La Libye est en proie à un coup d’État en bonne et due forme, qui passe à peu près inaperçu alors que les attentions sont portées sur le Vénézuéla. L’opération libyenne est pourtant beaucoup plus agressive, puisqu’elle consiste en une attaque militaire sur Tripoli par un officier de l’armée. La France et les États-Unis soutiennent cette opération officiellement justifiée par la lutte contre le terrorisme. En sous-main, les motifs apparaissent toutefois très différents et illustrent les risques de contagion militaire et de déstabilisation généralisée dans la région, après la défaite de la coalition face à la Russie et à Bachar El-Assad.
Personne n’en parle vraiment, mais un coup d’État a effectivement lieu dans les règles de l’art en Libye. Pendant que tout le monde se demande si les États-Unis vont directement intervenir au Venezuela pour installer au pouvoir leur poulain Guaido (conflit qui, selon nous, aura peu d’impact direct sur les affaires européennes et plus encore françaises), c’est plutôt en Libye que ça se passe. Nous l’indiquions il y a quelques semaines, le maréchal Haftar, très soutenu par la CIA, a décidé de marcher militairement sur Tripoli. Compte tenu des enjeux épidermiques dans la région, il était impossible que ce projet de coup d’État n’ait pas reçu le soutien préalable des États-Unis. L’intérêt de la crise au Vénézuela est d’occulter ce coup bien plus vilain, que la France soutient au nom de la lutte contre le terrorisme.
Dans la pratique, il semble surtout que le rapprochement du Premier Ministre reconnu par la communauté internationale avec le pouvoir turc ait mis le feu aux poudres.
“C’est triste”, estime Jean-Yves Le Drian, interrogé sur ces accusations dans les colonnes du Figaro. “La France a continûment soutenu le gouvernement de Sarraj. Nous l’avons beaucoup soutenu aux Nations unies et sur le plan de la sécurité. Il le sait.”
“Je remarque que Fathi Bachagha, le ministre de l’Intérieur, qui attaque régulièrement la France et dénonce son ingérence supposée dans la crise, n’hésite pas à passer du temps en Turquie. Alors, je ne sais pas où sont les interférences”, ajoute-t-il.
S’il s’agit de lutter contre l’influence turque en Libye, alors… c’est autre chose…