Le MEDEF (devenu entretemps Entreprises de France) vient de produire un livre blanc sur la santé, essentiellement rédigé par l'industrie pharmaceutique (le seul représentant de l'assurance venait de Malakoff-Médéric, groupe paritaire co-gouverné par le MEDEF). Le document ne remet pas en cause le monopole de l'assurance-maladie, mais propose quelques innovations intéressantes. Il évoque notamment l'idée de souveraineté sanitaire et propose une valorisation marchande des données de santé collectées par les hôpitaux publics.
On lira avec attention le livre blanc sur la santé, intitulé “Pour un nouveau pacte de santé, publié prochainement par le MEDEF. Ce document s’interroge en effet non seulement sur la stratégie française en matière de santé, mais aussi sur les impacts sociétaux des choix politiques qui peuvent la concerner.
En ces temps de débats épineux entre partisans du libre-échange et partisans de la souveraineté, on notera cette introduction audacieuse sur la souveraineté sanitaire française. Il n’est pas commun que le MEDEF se fasse autant l’apôtre de valeurs souverainistes.
La souveraineté de notre pays en matière de santé est ainsi posée. Si la France veut peser sur la scène mondiale et rester un pays leader, si elle souhaite conforter, au niveau national, son positionnement unique et celui de ses acteurs et rester exemplaire en termes de politique de santé publique, elle devra se positionner sur les enjeux essentiels suivants : - Au niveau sociétal, les conditions qui permettront de redonner confiance à la société française, afin de remédier aux inégalités territoriales d’accès à la santé et réincarner les valeurs auxquelles les Français sont attachés : la sécurité (l’assurance d’être soigné), l’égalité d’accès aux soins de qualité, la solidarité dans le financement, et l’équité dans la contribution ; - Les leviers permettant de redonner du sens aux missions des acteurs qui font la santé et œuvrent à des soins de qualité et de proximité, dans un système qui gère à court terme, dans une logique trop souvent comptable ; - Le soutien à une industrie de santé de premier rang mondial ; - La question de son indépendance et de sa souveraineté sanitaire ; - Les conditions de son leadership au niveau international.
Pour le reste, on notera que le livret préconise une évolution en profondeur des mentalités, notamment sur la place du patient dans le parcours de soins. Si ce “nouveau pacte” ne remet pas en cause le monopole de l’assurance-maladie (ce qui nous semble une erreur d’analyse majeure), il a toutefois la bonne idée de préconiser plusieurs innovations comme la marchandisation des données de santé collectées par les hôpitaux publics.
Cette évolution fondamentale pour le progrès technologique est en soi un chantier suffisamment révolutionnaire, il est vrai, pour que la France ne s’attaque pas non plus aux fondamentaux de son assurance santé. Mais nous sommes convaincus que l’ouverture des données de santé serait facilitée par une mise en concurrence de l’assurance maladie.