La Cour des Comptes, dans le cadre de son rapport annuel, a consacré un document spécifique aux finances publiques, et surtout aux prévisions de déficit public. Ce texte confirme les inquiétudes qui pointent sur l’atterrissage budgétaire de 2019.
La Cour des Comptes adresse deux reproches majeurs à la gestion d’Emmanuel Macron, qui ne sont pas nouveaux, mais que le Président parvient le plus souvent à éclipser par une faconde qui impressionne les media mainstream (entre autres). Le premier reproche est celui de ne pas procéder à des réformes structurelles. Le second est plus récent: il tient aux conséquences incertaines de la gestion de la crise ouverte par les Gilets Jaunes.
La Cour des Comptes et les déficits structurels
Comme l’indique le tableau ci-dessus, on voit clairement que la gestion d’Emmanuel Macron se traduit par une stabilisation du déficit public après de nombreuses années de baisse. Ainsi, si la France est effectivement passée sous la barre maastrichtienne des 3% de PIB pour le déficit public, ce mouvement s’est arrêté avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir.
Pour le Président de la République, élu sur la promesse “libérale” de la réforme, ce retour en arrière financier est une prouesse.
La question du déficit structurel
La Cour s’attarde longuement sur la part structurelle de ce déficit, et s’inquiète ouvertement de l’arrêt donné par la nouvelle majorité aux efforts consentis depuis plusieurs années. On lira notamment:
“Avec un déficit structurel de 2,3 points de PIB, la France reste très éloignée de l’objectif de moyen terme (OMT) de solde structurel fixé à – 0,4 point de PIB par les lois de programmation des finances publiques de 2014 et de 2018, en application des règles européennes adoptées en 2012 (qui imposent un déficit structurel inférieur à 0,5 point de PIB).” (page 30)
Autrement dit, il faudrait baisser le déficit structurel d’environ 40 milliards d’euro pour respecter nos engagements européens. Autant dire que la situation des finances publiques est très mauvaise…
Dangereuse divergence avec le reste de l’Europe
La Cour note que la France s’écarte, par sa trajectoire de finances publiques, des autres pays européens. Alors que la dette publique oscille entre 98 et 100% du PIB, les économies de l’Union ont réussi leur stratégie de désendettement. Le graphique ci-dessous le montre:
Alors que la zone euro a réduit son endettement public de 10 points de PIB environ, la France continue sa course à la hausse. Le signal envoyé par Macron est à la fois déceptif et inquiétant.
L’inconnue du déficit en 2019
Selon le pouvoir exécutif, le déficit en 2019 devrait s’établir autour de 3,2% du PIB. Cette dégradation importante s’explique largement par les mesures prises pour apaiser la colère des Gilets Jaunes.
Petit problème: la Cour des Comptes pense que le gouvernement est beaucoup trop optimiste.
Au total, la prévision d’un déficit public à 3,2 points de PIB en 2019 est fragile : elle suppose notamment que la croissance ne s’affaissera pas en 2019, comme le laissent craindre les dernières informations conjoncturelles, que l’impact des mesures adoptées dans le cadre de la loi portant mesures d’urgence économiques et sociales sera intégralement compensé par les mesures d’économies annoncées et, enfin, que les objectifs de dépenses contenus dans les lois financières de 2019 seront strictement respectés. (page 42)
Tout est dit! en l’état des mesures prises, le chiffre de 3,2% de déficit est très optimiste, car la conjoncture internationale se tend.
Il suffirait qu’Emmanuel Macron lâche d’autres mesures pour apaiser le petit peuple, et la situation deviendrait cataclysmique.