L’Iran est désormais au centre de toutes les tensions au Moyen-Orient. Officiellement, les États-Unis se préparent à un conflit armé en cas d’action iranienne hostile à leurs intérêts. Mais s’agit-il d’un montage aussi mensonger que la théorie des armes de destruction massive qui avait justifié l’intervention armée en Irak? Un général britannique vient de semer le trouble par des déclarations officielles et autorisées… puisqu’il s’agit du numéro deux de la coalition anti-djihadiste basée en Irak (opération Inherent Resolve). Ce général pourrait, pour un peu, revendiquer le statut de lanceur d’alertes.
Cette semaine, l‘entreprise Exxon a annoncé l’évacuation de son personnel étranger installé en Irak. Les membres du personnel ont été évacués en plusieurs phases vendredi et samedi matin, soit directement vers Dubaï, soit vers le principal site hébergeant des employés de sociétés pétrolières étrangères dans la province de Bassorah. En outre, les États-Unis ont retiré mercredi une partie de leur personnel de leur ambassade à Bagdad, la capitale irakienne, craignant apparemment une menace en provenance de l’Iran voisin, auquel des milices chiites irakiennes sont alliées.
Ces deux annonces illustrent l’état de tension qui agite les États-Unis.
S’agit-il d’une manipulation? C’est ce que laissent à penser les déclarations officielles du général britannique Ghika, numéro deux de la coalition anti-djihadiste basée à Bagdad.
Ainsi, lors d’une télé-conférence depuis Bagdad, le 14 mai, le général Ghika a affirmé qu’il n’y avait « pas d’aggravation de la menace posée par les forces pro-iraniennes en Irak et en Syrie ». Et d’ajouter : « Nous n’avons constaté aucun changement dans la posture ou le déploiement du Hachd al-Chaabi » [le mouvement paramilitaire irakien dominé par les milices chiites, ndlr] ». « Nous espérons et nous nous attendons à ce que cela continue », a-t-il ajouté.
L’officier britannique est allé encore plus loin. « Ce que je dis, c’est que nous surveillons les menaces avec beaucoup d’attention et que nous ajustons les mesures de protection de nos forces en conséquence », a-t-il enchaîné. « Est-ce que je m’inquiète du niveau de danger? Non, pas vraiment. Nous prenons toute une série de mesures de protection […] et nous les jugeons totalement satisfaisantes », a-t-il ensuite fait valoir.
Le ministère de la Défense britannique a arrondi les angles après ces déclarations contestées par le commandement militaire américain. Certains soutiennent que le général Ghika a délibérément menti sur le niveau de menace présenté par l’Iran afin d’éviter une escalade dans le conflit.