L’article 80 du projet de loi de financement de la sécurité sociale avait déclenché la guerre des ambulances. Il prévoyait de transférer le choix des opérateurs de transport sanitaire (aujourd’hui laissé à l’appréciation des assurés) aux hôpitaux, supposés lancer des appels d’offre. La lourdeur de la procédure avait effrayé les petites et moyennes entreprises du secteur, qui avaient ouvert les hostilités, notamment en bloquant Paris avec 700 ambulances. Un rapport de l’IGAS propose de se donner du temps pour décider.
Après plusieurs semaines d’inertie, le gouvernement a donc décidé… de ne pas décider, selon une méthode classique et ancienne de recours au rapport d’inspection, puis au groupe de travail destiné à réfléchir, préludant sans doute à un enterrement de la mesure en toute discrétion.
La guerre des ambulances a payé
Selon une logique désormais consommée, le coup de force a payé même si, officiellement, la violence et les blocages sont condamnés par le gouvernement. Après avoir bloqué Paris dans un conflit dur, les ambulanciers ont obtenu une saisine de l’IGAS par la ministre, dont le rapport vient de tomber.
Officiellement, la réforme n’est pas du tout abandonnée. Elle est seulement suspendue! (on a déjà entendu cette musique) le temps de trouver des solutions pragmatiques aux points qui ne sont pas clairs, voire impraticables. Des groupes de travail devront donc se mettre en place pour rendre la réforme possible. Aucun calendrier n’est fixé pour leur achèvement.
Il existe deux façons de voir cette même proposition. Soit on croit vraiment la ministre, et l’on imagine que la loi a créé une situation impraticable mais sans solution dans les prochaines semaines qui se décantera par la suite. Sur cette hypothèse, la Fédération Hospitalière de France s’est exprimée en annonçant qu’elle “ne pourra accepter que pour maintenir coûte que coûte une réforme calamiteuse (…) l’incertitude et la désorganisation persistent pendant une période indéterminée“. Soit on entend qu’il s’agit d’un enterrement en préparation: les groupes de travail tarderont suffisamment pour que tout le monde oublie cette disposition saugrenue ajoutée dans la loi.