Comme ceci a été évoqué ici ou là dans le courant du mois de mai, y compris dans nos colonnes, la crise sanitaire du coronavirus a des conséquences financières importantes pour l’AGIRC-ARRCO. Ses recettes ayant largement diminué du fait du ralentissement brutal de l’économie nationale, l’organisme a dû demander une avance de 8 milliards d’euros à l’Etat afin de sécuriser sa trésorerie.
par Mickaël Ciccotelli
Journaliste de Tripalio et spécialiste du paritarisme
Hélas pour les responsables de l’AGIRC-ARRCO, l’Etat ne semble pas vouloir s’engager sur une telle avance, contribuant ainsi à tendre la situation financière de l’institution.
L’absence de réponse de l’Etat à l’AGIRC-ARRCO
C’est début mai que Jean-Claude Barboul et Didier Weckner, respectivement président CFDT et vice-président Medef de l’AGIRC-ARRCO, ont fait parvenir un courrier à Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes Publics, afin de lui demander cette avance de trésorerie. Aux dernières nouvelles, en date de la fin du mois de mai, MM. Barboul et Weckner n’ont toujours pas reçu de réponse à cette demande. Interrogée à ce sujet, la coprésidence de l’institution ne nous a pas encore répondu.
Les responsables de l’AGIRC-ARRCO ayant considéré qu’il ne s’agissait pas là d’un simple problème de lenteur dans la distribution du courrier, ils ont jugé prudent de considérer que Bercy n’était pas disposé à leur accorder la fameuse avance de huit milliards d’euros. Du moins dans l’état actuel des choses.
Dans ces conditions, les dirigeants de l'institution auraient entrepris une action forte. Ils auraient en effet décidé de solliciter deux établissements financiers, la CACEIS et Natixis, afin d'obtenir deux emprunts à courte échéance. Le montant total de l'opération se situerait autour du milliard d'euros.
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Une trésorerie mise en tension
Or, comme ceci était prévisible, les encaissements réalisés par l’AGIRC-ARRCO durant le mois de mai se seraient avérés proches de ceux réalisés durant le mois d’avril – de l’ordre de 4,5 milliards d’euros, contre 7 milliards d’euros en temps normal. Après deux mois de diminution sensible des recettes et sans avance de trésorerie par l’Etat, la trésorerie de l’organisme se trouverait désormais mise sous tension.
A la fin du mois de mai, les gestionnaires de l’AGIRC-ARRCO auraient dû se rendre à l’évidence : le versement des pensions du mois de juin allait s’avérer complexe. L’état de la trésorerie risquait fort de ne pas se trouver pleinement compatible avec la sécurisation de cette opération, prévue au début du mois.
Des solutions pour le court terme…
Dans ces conditions, les dirigeants de l’institution auraient entrepris une action forte. Ils auraient en effet décidé de solliciter deux établissements financiers, la CACEIS et Natixis, afin d’obtenir deux emprunts à courte échéance. Le montant total de l’opération se situerait autour du milliard d’euros.
Cette première décision, qui devrait permettre de faire face à la toute prochaine échéance de versement des pensions, ne suffira toutefois pas à assumer les engagements estivaux ultérieurs. Aussi les responsables de la rue Jules César auraient-ils dû commencer à songer sérieusement à une mobilisation de leur trésor de guerre. Si l’opération n’est pas sans risque, étant donné l’état des marchés financiers, on voit mal comment elle pourrait être évitée.
Au-delà de l'épisode actuel de tension sur la trésorerie, il y a tout lieu de penser qu'à moyen terme, le niveau des recettes mensuelles de l'AGIRC-ARRCO devrait demeurer inférieur à ce qu'il était avant le déclenchement de la crise sanitaire - dans une mesure qu'il est, certes, impossible à prévoir aujourd'hui.
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… et quelques questions sur les réserves
Au-delà de l’épisode actuel de tension sur la trésorerie, il y a tout lieu de penser qu’à moyen terme, le niveau des recettes mensuelles de l’AGIRC-ARRCO devrait demeurer inférieur à ce qu’il était avant le déclenchement de la crise sanitaire – dans une mesure qu’il est, certes, impossible à prévoir aujourd’hui. Cette perspective explique que certains de ses gestionnaires commenceraient à poser la question de l’impact sur les réserves des régimes de la crise sanitaire et de la crise économique qui s’annonce.
Rappelons, il est vrai, qu’aux termes de l’ANI de 2019, “les réserves techniques du régime ne se situent jamais en deçà de 6 mois de prestations dans la période courant jusqu’à fin 2033”. Concrètement, ceci signifie que les réserves doivent demeurer supérieures à 45 milliards d’euros. Elles sont actuellement nettement supérieures à ce niveau – 65 milliards d’euros – mais en ces temps troublés, les milliards filent à toute allure…
Comment gère-t-il ce budget ?ils n’ont pas l’excuse que c’est la génération suivante qui paye par rapport à ceux qui en bénéficient. Ils sont censés capitaliser et maintenir jusqu’au moment de verser les rentes ! Il s’agit d’une épargne !!!!!
L’article l’arçoo des milliards et des milliards de flux, mais une comptabilité de « quebad « du coin????????
Et c’est Eux qui gère nos retraite ?
Sans compter la décote temporaire de 10%, pendant 3 ans pour l’instant sur la retraite Agirc-Arrco , J’ai commencé à travailler à 15 ans, quasiment pas de chômage, 150€ pour 19 années passées dans le privé! Heureusement, il y a le public, où il n’y à pas de complémentaire, mais une base de calcul sur 75% au lieu des 50% du privé.