Après l'annonce du 49-3, une majorité syndicale se dégage en faveur d'une mobilisation générale. Les syndicats qui font encore preuve de modération représentent une minorité de salariés. Cette position est embarrassante pour le gouvernement. Rien n'exclut un retournement final de la CFDT contre la réforme.
Ce lundi, une majorité syndicale a appelé à la mobilisation générale contre le gouvernement. Cette mobilisation devrait commencer dès mardi.
Une majorité syndicale contre le gouvernement
L’intersyndicale a publié un communiqué commun appelant à la mobilisation générale ce mardi. Il est signé par une multiplicité d’organisations syndicales.
Le 49.3 « démontre l’impuissance du gouvernement à répondre aux interrogations sérieuses et légitimes des parlementaires à propos de ce projet incomplet, très approximatif, aux multiples inconnues », ajoutent la CGT, FO, la CFE-CGC, la FSU et Solidaires, les organisations de lycéens Fidl, MNL, UNL et d’étudiants Unef.
On notera la position compliquée de la CGC, qui signe le texte mais ne participe pas à la mobilisation.
Au total , les organisations signataires de ce texte représentent environ 60% des salariés, soit une nette majorité en faveur de la mobilisation.
La CGT prend une position claire
La CGT a pris le temps d’exposer clairement sa position aujourd’hui.
La CGT a appelé lundi à l’organisation d’une “grande journée de grève et de mobilisation” au surlendemain de la décision du gouvernement de recourir à l’article 49-3 de la Constitution pour faire approuver son projet de réforme des retraites.
Philippe Martinez renoue ici avec l’ambition d’apparaître comme le leader de l’opposition syndicale à la réforme du président Macron. Cette stratégie qui n’a pour l’instant rien apporté de concret à son organisation pourrait se traduire par de nouveaux cortèges « animés » dans les rues de Paris.
FO quitte la conférence de financement
Dans la foulée, Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, a annoncé que sa confédération quittait la conférence de financement ouverte à la demande de la CFDT, et en accord avec le MEDEF, pour combler le manque d’étude d’impact sur la réforme. On se souvient que Laurent Berger avait alors tenté de sortir du piège de l’âge-pivot en réclamant que la discussion sur la réforme soit distincte de la discussion sur les équilibres financiers « paramétriques ».
Le départ de FO fait donc partie d’une chronique annoncée. On retiendra toutefois les explications données par Yves Veyrier :
Selon un communiqué du bureau confédéral, elle « ne permet pas de garantir la liberté de négociation ». FO déplore le fait que le Premier ministre a « dès le départ fixé des contraintes inacceptables, comme le refus de mesures conduisant à augmenter le coût du travail, autrement dit le refus de l’hypothèse de l’augmentation des cotisations (sociales) ».
La CGT avait quitté la conférence dès le début.
La CFDT pose ses conditions
Contrairement à l’affirmation de plusieurs commentateurs, le recours au 49-3 est une mauvaise nouvelle pour la CFDT, qui apparait de plus en plus comme une simple force supplétive d’un gouvernement qui cultive l’impopularité. Laurent Berger a d’ailleurs annoncé son cahier des charges pour ne pas abandonner le gouvernement en rase campagne.
- « Pour les agents publics qui touchent peu de primes, la CFDT revendique qu’il y ait une clause de sauvegarde leur garantissant à terme un niveau de pension au moins égal à ce qu’il est aujourd’hui » explique-t-il.
- Laurent Berger demande aussi au Premier ministre « d’améliorer le texte avec une réelle prise en compte de la pénibilité mais aussi la sécurisation des transitions. On demande aussi que la pension minimale soit fixée à 85 % du smic dès 2022 et non pas à partir de 2025. »
Le cadre de la discussion est donc posé. On sait par ailleurs que Laurent Berger réclamait une augmentation des cotisations patronales. Mais comme le gouvernement a renoncé aux mesures d’impact, la situation est beaucoup plus simple à anticiper : on ne sait pas vers où on va, mais on y va.