Selon toute vraisemblance, une importante crise bancaire devrait survenir à l’automne, compte tenu des nombreux défauts de paiements qui se préparent. Une étude d’Accenture laisse entendre que les défauts sur le crédit devrait être deux fois plus importants que lors de la crise de 2008. Les banques européennes vont devoir immobiliser plus de 300 milliards supplémentaires pour se protéger contre le risque. Autant dire que beaucoup d’entre elles devraient entrer dans la tourmente. Nous entamons une série sur la protection nécessaire contre le risque qui se profile.
tiens ! on reparle de la crise bancaire, celle qui va faire tomber un certain nombre d’institutions dont vous êtes peut-être client, et qui ont prêté à tour de bras, attirées par un argent facile que les emprunteurs n’ont désormais pas les moyens de rembourser. Ce défaut de remboursement, que nous évoquons depuis plusieurs mois, commencera à prendre forme à l’automne, à mesure que les entreprises qui sont surendettées ne pourront plus rembourser leurs échéances faute d’une activité suffisante. Voici où nous en sommes du dossier et quelques premiers conseils pour se protéger.
Accenture annonce une crise bancaire
Accenture n’est pas d’accord avec la Société Générale. Selon la banque (bien connue pour ses prises de risque qui ont débouché sur l’affaire Kerviel), le système financier français est équipé pour faire face au choc du coronavirus et pour l’absorber. Selon le cabinet de conseil, c’est l’ensemble du système financier européen qui va devoir absorber le choc d’une crise deux fois plus coûteuse que celle de 2008 (qui avait failli mettre à genoux les banques de l’Union…).
En chiffre, tout cela est assez simple à mesurer. Compte tenu des ratio prudentiels en vigueur, les banques européennes vont devoir quadrupler leurs provisions pour défaut de paiement en 2020. Soit un appel supérieur à 220 milliards € par rapport à 2019. Autrement dit, les sommes que les banques européennes vont devoir trouver en 2020 pour se couvrir réglementairement contre le risque de faillite de leurs débiteurs est égal à la moitié (et même plus) des subventions que l’Union a décidé de débloquer pour aider ses États-Membres. Voilà qui donne le tournis.
En 2019, les banques européennes ont provisionné 80 milliards d'euros, afin de faire face à des potentielles pertes sur créances. Elles devront provisionner entre 265 et 335 milliards d'euros supplémentaires par rapport au niveau de 2019 pour couvrir les abandons potentiels de créances irrécouvrables, en fonction de la gravité de la crise sanitaire de Covid-19
Accenture Tweet
Les risques liés à la crise
Bien entendu, cela ne signifie pas que les banques européennes vont devoir dépenser plus de 300 milliards pour couvrir leurs pertes en 2020. Cela signifie simplement que le risque de défaut chez les emprunteurs exige des banques qu’elles disposent, immédiatement disponibles, de 300 milliards supplémentaires pour faire face à des défauts de paiement, qui ne sont pas sûrs d’advenir (mais sont quand même très probables…).
Dans tous les cas, pour répondre aux exigences des régulateurs qui ne veulent pas d’une crise systémique, les banques vont devoir racler les fonds de tiroir pour se prémunir contre une éventuelle faillite. Et cette opération de prévention porte sur la coquette somme de 300 milliards environ.
Des “résolutions” bancaires à prévoir
En filigrane de cette annonce, on comprend que, selon toute vraisemblance (mais nous l’avons annoncé il y a plusieurs semaines), tout le monde s’attend à des faillites bancaires, ce qu’on appelle publiquement dans le jargon financier des “résolutions”. L’hypothèse n’est pas seulement émise par Accenture. Elle vient des membres même du comité directeur de la Banque Centrale Européenne, qui considèrent que certaines banques doivent disparaître, au besoin par transfert autoritaire de portefeuilles auprès de banques plus saines.
En d’autres termes, certaines fusions seront décidées par les régulateurs pour éviter les catastrophes. Mais rien ne garantit que les coupe-feu suffisent à éteindre les incendies.
Avec l'arrêt progressif des programmes publics de soutien des entreprises et des particuliers, c'est aux banques qu'il va incomber de mobiliser des capitaux supplémentaires pour absorber les défauts de crédit et continuer à financer l'économie
Accenture Tweet
L’automne pourrait être destructeur
En France, ces perspectives paraissent encore lointaines parce que l’État s’est substitué largement aux entreprises et au marché pour assurer le fonctionnement quotidien de l’économie. Mais il est très probable que, dans plusieurs pays d’Europe, les phénomènes de domino que crée la crise se traduisent par des faillites bancaires qui elles-mêmes auront des répercussions sur l’ensemble du système financier. On a bien compris que la banque centrale européenne avait préparé ce scénario avec une logique de cantonnements nationaux, et même locaux des sinistres. Il n’en reste pas moins qu’aucun pays n’est à l’abri d’une déflagration dont les effets auraient été sous-estimés.
On se mettra donc en position de se protéger contre les contagions imprévues.
Le Courrier des Stratèges inaugure une série sur les stratégies de placement bancaire
À la demande de nos lecteurs, et face aux risques encourus, nous consacrerons donc dans les semaines à venir une série d’articles aux risques réels que vous encourez, et aux meilleures stratégies CONCRÈTES pour s’en prémunir.
Suivez donc nos éditions à venir, notamment celles de la semaine prochaine, qui s’intéresseront à ces questions. Et d’ici là, bonne chance à tous.