L’animal est-il si différent de l’homme ? N’aurions-nous pas intérêt à apprendre à mieux l’observer et comprendre les différences qui opposent les deux mondes : le monde Universel et le monde social de l’Homme ? Creusons un peu.
L’animal est lié à l’universel. Sa compréhension est naturelle. Il fait partie de l’Univers, comme celui-ci fait partie de l’animal. Il évolue dans cette Nature qui est son monde et qui l’accepte comme un de ses êtres constituants. L’animal possède la compréhension innée de l’ensemble des éléments qui lui sont vitaux. La conscience de l’animal est une immanence de la Nature, c’est ce qui le rend totalement dépendant d’elle. L’animal a presque les mêmes capacités que l’homme, mais il n’en fait rien, il ne construit rien, il n’invente rien, et il :« ne peut compter les nuages » comme disait Aristote.
Harmonie et dépendance naturelle
L’animal n’a pas de conscience étendue, pas de super conscience comme celle de l’homme. Il ne se tracasse pas du nombre de nuages qui passent au dessus de sa tête. L’Homme, oui ! L’Homme est doté de cette super conscience, cette intelligence qui lui permet de fabriquer des objets, et d’avoir la volonté de comprendre pourquoi les nuages se forment et font de la pluie. L’animal ne fabrique rien et ne fait rien qui ne dépasse sa propre survie et celle de ses proches, il ne se pose pas de questions hors de son monde, il en fait partie et contribue à son équilibre en vivant tout simplement.
Nous avons tendance à nommer la conscience de l’animal comme « réduite » il faut la nommer : adéquate parce qu’elle lui suffit, elle est bien adaptée à sa vie sauvage en lien avec la nature, elle est tout simplement parfaiteet nulle super conscience ne lui apporterait quoi que ce soit de plus que l’équilibre parfait de ses capacités à satisfaire ses besoins.Le cheval broute l’herbe, il l’avale, la digère et la déjecte. Puis, recommence à l’infini de sa vie, il estNature. Le cycle homogène de l’univers est un circuit fermé qui s’auto-alimente et s’auto-régule dans le mouvement divin de sa substance. L’animal est dans le devenir permanent et total, il fait communion avec la nature, avec tout l’univers, il en est une partie intime et participe sereinement à son mouvement infini et éternel. L’animal n’est pas encombré par ce corps social qui nous a transformé en marchandise.Il vit dans une sorte de plénitude permanente, passant sa vie à se nourrir, dans un auto-mouvement qui le lie à la terre par la nourriture, pendant que la terre et les éléments ne pourraient se passer de lui pour leur maintient et leur évolution.
La super conscience humaine : entre création et destruction
L’animal ne travaille pas pour autrui, si ce n’est pour son entourage proche. Il ne travaille pas pour autre chose que sa survie. L’Homme, lui, est capable de travailler pour rien, il est capable d’obéir à des ordres et est capable d’en donner, il peut obliger d’autres hommes ou des animaux à effectuer des tâches par sa seule autorité. L’homme peut travailler dans le vide, pour s’occuper, pour passer le temps, pour inventer, pour créer quelque chose. L’art différencie l’homme de l’animal, la super conscience de l’homme lui fait inventer le dessin, la sculpture, la musique, la poésie,comme mode d’expression. Puis, l’écriture, et le discours avec le logos de communication ce dont est dépourvu l’animal. Certes, les animaux communiquent entre eux, mais n’ont pas la capacité à livrer un discours à une foule.
Alors, pris par ce tourbillon de supériorité par rapport à l’animal, l’homme a quitté l’universel ! Il s’en est littéralement arraché, pour mener une autre expérience, celle de la civilisation.
Son intelligence, sa super conscience, la parole et l’écrit lui ont permis de mettre en œuvre cette scission avec l’universel. Il a abandonné la nature, l’a commercialisée, l’a détruite dans une course à l’excès, à tous les excès, qui sont en train de le rattraper, le punir et dont il paie le prix tous les jours sur les champs de bataille, dans la rue, dans sa famille, avec ses amis. Les êtres de vie ont laissé la place aux citoyens du profit, brisant tous les liens avec le divin, toute historicité profonde, toute réalité ontologique.La super conscience de l’homme lui permet de faire beaucoup de choses, il peut faire le mal sans raison, ce que l’animal ne fait pas. Il tue et détruit pour l’argent, pour prendre le pouvoir, pour dominer ou tout simplement par plaisir, par faiblesse, pour démontrer sa force, par complexe.
