La France a-t-elle fauté au Rwanda, dans ce qui a conduit à une guerre interethnique où les Tutsis d'Ouganda, alliés des Anglo-Américains, ont envahi le pays pour reprendre en main l'ethnie hutue ? Si les Anglo-Américains et quelques officines francophones à leur service ne tarissent pas de mots implacables sur un prétendu complot français, l'armée française s'exprime peu. La Croix s'insurge contre un colloque organisé au Sénat pour donner une autre version des faits.
Selon une légende tenace, au Rwanda, la France de Mitterrand et d’Hubert Védrine se serait rendue complice, voire directement coupable d’un génocide. Pour des raisons jamais expliquées, ces deux hiérarques socialistes qui ont appuyé le lancement en France de SOS Racisme, avec le soutien de leur ami Pierre Bergé (peu connu pour son aversion aux “minorités”), auraient manigancé le massacre de plusieurs centaines de milliers de personnes en plein coeur de l’Afrique.
Cette thèse qui mériterait quelques explications est désormais considérée comme une version officielle indiscutable par tout ce que la France compte de bien-pensants. On y rangera scrupuleusement le quotidien La Croix, qui commet un article vomitif pour dénoncer un colloque organisé au Sénat, sous l’impulsion de Gérard Longuet, où des militaires français et quelques chercheurs non inféodés au monde anglo-saxon entendent donner une autre version des faits.
La Croix propose une mise à l’index des auteurs qui dérangent
Selon une vieille tradition catholique demeurée visiblement intacte, La Croix liste les auteurs qui devraient être bannis, et qui sont invités à ce colloque. Parmi eux, on relèvera le nom de Judi Rever, accusée de “négationnisme” (et à ce titre interdite de publication chez Fayard). Celle-ci déclarait à RFI :
Les témoignages, les informations sur l’infiltration par le FPR des milices hutues sont documentés dans un rapport confidentiel du TPIR [Tribunal pénal international pour le Rwanda] par des enquêteurs qui travaillaient pour les enquêtes spéciales sous Carla Del Ponte. Dans ce rapport que j’ai – c’est un rapport qui m’a été « fuité » par des sources du tribunal –, on nomme les techniciens qui ont participé, qui ont infiltré les milices hutues et qui ont participé directement aux massacres aux barrières, à Kigali et dans d’autres endroits.
Autrement dit, selon Judi Rever, le massacre des Tutsies aurait largement été manipulé par Paul Kagamé, le dirigeant ougandais qui a fini par envahir le Rwanda et y imposer l’anglais…
Une parole qui déplaît visiblement aux grands amateurs de diversité qui remplissent les colonnes de La Croix.