Samedi 12 mars, le ministère de la Défense ukrainien a révélé qu’il va utiliser la technologie de reconnaissance faciale proposée par la startup américaine Clearview Al selon Reuters. Ce moteur de reconnaissance faciale va permettre à Kiev d’identifier les assaillants russes, mais aussi de connaître l’identité des morts.
Recours à la technologie de reconnaissance faciale
Selon Reuters, le directeur général de Clearview Al, Hoan Ton-That, a proposé à Kiev d’utiliser sa technologie de reconnaissance faciale après l’invasion russe. Apparemment, le ministère de la Défense ukrainien a décidé de recourir à cet outil innovant depuis samedi même s’il n’a pas voulu le reconnaître.
Le recours à cet outil innovant pourrait être d’une aide précieuse aux autorités ukrainiennes. En premier lieu, ce moteur de recherche de visages permettra à l’Ukraine d’identifier les personnes qui nécessitent un contrôle ainsi que les agents russes. Cela permettra au gouvernement ukrainien d’éviter la désinformation et les faux messages – ou d’en déclencher lui-même.
Selon le conseiller de Clearview qui est un ancien diplomate de l’administration Obama, l’outil en question faciliterait également l’identification des morts, surtout en cas de dommages faciaux. En ajout à tout cela, la technologie de reconnaissance faciale de Clearview peut aussi devenir un outil efficace pour aider les réfugiés séparés de leurs familles à se retrouver.
Quelques détails sur la technologie de Clearview
Selon le fondateur de l’entreprise, Clearview dispose plus d’une base de données comportant plus de 10 milliards de photos, incluant plus de 2 milliards d’images en provenance du service des médias sociaux russe VKontakte.
Selon M. Ton-That, cette base de données pourrait aider l’Ukraine à identifier les morts plus facilement qu’en essayant de faire correspondre des empreintes digitales. La reconnaissance fonctionne même en cas de dommages faciaux.
En effet, des recherches menées par le ministère américain de l’énergie ont montré que la décomposition des corps réduisait l’efficacité de la technologie, tandis qu’un article publié lors d’une conférence en 2021 a montré les résultats prometteurs de cette technologie.
Toutefois, M. Ton-That a annoncé que cette technologie de reconnaissance faciale ne devrait pas être le seul outil utilisé. Par ailleurs, il a déclaré que son utilisation devrait être appliquée dans le respect des Conventions de Genève.
Selon le directeur général de Clearview, comme les autres utilisateurs, les utilisateurs ukrainiens sont tenus de présenter le motif de la recherche avant de pouvoir recevoir l’information souhaitée.
Pour rappel, Clearview, qui vend principalement ses produits à l’armée américaine, fait l’objet de poursuites judiciaires aux États-Unis . La société est accusée de violer le droit à la vie privée en prélevant des images sur le Web.
Dans ce conflit, Albert Fox Cahn, directeur exécutif du Surveillance Technology Oversight Project à New York, a déclaré que la reconnaissance faciale pourrait mal identifier les gens aux points de contrôle et au combat.
Une mauvaise identification pourrait entraîner la mort de civils, sans parler des arrestations injustes, il a déclaré que : « une fois que vous introduisez ces systèmes et les bases de données associées dans une zone de guerre, vous n’aurez aucun contrôle sur la manière dont ils seront utilisés.”
Clearview affirme que sa collecte de données est similaire au fonctionnement de la recherche Google. Pourtant, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et l’Australie, ont jugé ses pratiques illégales.
A noter qu’en pleine crise de covid, la France avait déjà participé à l’utilisation inavouée du logiciel de Clearview AI, grâce à un système de vidéosurveillance (du port du masque dans le métro) à titre expérimental avec le décret du 11 mars 2021.