Nestlé, le géant alimentaire suisse, inquiète les marchés par la taille et l’importance financière qu’il prend. Le poids de Nestlé dans le capitalisme européen illustre les dérèglements actuels du marché, qui pourraient se révéler extrêmement dangereux en cas de retournement conjoncturels. Le cabinet Alpavalue tire le signal d’alarme sur la survalorisation boursière du groupe.
Nestlé a désormais atteint une valorisation boursière de 300 milliards d’euro. Le géant suisse de l’agro-alimentaire représente désormais 4% du Stoxx600, ce qui fait de lui la première valorisation boursière européenne et lui permet de transformer l’agro-alimentaire en premier secteur économique européen. Cette insolente réussite de l’économie helvétique présente un risque qui inquiète les experts: en cas de retournement, Nestlé, qui est devenu une valeur refuge, pourrait être un excellent vecteur de contamination boursière. L’ensemble des portefeuilles, et singulièrement celui des petits porteurs, compte aujourd’hui du Nestlé. Autant dire que l’entreprise est exposée à un risque massif au moindre coup de tabac boursier.
On en profitera pour souligner la montée des angoisses sur les marchés. L’ancien président de la Banque Centrale Européenne (BCE) Jean-Claude Trichet vient d’y ajouter sa pincée de sel personnelle dans une interview au Journal du Dimanche:
Une récession est inéluctable, pronostique-t-il. Elle viendra des Etats-Unis mais elle frappera aussi durement l’Europe. (…) Toutes les banques centrales des pays les plus avancés ont des défis considérables : un niveau d’inflation anormalement bas, une croissance qui ralentit, des marges de manœuvre très faibles.
De fait, la politique de taux faible laisse très peu de marges de manœuvre aux banques centrales pour réagir en cas de krach. Si celui-ci devait survenir, il serait probablement létal pour l’ensemble du capitalisme mondial.
Sur ce point, Jean-Claude Trichet manifeste une forme d’optimisme en prêtant à Emmanuel Macron la faculté de pratiquer une vaste relance par des politiques budgétaires volontaristes. On est un peu sceptique sur la marge qu’un pays comme la France, où la dépense publique atteint 56% du PIB, peut encore avoir dans ce domaine, sauf à asphyxier les Français sous l’impôt.