Daniel Grange revient pour nous sur la visite du président Macron à Didier Raoult, l’infectiologue marseillais au coeur des polémiques sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour lutter contre le coronavirus. Le savant décrié s’offre une belle victoire politique. Nous avions évoqué ces derniers jours le soutien dont il bénéficiait de la part de Bernard Arnault et de Serge Weinberg…
Hier, le président de la République s’est rendu à Marseille pour rencontrer le professeur Raoult pendant 3 heures. Cet événement, repris en boucle par les médias nationaux, subtilement mis devant le fait accompli, confirme sans doute mes propos précédents sur l’utilisation des scientifiques et médecins pour maintenir un Etat défaillant depuis de nombreuses semaines, quitte à mentir pour préserver la stabilité.
De là à opposer le professeur Raoult à Emmanuel Macron, il y a un pas qu’intellectuellement je ne peux franchir, car si l’un cherche et l’autre gouverne, il n’y a pas d’incompatibilité à la complémentarité, même si cela ressemble à une vraie partie d’échecs.
Raoult est-il un héros antique ?
A l’instar de Pythéas, marin de l’antique Massalia (Marseille) qui, après un périple autour de l’Europe aux environs de 325 Av JC, décrivit le soleil de minuit et affirma que la Terre était sphérique (bien avant Galilée !), le professeur Raoult et son équipe ont découvert que deux molécules conjuguées pouvait stopper en grande partie un minuscule virus venu d’extrême-orient. Pythéas fut considéré comme affabulateur, tout comme notre médecin chercheur marseillais, vilipendé par une horde journalistique dont le panurgisme savamment téléguidé et l’entremise de quelques aficionados de plateaux ont pour but d’isoler le réfractaire du système, celui-là même qui en 2003 dénonçait les faux experts et courtisans.
Pour Pythéas hélas, point de révolution numérique, mais à la disposition de notre professeur Raoult, l’arme moderne absolue, la communication via les réseaux sociaux !
Une victoire politique du professeur Raoult
Dès le départ, en égrainant au grand public le résultat de ses recherches via internet et donné quelques interviews savamment distillées, le professeur Raoult, fin connaisseur des turpitudes politiques, s’est placé non seulement en médecin-chercheur, mais en fin stratège pour arriver à ses fins, celles du bon sens et du serment d’Hippocrate. En utilisant l’opinion publique et le régionalisme de l’Institut via certains relais politiques locaux, il a forcé la main du politique à ne pas prendre uniquement en compte l’avis des sociétés savantes de Lutèce et s’est affranchi du cadre pour entretenir des liens direct avec l’exécutif, d’où cette visite pour donner la primeur des résultats. Un chef de guerre parle à un chef de guerre, n’en déplaise aux courtisans. Ce n’est pas politiquement correct, mais la transversalité en temps de guerre est parfois indispensable.
Adossé au mur de la pandémie et à l’impéritie des strates administratives de notre Etat, le chef de guerre politique n’a eu d’autre choix que de suivre l’IHU MARSEILLE et son chef dans les choix qui étaient les plus pertinents et à ajouter un bras de recherche non prévu au départ (bras dont les commentateurs avertis commencent à comprendre qu’il ne pouvait donner de résultats, puisque n’appliquant pas la “recette marseillaise” au complet). Aucune autre structure de recherches et de médecine n’ayant la capacité d’aller aussi vite, l’opinion publique n’aurait de surcroit pas admis (au milieu des mensonges sur les masques, les tests et cafouillages divers et variés) qu’un Institut ultra-moderne (celui là même dont les premiers et uniques résultats disponibles étaient qualifiés de “prometteurs”) financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions et employant plusieurs centaines de personnes, soit banni de ces essais.
Quitte à satisfaire les comités lutéciens, dont l’entrisme de certains de ses membres n’a d’égal que leurs rapports avec l’industrie pharmaceutique, le chef politique a dû, tout en restreignant l’utilisation du protocole, laisser le soin au médecin-scientifique de tester des milliers de gens pour asseoir les premiers résultats qui n’entraient pas dans le moule de l’avis des “experts”. Dans le même temps, il a fallu mettre sur pieds l’étude Discovery destinée à fédérer l’Europe autour de la recherche (n’oublions pas l’incroyable raté européen vis à vis de l’Italie) et se préservant ainsi plusieurs portes de sortie en cas de succès.
La bataille politique de l’hydroxychloroquine n’est pas finie
Même si le cadre conventionnel des essais randomisés sera sans nul doute évoqué par les âmes chagrines, il y a donc fort à parier que les prochains jours vont être particulièrement intenses dans les comités scientifiques, espaces conventionnels et autres plateaux télévisions pour amener l’opinion à accepter l’idée que c’est le chef politique qui a mené la barque, alors que sur une table d’échecs, il y a deux joueurs. Pour l’instant, il semblerait que le chef politique ait perdu une reine propulsée de manière inexpliquée dans une aventure élective incertaine, quelques fous adeptes d’une communication incompréhensible pour le commun des mortels et quelques soldats auxquels on reproche désormais des écarts de langue, alors que quelques semaines auparavant ils ne faisaient qu’appliquer les décisions politiques.
Cette visite à Marseille et la mise en ligne simultanée des résultats préliminaires par l’IHU MARSEILLE indiquent clairement que la partie n’est pas encore finie. Désormais, le chef politique va devoir trancher, en espérant que le bon sens l’emporte comme le demandent les gens de raison, afin de limiter la contagion, le confinement et essayer de sauver nos aînés. Car le paradoxe de cette pandémie est qu’un organisme microscopique ait permis à la planète de respirer, pendant que nos anciens, oubliés dans des établissements démunis de moyens par manque d’anticipation, agonisent en suffoquant alors que l’exemple transalpin aurait du déclencher un état d’urgence immédiat à leur endroit. Aucune exonération en responsabilités ne sera audible !
Avec une pensée reconnaissante à tous ces chercheurs et médecins, soignants anonymes des couloirs de réa et laborantins autour desquels l’idée de Nation se fédère. La récupération politique de votre abnégation m’est insupportable, mais sera hélas, inévitable.
A lundi, sur l’échiquier !
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