Le vote juif devrait être déterminant pour l'élection du prochain maire de Paris. C'est particulièrement vrai dans le XVIIè arrondissement où Agnès Buzyn devrait disputer chèrement son élection face à la candidate d'Anne Hidalgo, journaliste sur RCJ, la radio de la communauté juive. Même si Anne Hidalgo semble en tête aujourd'hui avec 24% des intentions de vote, rien n'exclut que la mathématique des arrondissements ne la mette en difficulté.
Le vote juif est très courtisé par les listes en tête dans les sondages à Paris. C’est particulièrement vrai dans le 17è arrondissement, traditionnellement acquis à la droite, mais où les 40.000 Juifs installés entre Wagram, Neuilly et Asnières pourraient faire pencher la balance en faveur d’Anne Hidalgo ou d’Agnès Buzyn.
Le vote juif au centre des convoitises dans le 17è arrondissement
Le 17è arrondissement élit 12 conseillers de Paris qui participent directement à l’élection finale du ou de la maire. En l’état, sur ces 12 postes, deux seulement sont occupés par la gauche, et les dix autres appartiennent à la droite ou au centre. On mesure tout l’enjeu, à ces chiffres, qu’il y a à dépecer ces gros bataillons historiquement inaccessibles à Anne Hidalgo.
Aux européennes, En Marche a réuni 40% des voix, et les Républicains seulement 15%. Quant aux socialistes, ils y ont réalisé le score groupusculaire de 6%. Toutefois, au premier tour de la présidentielle, Macron y avait atteint les 34% derrière les 37% de François Fillon. Aux législatives (sur une partie de l’arrondissement), Stanislas Guérini a littéralement balayé son adversaire UDI, reléguant le PS à un score d’à peine 12%. Cette imbrication de chiffres montre bien tout le dilemme qui s’offre aux listes. Tout le monde pressent que l’arrondissement, actuellement détenu par les Républicains, peut basculer du côté des marcheurs.
Chaque voix sera donc à y chercher avec les dents.
Assez logiquement, Agnès Buzyn a choisi cet arrondissement pour réaliser son atterrissage. L’ex-belle-fille de Simone Veil devrait en effet assez facilement capitalisé sur les bons scores de LR et sur la bonne image que lui confère son premier mariage auprès d’une communauté dont les voix seront caressées dans le sens du poil.
Anne Hidalgo n’est pas en reste
Quelques mois après l’inauguration du Centre européen du judaïsme dans l’arrondissement (sur un terrain mis à disposition par la ville… mais construit avec le soutien financier de l’État et de la région), Anne Hidalgo n’a pas voulu rester en rade. Elle a désigné comme tête de liste Karen Taïeb, dentiste, journaliste santé sur RCJ, « radio de la communauté juive » financée par le Fonds social Juif unifié (FSJU) dont son époux Gil Taieb est vice-président.
La lutte devrait donc être hautement communautaire. Mathématiquement, le cumul des voix LR et LREM devrait toutefois laisser peu de place à une surprise socialiste. En l’espèce, le pari de la maire sortante sera de préserver ses deux sièges de conseiller de Paris dans l’arrondissement. Le challenge semblait plus facile à relever avec Benjamin Griveaux qu’avec Agnès Buzyn.