Les pouvoirs publics se sont rués, l’incendie à peine maîtrisé, pour expliquer qu’il était probablement dû à un accident, voire à un court-circuit. Le problème est que cette version est totalement et formellement contredite par l’entreprise en charge de l’échafaudage, soupçonné d’avoir favorisé l’accident. Une caméra était placée sur le toit du bâtiment, et une photographie du site était prise toutes les dix minutes. L’analyse des images pourrait réorienter fortement la compréhension du drame.
L’audition de l’entreprise d’échafaudage dont l’intervention est soupçonnée d’avoir causé ou facilité l’incendie de Notre-Dame promet d’apporter des révélations sulfureuses sur les causes de l’accident. Les premiers témoignages contredisent en effet les explications officielles données juste après l’événement:
Le montage de l’échafaudage, amorcé en décembre 2017, était sur le point de s’achever. Il était électrifié, pour alimenter deux ascenseurs et un éclairage, a précisé mercredi Marc Eskenazi.
“La procédure prévoit qu’en fin de chantier, en fin de journée, on coupe l’électricité générale du chantier, donc on coupe les ascenseurs et l’éclairage de l’échafaudage, et on remet la clé à la conciergerie de la sacristie”, a-t-il dit.
“Lundi soir en partant, c’est exactement ce que les ouvriers ont fait. La procédure a été respectée, elle a été bien sûr dûment enregistrée dans les registres, le cahier à cet effet, à la sacristie”.
Aucun outil de soudage, aucun chalumeau, aucun “point chaud” n’était présent sur le chantier, assure Marc Eskenazi. La descente des ouvriers a commencé à 17h20 et à 17h50, ils étaient tous partis, a-t-il précisé. Soit 30 minutes avant la première alerte.
Du point de vue de la sécurité, l’échafaudage extérieur ne comportait pas d’extincteur automatique à eau (“sprinkler”) mais il était doté de détecteurs de mouvement.
“Aucune alarme de Europe Échafaudage ne s’est déclenchée”, a indiqué Marc Eskenazi. “Les alarmes qui se sont déclenchées, ce sont des alarmes de la cathédrale, ce ne sont pas les nôtres.”
Ces éléments permettent donc d’affirmer que l’incendie n’est pas dû à une projection de matière inflammable (dû à une soudure par exemple) sur le bois, qui aurait produit un effet de combustion lente. Reste à prouver l’origine électrique du feu. Et sur ce point, ce ne semble pas gagné…