Nous continuons notre analyse du discours de Christine Lagarde. La présidente de la BCE expose son objectif de piloter l’économie verte et numérique de l’ensemble de l’Eurozone à coups de centaines de milliards d’euro levés au travers d’eurobonds sur un marché des capitaux unifié. Nous vous suggérons en fin de lecture quelques dispositions patrimoniales pour amoindrir le coût de la folie verte et numérique de nos parasitocrates.
Comme pour le premier article, nos commentaires figurent en vert. N’oublions pas que madame Lagarde et les milliers de fonctionnaires de la BCE ne paient pas d’impôts. Ils ne souscriront probablement pas aux futurs emprunts obligatoires. Mais ils savent mieux que le marché – où s’exerce la concurrence et se confrontent les initiatives privées – ce qui est bon pour le futur de l’Europe, la croissance, l’écologie, etc. On sait comment ce genre d’aventures se terminent, en général par la ruine collective. Comment, à titre personnel, limiter ce désastre collectif ? Nous partagerons quelques pistes.
Discours de Christine Lagarde disponible en anglais ici.
Je vois au moins trois raisons qui paraissent sensées :
Premièrement les marchés de capitaux sont particulièrement bien adaptés à financer les secteurs d’avenir comme le vert et le numérique.
Bien que les banques aient un important rôle à jouer, les marchés de capitaux sont plus aptes à financer des projets avec un but défini, liant directement les investisseurs à l’effet qu’ils escomptent atteindre. Ils peuvent fournir des supports d’investissement plus innovants. Et ils sont meilleurs lorsqu’il s’agit d’attirer le soutien des investisseurs particuliers à des activités transformatrices.
Les marchés de capitaux verts non seulement aideraient la transition climatique mais aussi la transformation numérique de notre économie. Les investissements verts et numériques sont souvent les deux faces d’une même pièce. Par exemple, les technologies numériques telles que la mobilité urbaine intelligente, l’agriculture de précision, et les chaînes logistiques durables sont critiques pour la transition écologique.
Commençons par un peu de décryptage de jargon. Les marchés de capitaux (capital markets) sont le lieu de rencontre de ceux qui ont des excédents de capitaux et ceux qui ont des besoins de financement et qui ont décidé de ne pas passer par des banques. En contrepartie du capital, un titre (obligation ou action) sera émis. Les sommes en jeu sont plus importantes que par exemple lorsque l’entreprise GreenDigitalBullshit ira solliciter sa banque pour un nouveau projet de trottinettes d’aéroport ou de cyclo-poids-lourds en centre urbain.
Pour madame Lagarde, les marchés de capitaux permettraient mieux que les banques de financer des projets à but défini liant les investisseurs à l’objectif. Mais que font donc les banques d’investissement dans l’esprit de Madame Lagarde ? Elles financent des projets sans but et sans résultats attendus ?
La seconde affirmation de Christine Lagarde est très inquiétante, voire étrange : les supports d’investissement sont plus « innovants ». On sait ce que les bidules innovants tels que les CDS, MBS, et autres produits synthétiques nous ont apporté lors de la dernière crise financière.
La leçon aurait dû être retenue : rien ne vaut un emprunteur et un prêteur qui se connaissent et la faillite comme sanction d’une erreur. Mais la caractéristique de la parasitocratie est de ne pas apprendre de ses erreurs puisque cette caste n’en souffre pas.
Enfin, les « deux faces d’une même pièces » sont simplement de la poudre aux yeux. L’agriculture – qui est le secteur qui a fait le plus de gains de productivité depuis la Seconde guerre mondiale – n’a pas attendu les banquiers centraux pour innover que ce soit dans la mécanisation, les traitements et les semences. Elle n’a que faire de gadgets verts et numériques, en revanche un marché aux prix non réglementés et sans quotas (contrairement à ce que régente la PAC) lui conviendrait certainement mieux que tous les obstacles mis par des écologistes qui s’imaginent que les abeilles butinent des fleurs de betterave ou qu’il existe des charniers secrets de victimes du glyphosate…
La deuxième raison pour un marché unique des capitaux « verts » est que l’Europe est déjà chef de file des marchés domestiques de financement de l’écologie. Nous pouvons construire sur ces fondations solides.
