Une légende tenace affirme que le salaire des enseignants en France est l’un des plus faibles du monde industrialisé. Une étude de l’OCDE tend toutefois à montrer le contraire. L’analyse des chiffres de l’OCDE a donné lieu à une bataille intense, où les medias mainstream ont relayé l’idée que les enseignants français étaient plus payés que la plupart de leurs collègues, et où les medias plus à gauche ont contesté la validité des chiffres. Nous présentons ici un point technique sur ce que dit vraiment le rapport de l’OCDE.
L’OCDE produit de nombreux tableaux à l’interprétation discutable dans son rapport officiel. Celui qui a permis d’affirmer que le salaire des enseignants français n’était pas inférieur à la moyenne de l’OCDE est reproduit ci-dessus. Il se trouve à la page 400 du document. Il permet en effet de nuancer les légendes tenaces sur des enseignants mal payés en France. Comme le graphique le montre, les rémunérations annuelles réelles des enseignants et des chefs d’établissement en France sont légèrement supérieures à la moyenne de l’OCDE et de l’Union Européenne. On notera que l’Allemagne ne figure pas dans le tableau, pas plus que l’Italie ou l’Espagne.
Il est en réalité difficile d’extrapoler une vérité simple, de l’ordre du “mieux payés” ou moins bien payés” à partir des multiples données riches et discutables qui figurent dans le rapport de l’OCDE. Une chose est sûre en tout cas: affirmer de façon brute que les enseignants français sont moins bien payés que les autres enseignants de l’OCDE relève de l’exagération factuellement fausse.
Moins de travail pour les enseignants français
Un autre chiffre a été assez peu commenté dans les medias mainstream, et par les syndicats enseignants (mais il fallait aller jusqu’à la page 424 pour le trouver). Il s’agit du temps de travail réel des enseignants français. Là encore, le rapport de l’OCDE regorge d’informations utiles. On retiendra ce tableau synthétique qui a le mérite de trancher le débat:
Comme on le voit, dans tous les cas de figure, les enseignants français travaillent moins que leurs collègues européens mieux payés: leur durée annuelle d’enseignement est inférieure d’environ 60 heures à celle de leurs collègues suisses, allemands ou hollandais. Elle est inférieure d’une vingtaine d’heures à la durée espagnole, et de près de 300 heures à l’obligation d’enseignement aux USA.
On comprend que, sur ce point, les enseignants français évitent de mouliner les chiffres, et ne demandent guère une augmentation de leurs obligations horaires en contrepartie de la hausse salariale qu’ils demandent.