L’épargne des Parisiens (c’est-à-dire les encours bancaires laissés par les ménages d’Ile-de-France sur leurs comptes et sur les livrets à la main des banques) constitue désormais un petit trésor de guerre qui pourrait intéresser les pouvoirs publics. La crise du coronavirus les a en effet bien boostés. Leur « récupération » permettrait de financer le plan de relance dans les grandes largeurs. Ce sont en effet près de 120 milliards qui sont venus dormir dans les coffres en six mois. Un chiffre à bien méditer pour la suite des événements…
L’épargne des Parisiens, comme on le voit sur le graphique ci-dessus, tiré des différents tableaux de la Banque de France relatifs aux données régionales, a fait un grand bond en avant à l’occasion du confinement. Les chiffres que nous indiquons ci-dessus ne concernent que les comptes bancaires courants, ce qui donne une bonne illustration de la richesse moyenne des Parisiens.
114 milliards en plus sur les comptes courants
Si l’on se souvient que le plan de relance porte sur 100 milliards € dont 60 seulement apportés par la France, on est évidemment pris de vertige en analysant la richesse des Parisiens. Près du double de l’apport français au plan de relance est venu s’agglutiner sur les comptes en banque des Parisiens depuis le début de la crise du coronavirus. Fin 2019, Les Parisiens laissaient dormir 380 milliards sur leurs comptes courants. Cet en-cours a bondi à près de 500 milliards en 6 mois ! soit une percée de 114 milliards qui constitue une véritable provocation pour les gens de Bercy.
Cette hausse de 30% souligne combien les ménages ne sont pas les grands perdants de la crise. À ce stade.
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Près de 900 milliards d’économies en Ile-de-France
Du côté des en-cours bancaires globaux (c’est-à-dire la somme des comptes en banque et des différents livrets proposés par les banques, dont les plans d’épargne logement), la progression est à peu près identique en volume : 120 milliards.
C’est surtout le total des en-cours qui est spectaculaire : près de 900 milliards sont désormais disponibles dans les banques parisiennes ! voilà qui en dit long sur le potentiel fiscal de la région la plus peuplée d’Europe, et qui figure parmi les plus riches. Avec un bond de 120 milliards en six mois, cette somme laisse à penser (et beaucoup à Bercy doivent y penser) que la France n’a guère besoin de s’endetter pour financer sa relance. Un bon impôt exceptionnel suffirait…
La préférence des Parisiens pour le compte courant
La presse a beaucoup souligné que ce bond en avant correspondait à une épargne supplémentaire d’environ 5.000€ par ménage. Dans la pratique, avec 12 millions d’habitants, l’Île-de-France a vu son épargne bancaire augmenter de 1.000€ par habitants, ce qui correspond à 4.000€ pour une famille avec deux enfants.
Mais le principal n’est pas là, selon nous. On remarquera surtout que les Parisiens ont très peu « investi » cette épargne, y compris sur des livrets liquides. 7 milliards seulement des 120 milliards sont allés sur les livrets A. Le reste est gardé en stock sur le compte courant des Parisiens. Directement à la main de la banque… On y verra au moins un signe d’inquiétude et de précaution sur les malheurs du temps à venir.
Même la Seine-Saint-Denis a thésaurisé
On remarquera, au passage, que tous les départements d’Île-de-France ont participé au mouvement et ont augmenté leurs avoirs bancaires. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, les comptes courants sont passés de 13,8 milliards € fin 2019 à 16,7 milliards € fin juin. Autrement dit, la progression avoisine les 22% en six mois, ce qui n’est pas rien, et se situe presqu’au niveau de la moyenne nationale (23,9%). Mais avec cette forte progression, la Seine-Saint-Denis a plus fortement épargné que n’importe quelle région de France autre que la région capitale…
La même dynamique se produit sur les autres produits bancaires. L’épargne bancaire globale de la Seine-Saint-Denis s’élève désormais à 30,2 milliards, ce qui place ce département de 1,6 million d’habitants sensiblement au même niveau que la Haute-Savoie (830.000 habitants) ou que le Finistère (900.000 habitants).
Le niveau moyen de l’épargne dans certaines banlieues parisiennes se situe donc encore très loin de la moyenne française… mais elle progresse.
Une tentation pour Bercy
Bien entendu, officiellement, les impôts n’augmenteront pas. Mais… si la dégradation des comptes publics devait se confirmer, et si la reprise devait rester aussi poussive qu’aujourd’hui, on voit bien dans quelle tentation Bercy tomberait. Entre les 100 milliards du plan de relance et les 120 milliards accumulés par les Parisiens durant le confinement, hein… l’équation est rapide a résoudre.
Pour la France, c’est 2 500 Mds de dépôts bancaires, soit un BIP.
Mais en même temps, le taux d’endettement des ménages représente 98 % de leur revenu disponible brut (impôts et charges sociales prélevés) et équivaut à 62 % du PIB … 1 550 Mds €.
Concernant le 93, évidemment une partie non négligeable de l’économie ne transite pas par les comptes bancaires…
C’est ce qu’on pourrait appeler l’économie réelle, c’est à dire celle qui ne se fait pas à crédit et qui ne participe pas au rançonnement par l’Etat.