La super conscience de l’homme lui permet le meilleur mais aussi le pire. Elle lui permet de comprendre les choses et de les expliquer aux autres. Dans le même temps, elle lui permet de les détruire et de mentir pour tromper et voler l’autre. Le bien et le mal se mélangent et se confondent chez l’homme social puisqu’il a perdu tout rapport intime avec la nature, avec l’univers, avec le divin, donc avec son esprit, sa métaphysique.
Le propre de l’homme est de Faire et d’inventer, c’est son essence. Le problème majeur est qu’il ne sait pas y mettre un terme. Ce qui le caractérise principalement, c’est le manque de mesure en toutes choses. Comme son intelligence lui permet de penser bien au-delà de ses besoins vitaux, il passe son temps à penser bien au-delà et se crée de nouveaux « besoins », certains profitables et sains, d’autres artificiels et nocifs. Ces nouveaux « besoins », lui deviennent vite indispensables et il les transmet pour en faire un commerce dans lequel il excelle.
Le fardeau de la civilisation : détachement de l’homme de la Nature
Si l’Homme avait le sens de la mesure et la conscience du danger d’atteindre ses limites, alors peut-être que ce monde serait équilibré.
Au lieu d’aller vers une recherche d’équilibre et une harmonie universelle grâce à ses capacités, l’homme a choisi de ne s’intéresser qu’à lui-même, en détachement de la Nature. Il ne cherche à atteindre qu’une forme de jouissance personnelle, c’est son seul objectif, ce qui, multiplié par le nombre d’êtres humains, mène au chaos, à la destruction de la Nature, et à la guerre.Malgré tout et malgré ce que les plus présomptueux prétendent, l’Univers reste le Maître absolu, il survivra à l’homme et ses inventions destructrices. Alors, quel est notre rapport à l’univers, dans notre soumission absolue au monde social de l’échange et du profit ?Comment pouvons-nous nous opposer à la réalité cosmique de cette belle nature en la pillant, la transformant, en l’exploitant, en la saccageant, et en la détruisant ? Depuis ces temps anciens où l’homme du Néolithique constitua les premiers stocks en parvenant à produire plus que sa propre consommation et celle de sa famille, il n’a eu de cesse de collecter, d’échanger, de valoriser sa production, sans frein, sans retenue, sans mesure. Pourquoi diable sommes-nous dotés d’une super conscience ? Pour l’utiliser, dirons-nous naturellement, oui, mais, si nous ne l’utilisons pas tous, si la plupart d’entre nous ne l’utilisent qu’à son minimum et que d’autres parviennent à l’exploiter dans sa quasi-totalité, que se passe-t-il alors ? La lutte des classes !
Le monde social vieillit les êtres plus vite que leurs gènes ne le devraient. Avons-nous remarqué que les animaux ne vieillissent pas de façon aussi visible que l’homme? Il est très difficile de donner son âge à un cheval, à partir de 3 ans, il a sa taille adulte et ne changera pas beaucoup en vieillissant, qu’il ait 7 ans ou 30, l’animal restera quasi inchangé. C’est pareil pour tous les animaux sauvages, puisque telle est leur nature. Ce l’est moins pour les animaux domestiques qui ont été fabriqués et trafiqués par notre monde social du profit et de la marchandise, ils vieillissent donc plus comme les hommes du nouveau monde social que comme de vrais et purs animaux.
Rapprochons-nous de la nature et passons du temps à observer et admirer la parfaite organisation cosmique du monde animal, retrouvons nos âmes en accord avec le monde universel qui aura de toute façon raison de tout ce que l’homme pourra faire pour se rendre intéressant.
Extrait de « Philosophie du devenir » à paraître.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Un excellent article : merci !!
Magnifique synthèse des apports des sciences, de la philosophie et de l’humanisme universel…j’ai hâte de lire votre livre.