Le nationalisme numérique, l’une des grandes peurs de Davos

Le nationalisme numérique, l’une des grandes peurs de Davos


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Un rapport du Forum économique mondial qui se déroule actuellement à Davos a révélé les scénarios possibles de la mondialisation dans le futur. L’un d’entre eux est baptisé « réseaux analogiques : nationalisme virtuel ». Le nationalisme virtuel serait-il devenu la grande peur de Davos ? De quoi parle-t-on exactement et quelles pourraient être les implications de ce scénario ?

Le livre blanc intitulé « quatre avenirs pour la mondialisation économique : scénario et leurs implications » décrit la manière dont la nature de la mondialisation pourra changer à travers l’utilisation d’une matrice 2×2 structurée selon les voies d’intégration et de fragmentation.  Le rapport présente quatre scénarios (figure 1) : mondialisation 5.0 et scénario de reconnexion, réseaux analogiques et nationalisme virtuel, domination numérique et plateformes agiles, monde autarcique et fragmentation systémique. Ayant généré une interdépendance de nombreux pays, la mondialisation peut être considérée comme une solution efficace pour lutter contre la pauvreté. Cela dit, elle a aussi provoqué des inégalités et des perturbations économiques. Comme l’avait prédit Larry Fink, Directeur général de BlackRock,  «C’est la fin de la mondialisation telle que nous l’avons connue ces trente dernières années ».

Réseaux analogiques : nationalisme virtuel

L’un des scénarios de la mondialisation future est celui du nationalisme virtuel, parallèle au maintien d’échanges physiques réels. C’est, avec la survenue d’un monde autarcique, le deuxième pire scénario d’évolution de la mondialisation d’ici 2027, l’un de ceux qui font peur à Davos.

Après la crise sanitaire et les conflits géopolitiques qui ont marqué cette décennie, les gouvernements mondiaux persistent à croire aux avantages de la coopération. C’est un moyen qui garantirait à leurs populations l’accès facile à la nourriture, aux énergies et à divers biens importants comme les métaux.

Ce scénario met en évidence que l’intégration physique est redynamisée par la reprise des échanges des biens, notamment des produits de base stratégique. Toutefois, la course technologique devient de plus en plus flagrante et cela va générer une désintégration ou fragmentation virtuelle.

En effet, les gouvernements œuvrent actuellement à avoir plus de contrôle. Du coup, les entreprises font face à des réglementations à la fois strictes et contradictoires. Les problèmes de cybersécurité s’intensifient également. En outre, une forme de mécontentement à l’égard de la concurrence et des considérations culturelles apparaît et elle s’amplifie au fil du temps.

Tout cela fera naître une réaction violente contre les plateformes numériques mondiales et les entreprises œuvrant dans le domaine de la technologie moderne. Elles sont accusées d’être la principale cause du problème. En effet, on les considère comme des sources de divergences et de vulnérabilité.

On assiste également à une émergence de nombreuses fractions. Le contrôle étatique sur la liberté d’expression numérique est de plus en plus fort. Des réglementations inadéquates en matière de vie privée et des nouveaux pare-feu apparaissent. En ajout à tout cela, le risque de désinformation est en accru.  De plus, on voit apparaître de plus en plus des applications de fintech, de biotech et d’intelligence artificielle, ainsi que de devises numériques. En somme, il y a un véritable monopole, ce qui rend le partage et la diffusion de l’innovation difficile.

Les implications

Quelles sont les implications de cette forme de la mondialisation ? Évidemment, la fragmentation virtuelle aura des conséquences négatives.

  • Une coopération économique plus complexe

En effet, la fragmentation virtuelle a généré une stagnation de l’innovation collaborative en matière de technologies, services et production. Certes, il existe une intégration des flux commerciaux et cela permet une diversification d’approvisionnement en produits de base stratégique. Pourtant, elle est fragilisée par les contraintes sur le plan numérique et la hausse des risques de cyberattaques.

De plus, il y a aussi une fragmentation au niveau des services financiers numériques. Cela rend les échanges difficiles et compromet l’intégration commerciale à l’échelle internationale. Les pays en développement qui ne disposent pas d’une infrastructure numérique bien développée sont désavantagés. Ils ne peuvent pas accéder aux informations mondiales et aux flux technologiques suite à un manque de connectivité.

  • Les projections concernant l’économie numérique ne se réalisent pas

Selon les prévisions, 70% de la valeur créée dans l’économie mondiale entre les années 2020 et 2030 devraient provenir des modèles de business numériques. Mais elles ne sont pas réalisées. La concurrence stratégique concernant les technologies, la divergence des normes industrielles et la stagnation de la production résultant de la fragmentation virtuelle rendent impossible la reprise des chaînes de valeur régionales après les perturbations.

Il ne faut pas oublier que les industries axées sur la technologie incluant notamment l’aviation, les véhicules électriques, la médecine et l’électronique sont généralement regroupées dans des petites régions. Elles ont vu leur production diminuer au fil du temps en raison des nombreux blocages sur le plan technologique et virtuel.

  • Ralentissement du développement des technologies vertes

Cette nouvelle forme de mondialisation peut aussi générer un ralentissement du développement des technologies vertes.  En effet, la fragmentation virtuelle va réduire l’innovation dans ce domaine. Il devient difficile d’améliorer et d’accroître les solutions qui permettent d’abandonner les sources d’énergie polluantes. Pourtant, la dépendance aux énergies à base de carbone engendre une hausse du coût de la vie.

Pour couronner le tout, les rivalités sur le plan politique, qui s’intensifient, renforcent la fragmentation virtuelle. Elles sont provoquées par le protectionnisme accru en matière de propriété intellectuelle, confortant la désinformation et la cyberguerre.

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