Le budget 2020 présente-t-il les premiers signes de la chiraquisation d’Emmanuel Macron? Derrière les apparences de changement, se profile en effet un immense immobilisme qui touche en premier lieu les dépenses publiques. Celles-ci demeureront sur leur ligne haussière, obligeant à maintenir un déficit plus élevé que nos engagements communautaires. L’ensemble est financé par les taux bas. Une fois de plus, les discours pro-européens des élites françaises ne sont suivis d’aucune mise en pratique.
Le budget 2020 repose sur un chiffre qui amuse tous les commentateurs (et a donné lieu à quelques titres de presse): 47 emplois de fonctionnaires devraient être supprimés. L’objectif de 50.000 emplois promis sur le quinquennat ne sera donc pas tenu (comme on s’y attendait de longue date).
Officiellement, le déficit sera cantonné à 2,2% du PIB. Hors effets liés à la suppression du CICE, il s’agit en réalité d’une stagnation par rapport à 2019. Cette continuité montre bien que, au-delà des déclarations pro-européennes, Emmanuel Macron ne se sent pas plus obligé que ses prédécesseurs à respecter les traités et les engagements de la France.
Ce laxisme budgétaire français, qui devrait continuer à agacer nos partenaires européens, est largement financé par les taux bas de la Banque Centrale Européenne. Sur ce point, l’arrivée de Christine Lagarde devrait causer beaucoup de tort à la cohésion de l’Europe puisque son mandat consistera à continuer la politique de quantitative easing lancée par Mario Draghi.
Emprunter au lieu de réformer : la logique à l’œuvre sous Chirac (et Jospin) a donc encore de beaux jours devant elle, y compris dans le nouveau monde d’Emmanuel Macron. Derrière les apparentes réformes tourbillonnantes du Président de la République, l’immobilisme rode donc, et la stagnation de l’Etat continue à se propager. La dichotomie entre le discours et les actes est une spécialité française. Emmanuel Macron n’a qu’à piocher dans les exemples de ses prédécesseurs pour savoir comment faire. A commencer par Jacques Chirac, qui a définitivement attaché son nom à cet art.