Le carnaval d'Alost a beaucoup fait parler de lui la semaine dernière pour avoir recouru à des caricatures judéophobes. Malgré le courroux de l'UNESCO (qui a retiré la manifestation du patrimoine immatériel mondial), la Flandre résiste, portée par une presse unanime.
Le carnaval d’Alost est méconnu en France, à tort. Alost, qui se présente comme la capitale des Ardennes flamandes (une région qui n’existe pas) incarne assez bien ce qu’on appellerait la Flandre profonde. Et, pour beaucoup de Français, le sentiment flamand est une énigme parfaite.
Le carnaval d’Alost est-il judéophobe?
Pour la deuxième année consécutive, le carnaval de cette ville dirigée par un bourgmestre nationaliste, Christophe d’Haese, membre de la Nouvelle Alliance Flamande (NVA), a produit des “chars” avec des personnages grotesques mimant des Juifs traditionalistes. La caricature est poussée jusqu’au bout cette année, en réponse provocatrice aux menaces de sanction de l’UNESCO.
En particulier, plusieurs personnages ont défilé déguisés en Juifs dotés de pattes comme de la vermine. Mais c’est un exemple parmi d’autres de l’esprit particulier dans lequel de nombreux Flamands, nationalistes assumés ou non, abordent la question du nazisme. On trouve régulièrement dans ce carnaval d’autres références à cette période d’occupation où l’administration militaire allemande considérait les Flamands comme des aryens à part entière.
Ces dérapages nationalistes flamands que les Français ne veulent pas voir
Beaucoup de Français font semblant de ne pas s’apercevoir que le nationalisme flamand pose un problème d’autant plus gênant que Bruxelles, capitale de l’Europe, se trouve en Flandre (même si la capitale belge constitue une région autonome). Pourtant, en grattant un peu…
Par exemple, en 2019, le magazine francophone Wilfried a eu la bonne idée d’investiguer un peu aux racines intellectuelles de la NVA, le parti de Christophe d’Haese. Il se trouve que la NVA est une création d’un certain Bart De Wever, qui exècre la France, et dont le grand-père a exercé des responsabilités communales au service direct des Allemands durant la guerre. Il appartenait alors à un parti qui s’appelait la VNV, la ligue nationale flamande. De la VNV à la NVA, il n’y a que deux générations.
On ne reviendra pas ici sur l’influence directe que les deux occupations allemandes en Belgique ont exercé sur l’émergence du nationalisme flamand. Mais tout ce petit monde joue dangereusement avec un passé peu glorieux.
Rappelons qu’historiquement le comté de Flandre est l’une des plus vieilles possessions du roi de France…
Soutien unanime de la presse flamande
Plus gênant, comme le note Le Soir, la presse flamande s’est levée comme un seul nom pour minimiser la présence de la vermine juive dans le carnaval nationaliste.
Gazet Van Antwerpen explique, que cette année, les juifs étaient caricaturés avec un peu plus de nuances. « Les Juifs n’étaient pas représentés avec des sacs d’argent et ils étaient accompagnés d’autres personnages stéréotypés d’autres communautés ». Le journal souligne un point important : « Les carnavaliers rient avec les stéréotypes qui identifient la communauté juive. Ils ne rient pas de l’holocauste et n’attribuent pas directement aux Juifs de mauvaises qualités » (…) « Mais ce n’est pas parce qu’un génocide a été commis sur un groupe de population qu’il ne faut plus jamais rire des gens. Le droit d’être ridiculisé n’est qu’un autre élément important d’une démocratie ».
« Une caricature n’est pas la même chose que la réalité », conclut le journal.
Il ne s’est pas trouvé un seul journaliste flamand pour déceler de la judéophobie dans ce défilé.
Ce carnaval est tout de même un curieux phénomène, les explications des organisateurs ne satisfont évidemment pas, certes tout le monde y passe, même Greta Thunberg a été méchamment caricaturée, mais ce n’est pas une excuse recevable.
Ce carnaval, une fois interdit ou déclassé par l’UNESCO, subsistera dans les idées, ce qu’il faut s’évertuer à non pas combattre mais comprendre, c’est le pourquoi de la situation, dire antisémite c’est ne rien dire.
Rien ne sert de vouloir traquer la bête tout le temps et en tous lieux, le procès Eichmann n’a pas servi de leçon, hélas, Arendt en avait pourtant magistralement démontré la banalité du mal dont il faut toujours rechercher l’origine. Il n’y a pas de gène antisémite, il y a des situations qui font naître cette idée. Il faut s’attacher à démonter la mécanique du processus de germination, le combattre c’est juste s’attaquer à des épouvantails. Les organisateurs du carnaval de Dalost sont juste des abrutis, des gens à l’intelligence étroite, tout comme Eichmann était un homme ordinaire, le mal est ailleurs.
Monsieur Verhaeghe,
Seriez-vous Wallon? Cet article que vous venez de commettre s’inscrit-il dans une tentative d’importer en France le conflit entre les Flamands et les Wallons?
Salutations
Sylvain