Joachim Son-Forget, l'ancien député LREM qui a pris son indépendance après plusieurs dérapages, a été l'un des premiers à relayer les vidéos intimes de Benjamin Griveaux sur Twitter. Manifestement bien informé, cet esprit étrange a par ailleurs annoncé son intention de se présenter à la présidentielle de 2022. Il a choisi Alexandre Benalla comme conseiller. Cet étrange attelage a donné une première idée de sa capacité de nuisance avec l'affaire des vidéos.
Je suis candidat avec vous aux présidentielles de 2022 🇫🇷. On fera tout ENSEMBLE. La France c’est Nous! #LFN #ValeurAbsolue #VA pic.twitter.com/z91hwcbhM0
— Joachim Son-Forget (@sonjoachim) February 12, 2020
De Joachim Son-Forget, on connaît surtout les dérapages, notamment ses remarques peu amènes sur le maquillage excessif de la sénatrice EELV Esther Benbassa. Ces fréquentes sorties de route l’avaient conduit hors du groupe de la République En Marche à l’Assemblée Nationale. Mais son intervention ces derniers jours dans l’affaire Griveaux pose la question de sa stratégie personnelle.
Son-Forget et Alexandre Benalla
Il y a d’abord eu cette décision simultanée de dévoiler sa candidature à l’élection présidentielle de 2022 avec, pour conseiller spécial, Alexandre Benalla, pour qui il a sollicité, sans succès, une habilitation à l’Assemblée Nationale en tant que conseiller parlementaire bénévole. La nature de la collaboration tout à fait baroque entre les deux personnages peine à trouver son sens exact.
Selon Son-Forget, Benalla jouerait le rôle de conseiller spécial, grâce à son “flair politique”. Cette simple circonstance est-elle suffisante à résumer la collaboration entre les deux hommes ? Il se trouve que, trois jours après le refus de l’Assemblée Nationale de reconnaître Benalla comme l’assistant bénévole de Son-Forget, le député frondeur a relayé les vidéos gênantes de Griveaux.
Manifestement, il avait donc reçu l’information (comme beaucoup d’autres députés, semble-t-il, mais ceux-là ont refusé de parler) et a jugé utile de la divulguer urbi et orbi, précipitant ainsi la chute du tête de liste marcheur à Paris. Cette divulgation était au demeurant tout à fait illégale.
« J'espère que ces vidéos sexuelles affligeantes incriminant Benjamin Griveaux et une jeune femme seront démenties par l'intéressé et son équipe car une telle diffamation serait extrêmement grave dans la campagne pour Paris », tweete-t-il jeudi à 18h15. Contacté par Le Parisien, celui-ci nie alors toute intention « de nuire au candidat à la mairie de Paris ». « C'est pour le prévenir, je lui ai même envoyé un message. Je déteste les lynchages publics. Il faut qu'il fasse face. Je n'ai rien ni pour ni contre Benjamin même si ce n'est pas mon candidat favori pour Paris. Ce qui lui arrive est inadmissible », argumente le parlementaire. « L'idéologie derrière est nauséabonde. Je ne veux pas m'avancer mais la personne derrière ça va viser d'autres cibles, avançait-il. Il faut que la justice se saisisse de l'affaire. Ces gens essaient de détruire la France. On ne s'attaque pas à l'intimité des gens pour leur nuire en France ».
Ces explications sembleront sans doute à la fois confuses et sommaires.
Le début d’une longue série ?
De son côté, Alexandre Benalla a aussi pris soin de dire beaucoup de mal de la méthode employée par le Russe Pavlensky pour déstabiliser la campagne des marcheurs, et, in fine, le gouvernement Macron lui-même. Cette unanimité dans le rejet d’une méthode dont Son-Forget s’est tout de même rendu un complice actif interroge.
On ne peut s’empêcher de penser que Benalla est au courant de nombreux secrets gênants pour la République En Marche. Sa disgrâce pourrait le tenter, notamment d’épargner Emmanuel Macron mais de ne faire aucun cadeau à son entourage. Tout indique donc que la candidature de Son-Forget devrait rapidement devenir sulfureuse et embarrassante pour beaucoup, au sein de la majorité.