La liste d’union entre le Parti Socialiste, Nouvelle Donne et Place Publique n’a guère perdu d’énergie dans une hypothétique élaboration programmatique. En 4 pages (ce qui rapproche Glucksmann et Debout la France), les propositions se succèdent, sans qu’on y trouve une véritable originalité. Beaucoup des propositions de Place Publique ont été lues ailleurs, comme la mise en place d’un protectionnisme vert, également proposé par Yannick Jadot et EELV. Créditée de 5% des voix dans les sondages, cette liste est susceptible d’envoyer un représentant à Strasbourg.
Dans la pratique, l’offre politique portée par Raphaël Glucksmann est une sorte de produit homéopathique: le programme présenté propose une solution diluée plusieurs dizaines de fois de principes actifs trouvés ailleurs et susceptibles d’être toxiques.
Marché unique: exceptions à la libre concurrence et protectionnisme vert
Deux phrases tirées du programme de Place Publique illustreront le propos tenu ci-dessus:
Nous instaurerons une taxe carbone aux frontières de l’UE – une sorte de protectionnisme vert européen – pour soutenir nos entreprises contre la concurrence des pays qui ne respectent pas les Accords de Paris, et pour financer les politiques de transition. Les caisses de l’UE ne sont remplies quasiment que par les Etats : les taxes aux frontières de l’UE permettront de créer de nouvelles recettes pour abonder un budget européen enfin conséquent.
Nous réviserons la politique de concurrence européenne et assouplirons les règles d’octroi des aides d’État pour faciliter l’émergence de champions européens face aux géants chinois et américains.
On retrouve ici un mélange du prêt-à-penser français, oscillant entre la dénonciation de la libre concurrence (qui nous empêcherait de disposer de géants ou de “champions”), et l’éloge du protectionnisme (ici mâtiné de vert) comme solution à tous nos problèmes. De ce point de vue, le calcul de Glucksmann est plutôt malin: il ne sacrifie aucun avenir.
Politique monétaire: le vide sidéral
L’avantage avec le mouvement de bobos élitistes appelé “Place Publique” tient surtout à son extrême compatibilité avec toutes les aventures technocratiques. La liste Glucksmann s’offre donc le luxe de n’avoir pas cité une seule fois dans son programme la Banque Centrale Européenne. Ni d’avoir la moindre proposition sur l’euro. En revanche, Glucksmann propose un budget de la zone euro et des investissements européens.
Institutions: initiative législative du Parlement européen
Dans le domaine des institutions, Place Publique propose que l’initiative législative soit donnée au Parlement européen, ce qui constitue une sorte de tarte à la crème pour tous les programmes politiques (seule Debout la France propose une autre solution). Pour le reste, on notera une proposition originale de cette liste:
Nous supprimerons l’Eurogroupe pour créer un contrôle parlementaire de la zone euro, ainsi qu’un budget de la zone euro doté de ressources propres permettant de mettre en œuvre une plus grande redistribution et une réduction des inégalités, individuelles et territoriales plus efficace.
Là encore, pas sûr que cette proposition soit accueilli triomphalement au nord de l’Europe.
Immigration: le grand amour des peuples
Enfin, sur l’immigration, les positions de Glucksmann sont proches de celles d’EELV:
Nous sortirons de la logique des règlements dits de « Dublin » qui renvoie les demandeurs d’asile dans les pays d’entrée, qui se retrouvent seuls en Europe à porter le poids de l’accueil. Nous créerons un véritable régime d’asile européen commun et un office européen de l’asile indépendant. Nous créerons un système incitatif d’allocation de fonds européens aux Etats et aux collectivités locales qui accueillent les migrants.
Avec EELV, Place Publique est le seul mouvement qui ne propose pas une augmentation des moyens de Frontex.
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