Baisser les dépenses publiques: Emmanuel Macron n’en aura guère le choix, quelles que soient les difficultés politiques que cela posera. Dans les coulisses, en effet, s’agite une foule de puissants influenceurs qui dissuadent fortement le Président d’agir autrement. Reste à savoir ce que le Président décidera.
Emmanuel Macron peut-il choisir librement son scénario de sortie de crise? Nous avons beaucoup insisté dans ces colonnes sur l’influence que la gauche a pu exercer sur lui en début d’année. Face à l’agitation dans les rues, l’hypothèse d’une relance des dépenses publiques était un choix facile et tentant, proposé par un entourage qui pouvait se prévaloir d’un certain bon sens. L’inconvénient de cette hypothèse tenait tout entier au reniement des engagements européens de la France en matière de comptes publics. Dans une zone monétaire optimale, une relance par la dépense publique pouvait constituer un choc asymétrique pour l’ensemble des partenaires de la France.
L’amicale pression du gouvernement profond
Les élites françaises, on le sait, sont europhiles jusqu’à plus soif et attachées, cahin caha, au respect de nos engagements européens. Cela ne signifie pas que le rétablissement des comptes publics et le retour à l’équilibre budgétaire signifie, pour ce gouvernement profond, une réduction des avantages dont il dispose. Les hauts fonctionnaires français sont plutôt favorables à une diminution des retraites et des aides sociales.
Il n’empêche: dans l’obsession du “il faut sauver le soldat UE”, cette haute fonction publique veille au grain. Le Haut Conseil des Finances Publiques vient de le rappeler: il faut à la fois baisser la pression fiscale, les déficits et la dépense publique. Son rapport sonne comme une remise en mémoire pour Macron des engagements qu’il doit suivre, Gilets Jaunes ou pas.
L’OCDE détaille le cas pratique
L’ironie du calendrier veut que, la même semaine, l’OCDE publie un rapport sur la situation économique française qui plaide dans le même sens. Nous reproduisons ici l’un des graphiques de son rapport, qui montre l’évolution de la dépense publique en Europe, en France et en Allemagne depuis 2001.
C’est vrai que la manie française de dépenser a fait de puissants dégâts. Même sans la crise de 2008, la France a beaucoup plus augmenté ses dépenses publiques que ses partenaires. Et après la crise de 2008, elle s’est montrée incapable de revenir à une situation plus acceptable.
Avec ses cohortes de fonctionnaires qui coûtent très cher, la France flambe l’argent de ses contribuables. L’OCDE le souligne.
Le FMI et les dépenses publiques
Complaisamment, le FMI, la même semaine, n’a pas dit autre chose. Christine Lagarde soutient les réformes d’Emmanuel Macron. Elle plaide pour le maintien du cap. On retrouve ici l’amicale pression de la “mondialisation” en faveur d’une politique mal expliquée en France et suspecte d’être dictée par des intérêts étrangers.
Et c’est probablement notre malheur: avec son “hybris”, son excès d’orgueil et son manque d’empathie, avec son élitisme arrogant, Emmanuel Macron est incapable d’expliquer aux Français l’utilité salutaire d’une baisse des dépenses publiques. Du coup, celle-ci apparaît comme une subordination à l’étranger, ce qui, en France, est un vrai danger.
Les risques s’accroissent
Alors que la baisse des dépenses publiques est indispensable pour relever le pays, Emmanuel Macron est-il de taille à surmonter les obstacles qui s’y opposent? Nous avons un doute, et son manque d’habileté à expliquer sa politique constitue probablement le défaut majeur qui pourrait mettre l’équilibre du pays en danger durant les prochaines semaines. Le retard que prend le Président à proposer des pistes de sortie de crise l’illustre: il agace le pays, il nourrit la méfiance de celui-ci à l’égard du pouvoir. Ce manque de flair pourrait se retourner méchamment contre une politique nécessaire.
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