Nous poursuivons notre série sur les lieux possibles d'expatriation, tels qu'ils peuvent être analysés d'un point de vue libéral-libertarien. Après avoir souligné les mérites de la Suisse, nous abordons aujourd'hui le cas de l'Allemagne, qui peut constituer un débouché commode pour échapper à l'enfer entrepreneurial français.
Comme pour la Suisse (et la France), nous abordons notre synthèse sur l’expatriation par le tableau que comporte le Human Freedom Index de 2020. Comme on le voit, l’Allemagne est Ă la 9è place ex-aequo avec la Suède pour l’ensemble des libertĂ©s, qu’elles soient publiques ou Ă©conomiques. Compte tenu de sa taille et de sa proximitĂ© avec la France, il peut donc s’agir d’une destination tout Ă fait intĂ©ressante pour y relocaliser son activitĂ© sans changer complètement de vie, ni sans se couper complètement de la France.Â
Les libertĂ©s sont mieux protĂ©gĂ©es en Allemagne qu’en France
Il faut sans doute commencer par souligner que l’Allemagne protège beaucoup mieux les libertĂ©s publiques que la France, et que le droit Ă la vie privĂ©e y est quasiment sacralisĂ© depuis l’Ă©pisode nazi et le traumatisme qu’il a crĂ©Ă© dans le pays. En Allemagne, l’Etat fait Ă peu près son travail et juge utile de protĂ©ger les citoyens ordinaires par une garantie de sĂ©curitĂ© qui tranche avec l’insĂ©curitĂ© et le dĂ©sordre grandissant de nos banlieues et autres quartiers.Â
L’Etat allemand reste interventionniste
Pas de fantasmes, cela dit : en Allemagne, l’Etat reste interventionniste et social-dĂ©mocrate. Rappelons ici que l’un des piliers de la social-dĂ©mocratie Ă l’allemande a toujours Ă©tĂ© l’orthodoxie budgĂ©taire, pratiquĂ©e de façon rigoureuse par Angela Merkel. Cette politique de lutte contre les dĂ©ficits a tout de mĂŞme permis Ă l’Allemagne de riposter efficacement au coronavirus en 2020, avec un système de santĂ© qui a fait l’admiration du monde. Signe que l’on peut ĂŞtre en Ă©quilibre budgĂ©taire et dĂ©livrer des biens communs Ă un niveau Ă©levĂ©.Â
Il ne faut pas en dĂ©duire pour autant que l’Etat serait faible en Allemagne : les politiques de redistribution des richesses y sont rĂ©elles.Â
Mais l’Etat de droit y protège mieux les entreprises
En comparaison avec la France, l’impartialitĂ© de l’Etat et le respect du droit sont bien plus forts en Allemagne. En particulier, la justice y est beaucoup plus indĂ©pendante et beaucoup moins politisĂ©e qu’en France. C’est un Ă©lĂ©ment Ă retenir en cas de contentieux professionnel : les dĂ©cisions judiciaires allemandes sont beaucoup moins capricieuses et arbitraires que les dĂ©cisions françaises.Â
Une fiscalité réelle, mais non confiscatoire
L’autre avantage en Allemagne, Ă cĂ´tĂ© de son respect de la vie privĂ©e (notamment de la circulation du cash), c’est sa fiscalitĂ© qui est plus douce et moins confiscatoire qu’en France.Â
L’impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s, incluant une taxe professionnelle, y est de 30 Ă 33%. Mais une fois passĂ©e cette Ă©tape, la fiscalitĂ© sonne mieux aux oreilles des entrepreneurs français.Â
Le taux marginal rĂ©el d’impĂ´t sur les dividendes est de 11,5%, soit 5 points de moins que la France. Pour les non-rĂ©sidents, le taux brut est de 15%.
On notera toutefois que la fiscalitĂ© allemande est prĂ©cise et demande une vraie implication administrative (plus de 200 heures annuelles de travail de gestion administrative d’une entreprise).Â
Des cotisations sociales plus basses pour les employeurs
Alors que la sĂ©curitĂ© sociale allemande brille par son efficacitĂ©, elle se signale aussi par la sobriĂ©tĂ© de ses contributions. Globalement, les cotisations employeurs y sont plafonnĂ©es Ă 19,325% du salaire. SacrĂ©e diffĂ©rence avec le racket organisĂ© en France, qui dĂ©courage le recours Ă l’emploi.Â
On notera par ailleurs que le droit du travail en Allemagne est moins rigide qu’en France.Â
Le bonheur Ă deux heures de Paris
GĂ©ographiquement, SarrebrĂĽck se trouve Ă deux heures de TGV de Paris, et Cologne (la ville la plus latine d’Allemagne, avec Munich) Ă 3 heures. Francfort est très bien desservie en avion. Ces petits rappels montrent qu’une expatriation en Allemagne n’est pas forcĂ©ment une mauvaise idĂ©e.Â