La réforme des retraites s’enlise. Alors que la CPME fourbit ses armes contre les projets de Jean-Paul Delevoye, le gouvernement pourrait reporter la réforme systémique à l’après 2020 et prendre des décisions lourdes dès cette année. Les perspectives financières à très court terme du régime sont en effet catastrophiques, avec une menace de déficit de 10 milliards en 2022 si rien ne change (Marisol Touraine affirmait pourtant en avoir fini, en 2016, avec les déficits des comptes sociaux…). L’addition pourrait être très salée dès le PLFSS 2019.
Le gouvernement va-t-il anticiper la réforme des retraites par des mesures paramétriques dès 2019? Tout indique que le projet de loi de financement de la sécurité sociale pourrait comporter d’importants changements pour rétablir les équilibres sans attendre le passage aux “points” sur lequel Jean-Paul Delevoye travaille depuis plusieurs mois.
La réforme des retraites sous contrainte financière
La réforme systémique prévue par Emmanuel Macron se révèle bien plus compliquée que prévu. Comme nous l’indiquions hier, des points de vue émergent pour contester les projets gouvernementaux, qui buteront, quoi qu’il arrive sur le problème difficilement soluble de l’équité pour les fonctionnaires. Le gouvernement évoque désormais la possibilité de reporter le projet de loi à l’après 2022.
En attendant, la course au déficit reprend, sous le poids d’un déséquilibre démographique connu de longue date. Avec une faible croissance et une insuffisante expansion de la masse salariale, le système français de retraite ne peut soutenir dans la durée l’allongement progressif de l’espérance de vie. On annonce un déficit de 10 milliards € dès 2022 si rien n’est fait. En cette année électorale, l’affichage d’une aussi forte dégradation des comptes publics durant le quinquennat Macron ne serait pas bon pour la réélection de l’actuel président.
Il faut donc agir dès maintenant pour éviter la catastrophe imminente.
Le nouveau monde reprend les vieilles recettes
Concrètement, le gouvernement doit trouver des remèdes rapides à la situation. Ceux-ci sont parfaitement connus, et depuis longtemps. Il suffit de reporter l’âge de départ à la retraite (en bougeant l’âge légal, par exemple) ou d’allonger immédiatement la durée de cotisation pour réduire dans les mois qui suivent le flot incessant des arrivées de nouveaux retraités.
Comme la désindexation des retraites paraît difficile à remettre sur le tapis après la crise des Gilets Jaunes, il est donc très probable que l’une de ces deux mesures: report de l’âge légal (contre lequel la FFA avait combattu) et allongement de la durée de cotisations, voire les deux, soient mobilisés dès le début de l’année 2020.
On attendait la start-up nation, et ce fut retour vers le futur!