L’Europe est l’endroit de choix où émettre des obligations vertes mondiales avec environ 60% de toutes les obligations vertes senior non garanties émises en 2020 sur ce marché. Et ce marché est en expansion rapide. Le volume total des obligations vertes émises dans l’Union européenne a été multiplié par 5 depuis 2015.
De plus, l’euro est la première devise mondiale de la finance verte. L’année dernière, environ la moitié des obligations vertes émises dans le monde s’est faite en euro. Ce rôle devrait s’étendre largement une fois que la transition écologique décollera dans le monde et que nous assisterons à un transfert de richesses entre génération vers les milleniums qui sont forcément concernés par le futur.
Passage totalement fumeux. Rappelons simplement que les obligations seniors non garanties ne sont adossées à rien. Le fait d’en émettre beaucoup ne signifie rien de positif puisque la BCE se livre à des rachats d’actifs. Tant que le capital d’un titre obligataire n’est pas remboursé, on ne peut pas statuer de la qualité ou de la santé d’un marché qui négocie ce titre.
Que l’Eurozone soit chef de file d’une expérience sans précédent est tristement vrai. Les États-Unis, sous la présidence de Trump, s’était retirés de l’accord de Paris sur le Climat. La Chine et la Russie s’en moquent.
Quant au transfert de richesses entre générations, encore faut-il avoir une richesse à transmettre. Des piles de dettes ne constituent pas un héritage convoité.
Troisièmement, un marché unique des obligations vertes est un secteur dans lequel nous avons le potentiel de progresser rapidement puisqu’il n’est pas confronté aux mêmes défis que les marchés de capitaux traditionnels.
La Commission européenne travaille à finaliser un véritable marché unique des capitaux mais cela prendra du temps, notamment parce que les marchés de capitaux se sont développés nationalement. Ceci signifie que nous devrons d’abord ouvrir et harmoniser ces marchés dans le but de les intégrer pleinement.
Mais ici, nous avons une véritable opportunité de construire d’emblée un authentique marché des capitaux européens. C’est pourquoi, selon moi, des initiatives spécifiques dans le cadre du plan de marché de capitaux unifié devraient être entreprises rapidement même si elles ne sont pour l’instant qu’applicables à la finance durable [sustainable au sens écologique].
Nous avons besoin d’une véritable supervision européenne des produits financiers verts avec un sceau officiel de l’Union européenne tel que celui des eurobonds verts à venir. Nous avons besoin d’un traitement fiscal harmonisé des investissements dans la finance verte afin d’empêcher les fragmentations nationales. Et nous avons besoin de plus de convergence dans l’efficacité des cadres nationaux d’insolvabilité ce qui peut même impliquer de graver des procédures spéciales pour la finance verte.
Si nous réussissons, cela ne fera pas qu’accélérer la transformation de nos économies, cela motivera de généraliser le marché unifié des capitaux car nous aurons testé et mis en place certaines des mesures nécessaires pour progresser dans l’intégration des marchés de capitaux.
Ce double dividende est, selon moi, une trop belle opportunité pour la laisser échapper. Les changements institutionnels en Europe prennent souvent plus longtemps que ce que nous prévoyions. Mais démontrons, une fois que nous serons impliqués, que ce changement peut arriver plus vite que ce que nous pensions.
En substance, le marché unifié des obligations vertes sera le laboratoire de la BCE pour le marché unifié des obligations souveraines, des eurobonds, donc de la perte des souverainetés nationales. Il deviendra alors institutionnalisé que la France peut s’endetter avec la note de crédit de l’Allemagne. De la même façon que celui qui souscrit à un bon du Trésor américain se moque de connaître l’état des finances du Michigan ou du Texas. Son créancier est l’État fédéral américain pas le Texas ou le Michigan. C’est très bien car c’est ainsi que les Américains l’ont voulu. Par la suite, l’État fédéral a pris de plus en plus d’importance…
Le projet de l’Europe était initialement d’ouvrir un marché de libre échange de biens et services et de circulation des individus.
Ce projet a dévié vers une réglementation tatillonne, un empilement de protectionnisme.
Le projet actuel des europhiles est l’intégration totale, le fédéralisme à marche forcé. Leur cheval de Troie est une prétendue avancée écologique et numérique. Les collabos sont les adeptes du capitalisme de copinage, les amateurs de subventions.
