Officiellement, 28 policiers se sont donnés la mort depuis le début de l’année, soit près d’une dizaine chaque mois. La hiérarchie policière attribue cette hécatombe à l’extrême sollicitation des forces de l’ordre due à la crise des Gilets Jaunes. Mais on est étonné que l’analyse et le diagnostic s’arrêtent là. Confronté à un phénomène du même jour, un employeur privé serait dans la tourmente et devrait démontrer l’efficacité de son dispositif de lutte contre les risques psycho-sociaux. Manifestement, l’Etat ne semble pas pressé de s’appliquer à lui-même les règles qu’il impose aux entreprises.
C’est l’hécatombe dans la police depuis le début de l’année. 28 policiers se seraient suicidés. L’émotion est telle qu’un rassemblement d’hommage est prévu, que la hiérarchie appelle à faciliter.
Le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, leur a apporté son soutien dans une circulaire adressée jeudi à ses services, dont Reuters a eu connaissance.
“Je vous demande de bien vouloir laisser vos agents participer à ces rassemblements et de vous y associer”, écrit-il à ses chefs de services.
“Alors que la sollicitation opérationnelle atteint un niveau inédit, l’attention soutenue de la hiérarchie de tous grades doit être portée à la communauté professionnelle dans le cadre d’un management attentif et bienveillant”, ajoute-t-il.
Il est vrai que, pour le gouvernement, cette vague de suicide est inquiétante. Elle traduit une évidente fragilité de la police à un moment où le maintien de l’ordre devient une affaire particulièrement sensible. Les manifestations de samedi pourraient le rappeler.
Face à un phénomène qui scandalisait lorsqu’il se produisait chez Renault ou chez France Telecom, la réponse du ministère s’est bornée, à ce stade, à mettre en place une cellule de vigilance. Cette réponse légère pourrait poser problème à terme, et rien n’exclut que les familles de victimes ne mettent en cause la responsabilité de cet employeur désinvolte.