La privatisation d'ADP n'est probablement pas un dossier réglé d'avance, mais pas pour les raisons que l'on croit. Selon le journaliste d'investigation Marc Endeweld, le Parquet National Financier (PNF) aurait perquisitionné le domicile d'un cadre potentiellement lié à l'affaire libyenne de Sarkozy. Il semblerait que la perquisition ait été fructueuse... et qu'elle sème la panique dans les rangs d'ADP, où il se murmure qu'Augustin de Romanet aurait en son temps recommandé la prudence au président de la République.
On lira avec attention l’enquête très fouillée de l’excellent Marc Endeweld publiée dans le (moins excellent) Média sur les perquisitions intervenues autour d’ADPI, la filiale d’exportation d’Aéroports de Paris, actuellement en voie de privatisation. Selon le journaliste d’investigation, ADPI aurait trempé dans les affaires libyennes de Nicolas Sarkozy, et aurait bénéficié de marchés manifestement surfacturés dans ce pays un temps tenu de main de maître par le colonel Khadafi.
Manifestement, les affaires sont allées bon train à une époque, et il y a lieu de croire que la privatisation d’ADP soit rapidement polluée par ce dossier bourbeux où la marque ADP ressortira salie par une affaire de corruption sévère ouverte par un juge français.
De ce dossier très étoffé, on retirera cette petite phrase signifiante :
L’actuel PDG d’ADP, Augustin de Romanet - nommé par François Hollande en 2012 sur les conseils de Bernadette Chirac – s’est rapproché d’Emmanuel Macron après avoir servi dans de nombreux cabinets de droite sous Jacques Chirac. Il a soutenu la privatisation du bout des lèvres, comme s’il avait conscience du scandale en devenir.
Les circonstances de la nomination de Romanet sont intéressantes. Frère de l’évêque aux Armées, Augustin de Romanet, ancien élève de l’ENA, appartient à cette noblesse de robe qui fait le gouvernement profond en France. Administrateur de la compagnie de réassurance SCOR, Romanet fut directeur général de la très sensible Caisse des Dépôts et Consignations en 2007, sur décision de Jacques Chirac en partance pour sa retraite politique.
Privatiser ADP, une erreur que n’aurait probablement pas commise un Chirac ou un Sarkozy, donc. Rappelons que le dossier de la privatisation a été confié à une banque proche d’Emmanuel Macron.