Ce que madame Lagarde oublie de dire est que le grand marché unique de capitaux existe déjà de façon larvée, hypocrite et honteuse. Des montagnes d’obligations souveraines nationales ont été émises qui ne seront jamais remboursées. Ces créances pourries figurent au bilan de la BCE qui les a rachetées sur les marchés nationaux. Le marché unique des capitaux est totalement administré par la BCE. Il nous a conduit aux taux négatifs.
Si la France devait s’endetter sans s’abriter derrière la solvabilité de l’Allemagne, nous aurions déjà dû dévaluer à plusieurs reprises. La SNCF, Air France, l’Assurance maladie, et tant d’autres fleurons de notre économie soviétisée auraient déjà coulé.
La résistance de l’Allemagne à ce stupide projet de gâchis d’immenses ressources financières et industrielles sera déterminant. Si les Allemands s’insurgent et ne couvrent pas les cigales nous aurons une nouvelle crise de la « dette en euro ». Ou alors, d’une façon ou d’une autre, les pays solvables de l’Eurozone, Allemagne en tête, tenteront de mettre les pays faibles – dont la France – sous tutelle financière
La débâcle de ce projet d’UERSS est programmée, comme la débâcle de toutes les économies planifiées et de tous les projets constructivistes cannibalisant les énergies.
Pour limiter les dégâts de votre côté quelques actions à prendre :
- Ouvrez un compte bancaire dans un pays proche mais hors zone euro. Pourquoi pas le Royaume-Uni. Évidemment, vous mouvementerez ce compte prudemment (
- Pour vous protéger d’une chute de l’euro pensez aussi à contracter l’assurance ultime, l’or. (voir à ce sujet notre article sur comment acheter, quoi et où)
- Tenté par l’expatriation pour ne pas vous faire vampiriser ? Visitez les pays résistants au collectivisme vert, numérique ou fiscal. Je parle des pays qui ne veulent pas signer l’accord sur le taux minimum d’imposition des sociétés : l’Irlande, la Hongrie, l’Estonie en Europe. (Pour mémoire, les autres sont La Barbade, le Kenya, le Nigeria, le Sri Lanka, Saint-Vincent, les-Grenadines)
- Anticipez transmissions et donations car attendez-vous à ce que la matraque fiscale s’abatte vite et fort. Bien que la planche à billets fasse des miracles (si l’on en croit les faux-monnayeurs officiels) l’impôt subsiste en complément de financement de toutes leurs âneries. Et quand les âneries se multiplient, les impôts aussi.
- Pour les cyniques, ne dédaignez pas à court terme les investissements écolos. Le capitalisme de copinage va, dans un premier temps, connaître un essor florissant.
Cependant, n’oubliez jamais d’appliquer la stratégie du cafard. Cet insecte survit depuis des millions d’années grâce à un principe très sain : fuir son prédateur. Les meilleurs investissements (les meilleures entreprises) sont ceux qui n’ont rien à voir avec l’État, qui n’ont besoin ni d’aides ni de subventions pour être rentables.
Bonjour
Rien contre une planification au lieu de la navigation à vue (vue des cours des bourses)
Une planification écologique? On n’y est pas.
Enfin, malgré la détestation du “socialisme réel” soit la perversion du communisme qui a donné
ce qu’on connait, rappelons que sous l’urss il n’y avait pas de chômeurs
ni de gens dormant dans la rue. Certes des appartements collectifs mais dites-moi : vos enfants ont-ils des appartements ou vivent-ils comme beaucoup en coloc?
Le Kpitalisme florissant offre-t-il un beau paradis pour tous?
Réalistement votre.
Curieux que ce modèle n’ait pas eu de descendance, non??
Remarquable travail de démystification. L’ue est un repère de grigous. Et malins, dans tous les sens du terme. J’apprends par ce texte que ces gens ne payent pas d’impôts ???????? Je suis quand même surpris. Quelle planque!! Zéro responsabilité, zéro solvabilité, zéro impôt. Par rapport au soviétisme de jadis on peut dire qu’ils ont amélioré le concept. Faudra t il 70 ans pour arrêter la casse? Je peine à mesurer le degré d’exaspération des électeurs allemands. Sont ils eux aussi pris en charge dès leur jeune âge par des rééducateurs décerveleurs socialo?
En tout cas merci pour le tuyau concernant l’échappatoire estonienne.