demanteler tout cet arsenal de mensonges, et de manipulation gaslighting en cour depuis 1945. Pas de version Francaise desole pour ca. Editeur.
https://www.goodreads.com/book/show/1509635.Black_Sabbath_A_Journey_Through_a_Crime_Against_Humanity