L’UE sera sous gouvernance allemande avec l’arrivée d’Ursula Von der Leyen, entourée d’hommes-clés choisis par les experts allemands de la question. Progressivement, se dessine un gouvernement profond qui devrait marginaliser les politiques et “intégrer” un discret commandement allemand des opérations. Dans cet espace germano-centré, la France devrait peser à la portion congrue.
La gouvernance allemande de l’UE se renforce chaque jour. L’arrivée d’Ursula Von der Leyen à la présidence de la Commission Européenne devrait signer une ère d’hyper-germano-centrisme dont on est curieux de voir le résultat final, et notamment les conséquences profondes sur la capacité de l’institution à fédérer et à affronter les crises.
Tout le monde a suivi l’exécution en place publique de Sylvie Goulard, la mauvaise candidate choisie par Emmanuel Macron pour être commissaire française sur un poste taillé sur mesure. Le Spitzenkandidat malheureux Manfred Weber a organisé son humiliation après avoir subi l’arrogance de Nathalie Loiseau et d’Emmanuel Macron lui-même. L’affaire souligne, s’il en était besoin, les rancoeurs que le macronisme tonitruant (et exalté par les thuriféraires de la presse française) suscite chez nos voisins.
Plus profondément, un agent allemand veille au grain, au-delà des erreurs tactiques d’Ursula Von der Leyen, qui semble sous-calibrée pour son poste. Il s’agit de Martin Selmayr, l’éphémère auto-proclamé secrétaire général de la Commission Européenne, poste qu’il s’était attribué après avoir été directeur de cabinet de Jean-Claude Juncker.
Selon Jean Quatremer, de Libération, Selmayr attend d’être confirmé comme représentant de l’Union en Autriche, poste subalterne d’où il pourra librement intriguer pour défendre les intérêts allemands au sein de la Commission. Il aurait d’ores et déjà préparé l’installation de ses fidèles à des postes stratégiques. Quatremer cite les cas de la Bulgare Jivka Petrovka et du Belge Koen Doens, que Selmayr parraine pour qu’ils soient bien placés dans la nouvelle équipe.
Dans cet ensemble, on peut s’attendre à un déclin durable (et déjà bien entamé) de l’influence française dans l’Union. La France paiera cher l’arrivé de Christine Lagarde à la tête de la BCE.