Alain Juppé a été proposé par Richard Ferrand, président de l’Assemblée Nationale, pour remplacer Lionel Jospin au Conseil Constitutionnel. Ce bâton de maréchal pour l’une des plus grandes carrières politiques de la Vè République est un signal négatif envoyé par les institutions.
Ce n’est pas que la carrière d’Alain Juppé soit contestable, ni que l’homme n’ait pas l’ampleur suffisante pour continuer à jouer un rôle national. Ce n’est pas non plus qu’on n’aime pas l’homme (encore que son orléanisme old-fashion soit d’un ennui mortel, avec cette manie d’équilibrer les propos et ce souci si bien élevé de n’être jamais dans l’excès, qui selon nous, fait somnoler un nombre grandissant de Français et explique largement le besoin de (ré)jouissances exprimé par les Gilets Jaunes). Non, ce n’est pas tout cela, bien au contraire.
Car Juppé, au Conseil Constitutionnel, fera du Juppé, c’est-à-dire portera une vision dépassée du Conseil. Il est un politique qui lira les textes soumis à son avis ou à sa décision avec le regard d’un politique, et non d’un juge. C’est bien ce qu’on reproche à cette nomination. Il est temps que la France accorde une vraie indépendance à la justice, et à cette Cour si particulière qu’est le Conseil Constitutionnel.
Pour ce faire, Richard Ferrand avait envisagé de proposer la nomination de l’éminent publiciste Guy Canivet. C’eut été un choix bien inspiré. Le signal envoyé aurait été celui d’une indépendance accrue de cette instance devenue essentielle depuis l’octroi des questions prioritaires de constitutionnalité.
Tenté pendant quelques jours de renouveler les institutions, Richard Ferrand a préféré revenir au monde ancien. Dommage.
Guy Canivet n’est pas connu du grand public, en revanche l’autre l’est, et pas de la meilleure façon. Il n’est pas l’homme capable d’apaiser la situation actuelle, sauf à vouloir comme vous le dites, perpétuer le monde ancien. Les gilets jaunes ont de beaux jours !