Didier Picot soulève la délicate question de la mission du service public par temps de COVID. Le coeur du service public est-il encore... l'accueil du public ? Ou alors l'interminable cascade de bureaux impénétrables loin du service au citoyen lambda ? Une fois de plus, nous comprenons que l'administration n'est pas au service du public, mais que le public est au service de l'administration. Petit exercice de géométrie fractale à partir d'un exemple de la vie quotidienne sur la diversion ordinaire du service public.
Didier Picot
Ancien élu local, Didier Picot est chef d'entreprise
L’histoire se passe dans un petit local d’environ 15m2, situé à moins de 100 mètres du marché de Saint Jean de Luz. Deux tables hautes font office de comptoirs, au fond, un petit bureau vitré est équipé d’une table et de trois chaises. Une grande boite aux lettres permet de déposer des documents à toute heure. Trois employés sont présents aux heures ouvrables. Quatre lettres ornent discrètement la porte vitrée : C P A M.
Chaque jour, de nombreux citoyens se rendent dans ce modeste local pour y exposer leurs petits (et grands) problèmes d’assurance maladie. J’ai pu noter le professionnalisme et la disponibilité des personnels de cette annexe de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) : ils apportent à chacun une aide précieuse avec patience et compétence.
Eloge des fonctionnaires qui fonctionnent
L’exercice n’est pourtant pas aisé : rassurer les vieilles dames, répéter la même réponse des dizaines de fois par jour, traiter le stress des citoyens face à un système kafkaïen, stress qui se manifeste parfois par des énervements voire des comportements carrément désagréables. Etant au bout de la chaine, les préposés de la CPAM doivent traiter tous les dysfonctionnements et lourdeurs de leur organisation, tout en respectant l’avalanche de réglementations bureaucratiques qui rendent leur travail plus difficile.
Ces agents de la CPAM appartiennent à la catégorie des « fonctionnaires qui fonctionnent », au même titre que les enseignants qui enseignent, les personnels soignants qui soignent, les assistantes sociales qui assistent, les policiers qui gendarment, les services municipaux qui chaque jour s’occupent de nos communes, etc.
Comme tous les Français, j’ai beaucoup de respect pour leur travail : ils sont le véritable service au public. A chaque visite, je me fais la remarque qu’il y a encore des services au public et des fonctionnaires qui fonctionnent.
Ou plutôt en l’espèce, qui fonctionnaient. Car le local a fermé ses portes en Juin 2020. Vous connaissez déjà l’explication officielle : le COVID bien sûr.
La fin annoncée du service au public
Désormais, si vous voulez obtenir un rendez-vous, connectez vous sur le site. La CPAM a probablement en ligne de mire la stratégie mise en place par l’URSSAF dont le site d’Anglet, sur le BAB, est depuis plusieurs années déjà fermé aux visiteurs. La porte d’entrée est cadenassée, il n’y a pas d’interphone, pas la peine de sonner personne ne viendra. D’ailleurs, il n’y a pas de sonnette. Un papier posé dans le sas vous informe que si vous avez une question, vous pouvez envoyer un e-mail.
Le service au public remplacé par des emplois de bureau
La pandémie du Covid a donné à l’Organisation étatique qui nous dirige nos vies (c’est à dire l’ensemble des femmes et des hommes qui ensemble exercent tous les pouvoirs exécutifs, législatifs, judiciaires, administratifs nationaux, régionaux et locaux) l’excuse parfaite pour accélérer l’atteinte de son vieil objectif : supprimer les contacts avec le menu peuple.
Pour l’Organisation, le problème du service au public, c’est que c’est un travail difficile, usant, fatiguant et, au fond, considéré comme inintéressant. La preuve ? Dans l’Organisation, servir le public est un emploi subalterne, déconsidéré par la hiérarchie et surtout mal payé. Servir le public, c’est pas pour les chefs. Comme le disait déjà Clémenceau : « les fonctionnaires, c’est un peu comme les livres dans une bibliothèque, ce sont les plus haut placés qui servent le moins. »
Les héros du quotidien, cet alibi
Bien sûr, la communication officielle de l’Organisation encense « les héros du quotidien » comme elle l’a fait au printemps 2020 pour le personnel soignant. Mais c’est pour maintenir le mythe (et faire oublier sa pathétique performance). Car pour un agent, obtenir une promotion c’est quitter le service au public pour un emploi de bureau.
Vous pourriez être tenté de croire que servir le public est la raison d’être du service public, de l’Organisation, mais ce serait une erreur. Je l’ai déjà évoqué, les objectifs de toute organisation, qu’elle soit publique, commerciale, associative, religieuse, militaire ou autre, est de grandir, se développer, augmenter son bien-être, sa richesse, étendre son pouvoir sur son environnement. Pour une organisation, satisfaire sa raison d’être, sa mission devient rapidement un objectif secondaire voire une nuisance : il est en effet plus pénible de travailler que de se prélasser dans l’organisation.
Dans le privé, le patron exige que son organisation remplisse sa mission. C’est pourquoi, quand elle fait du lard, il purge les états-majors des improductifs budgétivores. Rien de tel dans l’Organisation.
Une Organisation perverse
Depuis près de 50 ans, le nombre de bureaucrates inutiles de l’Organisation augmente deux fois plus vite que la population, tandis que décroit celui des fonctionnaires qui fonctionnent. Avec une grande perversité, elle veut faire croire aux Français que la déliquescence du service au public serait de leur faute : ce serait parce que nous ne payerions pas assez d’impôts que l’Organisation manquerait des ressources nécessaires à l’accomplissement de sa mission.
L’Organisation exige toujours plus de pouvoir et d’argent. Les fonctionnaires qui fonctionnent, ceux que nous respectons, ne sont qu’un alibi à sa voracité.
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De moins en moins de rameurs et de plus en plus de barreurs petits chefs, sous-chefs, chefs, contrôleurs etc…) qui vivent sur la bête !
La vie est belle ! Pourvu que ça dure …
@Pas Dupe- Ça dure
Tout est dit, très bien, ce n’est pas si compliqué à comprendre. Le phénomène est massif.
Il serait tellement plus simple de casser le monopôle de la sécu et de laisser ceux qui le souhaitent s’assurer dans le privé, mais, malheureusement le clientélisme en prendrait un coup . Pourtant il est illogique de baser un cotisation sur les salaires au lieu du risque . Le risque varie avec l’âge, le type d’activité ou d’autres facteurs et la rigidité de l’administration ne permet pas de prendre en compte ces éléments qui devraient être à la base des calculs des coûts . Le socialisme a toujours marché sur la tête, ce n’est pas demain que cela va changer, tant qu’il restera de l’argent des autres la stupidité aura un bel avenir, après ce sera le choeur des pleureuses …
Ça me rappelle cette vieille histoire “corse”:
Un touriste continental en vacances à Ajaccio ayant besoin de renseignements se rend un matin aux bureaux de la Sécu et trouve porte close.
Un homme armé d’un balai officie devant cette porte, à qui notre touriste demande: “Ils ne travaillent pas ce matin? ”
Réponse du balayeur: “Non! ne matin, c’est fermé. C’est l’après-midi qu’ils ne travaillent pas.”