Le gouvernement profond, qui regroupe la technostructure à l’œuvre dans les coulisses de l’Etat, n’apprécie guère les Gilets Jaunes. C’est un vrai handicap à surmonter pour le pouvoir exécutif, qui doit neutraliser les efforts de sa haute administration hostile à un processus d’ouverture. Il n’est pas sûr d’y arriver.
Beaucoup de contributeurs au Grand Débat ont plaidé, sans surprise, pour la suppression de l’ENA. C’est école n’est pas, comme on le croit, un symbole de l’administration… mais bien de la mal-administration qui exaspère un nombre grandissant de Français. A de nombreux égards, l’énarchie se comporte comme une caste d’aristocrates rétive à tout changement et à toute forme d’opposition.
Le gouvernement ne l’ignore pas. Pour la restitution du Grand Débat, aujourd’hui, Edouard Philippe avait invité une centaine de directeurs d’administration centrale. Histoire de leur signifier que la mise en musique des mesures à prendre pesait sur leur épaules.
Rien ne prouve que cette opération suffira pour dépasser les vieilles réticences et les scléroses du service public. Dans la pratique, et selon nos informations, une grande partie de la fonction publique tient les Gilets Jaunes en abomination et n’est pas prête à leur céder le moindre pouce de terrain.
Un combat épique s’annonce, dont rien ne dit qu’il se terminera en faveur du pouvoir exécutif. Toute prête même à croire le contraire. Il se murmure qu’Emmanuel Macron pourrait incendier ses vaisseaux en annonçant la suppression de l’ENA. On rappellera ici qu’il avait renoncé, le 12 décembre, à entamer la réforme du recrutement très sélectif dans les grands corps.
Le gouvernement profond a encore de beaux jours devant lui. Dans tous les cas, le Président de la République a besoin de cette noblesse d’Etat pour gouverner. Au moment où son propre cabinet se vide, il ne peut s’offrir une crise ouverte avec ses hauts fonctionnaires…
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