Les faillites bancaires sont la grande hantise de la BCE et du superviseur bancaire en Europe. Une directive est en cours d’élaboration pour faciliter l’absorption des établissements fragiles en Europe par les poids lourds du secteur. Précisément pour limiter le risque de faillite bancaire. Cette disposition en dit long sur les craintes qui agitent désormais les autorités bancaires en Europe.
Les faillites bancaires sont plus que jamais en tête des préoccupations de la BCE comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire depuis plusieurs semaines. Les affaires se précisent désormais avec une élaboration avancée d’une directive susceptible de faciliter les fusions bancaires, pensées comme l’arme suprême par le régulateur européen pour résoudre les crises qui devraient survenir.
Tout le monde craint des faillites bancaires
Cette question des faillites bancaires n’est au demeurant pas nouvelle. Depuis plusieurs semaines, tout le monde s’attend à ce que ce sujet ne “tombe” sur la table, y compris aux États-Unis. Signalons à nouveau que les stress tests menés après le confinement par la réserve fédérale américaine ont débouché sur de sérieux avertissements quant à la solidité des banques américaines. Et là encore, nous battons le fer : la Fed n’exclut pas que la crise en cours ne se solde par des centaines de milliards $ de pertes pour les banques américaines à l’automne. La crainte vient notamment de l’endettement des entreprises et des particuliers, contracté avant la crise, et qui se referme désormais comme un piège sur les emprunteurs.
En Europe, le discours est officiellement plus rassurant. La BCE affirme que nos banques sont plus solides que les banques américaines. Il n’empêche : la BCE accélère le rythme sur la rédaction d’une directive dédiée à la résolution des crises bancaires.
Mais une consolidation bien conçue et bien mise en œuvre peut aider à résoudre les problèmes de surcapacité et de faible rentabilité qui ont affaibli le secteur bancaire européen depuis la dernière crise financière.
BCE Tweet
Fusionner les banques pour éviter les faillites
Nous avons évoqué hier les mesures très coercitives que les États peuvent décider en cas de faillite d’une banque. En particulier, les banques en faillite peuvent être renflouées par une saisine autoritaire de l’épargne déposée par les clients. Pour éviter ces situations désagréables, la BCE préfèrerait privilégier les scénarios de fusions entre banques : une banque en bonne santé absorbe à l’encan une banque en perdition, et on repart comme en 40.
Petit problème : ces fusions sont aujourd’hui rendues particulièrement compliquées du fait d’une réglementation protectrice qui limite la possibilité d’y recourir. D’où l’idée de cette directive qui doit alléger les formalités du fusion, notamment les calculs de fonds propres.
Il y a désormais le feu au lac
Les raisons pour lesquelles la BCE se presse pour fusionner les banques ne sont pas mystérieuses. Édouard Fernandez-Bollo, le Français qui supervise les banques au niveau européen, explique clairement que la fusion-absorption est une parade de premier rang contre les faillites. Quelques jours auparavant, le président du conseil de surveillance de la BCE, Andrea Enria, avait donné à un quotidien italien une interview où il se montrait sans ambiguïté sur le sujet.
Pour ceux qui n’auraient pas compris, les grands banquiers européens s’attendent donc à du grabuge dans les prochains mois, et l’on peut même dire que la crise bancaire interviendra avant la crise monrtaire…
La pandémie mettra encore plus sous pression la profitabilité des banques, qui est déjà insuffisante. L'aggravation de cette faiblesse structurelle pourrait rendre utile l'évaluation d'opérations de fusion, même si ce n'est pas à nous, en tant qu'autorité de vigilance, d'intervenir directement",
Andrea Enria, BCE Tweet
Une crise bancaire en France ?
Les Français auraient bien tort de se croire épargnés par le danger. De nombreuses banques françaises sont désormais sous-capitalisées et rien n’exclut qu’une ou plusieurs d’entre elles ne passent un très mauvais moment dans les semaines à venir.
Depuis plusieurs semaines, des banques comme la Société Générale font l’objet d’alertes et pourraient constituer des proies faciles pour des prédateurs. Là encore, la directive facilitant les fusions pourrait régler le problème de façon inattendue… en permettant des OPA hostiles venues de banques américaines.
La situation est désormais inextricable et entre la faillite et l’absorption par une banque “ennemie”, il y a de forts risques pour qu’il faille choisir.
Quel impact pour votre épargne ?
A priori, une fusion bancaire évite de devoir actionner le mécanisme de résolution consistant à prélever une partie de votre épargne pour éponger les pertes de la banque. On se montrera toutefois circonspects et l’on prendra soin de ne pas tout concentrer dans une seule banque.