L'auteur en se reposant sur les écrits d'Édouard Drumont, tente de chercher une explication à l'absence de réaction du monde moderne, l'ataraxie, mieux même la prostration...
« Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d’ataraxie, d’impassibilité générale, qui n’est point l’ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n’agit ».
Le cœur ne bouge plus trop :
« Les physiologistes connaissent bien ces phases passagères où le cœur est inexcitable. L’organe où l’humanité puise sa flamme a soudain des moments de repos, d’hébétude, de torpeur après lesquels il reprend son fonctionnement… À l’heure actuelle, malheureusement, ce n’est plus par saccades, c’est toujours que le cœur ne répond plus aux excitants. Et comme ce bourdon, qui rythme nos artères, nos expansions et nos violences, dépend lui-même du cerveau, c’est toujours au cerveau qu’il faut chercher la cause des défaillances et des sommeils ».
Et Drumont de s’interroger :
« Comment s’étonner alors que la lassitude saisisse ces entendements secoués, non plus la saine lassitude du travail, où se puisent des forces nouvelles, mais la dépression atonique où l’on a l’illusion de la vigueur ? ».
Le monde moderne est là et son absence de réaction (sauf pour aller se vacciner ou pester contre le fascisme ou la Russie – toujours par conformisme et conditionnement) :
« La Mort gagne le monde par l’insensibilité, par l’anesthésie. Cette anesthésie sociale, que l’on appelle l’ataraxie, envahit les masses, comme sa sœur envahit les êtres. Elle débute d’ici, de là, par plaques qui se rejoignent et couvrent bientôt le corps tout entier. Certaines régions intermédiaires jouissent d’une fausse excitation que l’on retrouve avant tous les désastres. Celui qu’attend la congestion bâtit des projets bienheureux ».
Le temps est à l’optimisme paresseux :
« Nous autres, au bord du gouffre, nous affirmons le Progrès indéfini, une ère joyeuse et libre. Au fond, nous ne croyons même pas à Demain, et nous nous en occupons très peu ».
Nous sommes entourés de frivoles :
« Les frivoles rient jusqu’à la mort ; les esprits moins légers, ceux qui réfléchissent sur les spectacles que la vie déroule devant eux et qui s’irritent de ce qu’elle leur cache, ne peuvent se défendre de la tristesse qui se dégage de tout ».
On chasse le pessimisme (il n’ y pas de grand remplacement, pas de gouvernance mondialiste, pas de dictature sanitaire, pas de complots…) :
« Les Français modernes n’ont rien de tout cela. Les troublantes théories de Schopenhauer comme les belles désespérances de Tolstoï, vastes et désolées comme des steppes, les laissent parfaitement indifférents. Intellectuellement, c’est trop fort pour eux, trop étendu d’horizon, trop intense de pensée; cela les obligerait à trop de méditation ».
On se contentera de peu intellectuellement, spirituellement :
« La conception que les Français contemporains ont de la vie n’a d’analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d’abord que si la vie moderne s’est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s’est singulièrement simplifiée au point de vue moral ; comme une espèce de Peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport ».
Le monde moderne a créé son homme rond-de-cuir en France, pays de la Révolution (voyez nos textes sur Cochin) et du bourgeois (Taine) :
« Le régime moderne a créé, on peut le dire, un type d’être spécial que l’on serait tenté d’appeler le contribuable; car, en réalité, si on demandait à beaucoup d’hommes de ce temps pourquoi ils sont sur la terre, ils seraient bien embarrassés de répondre et finiraient par vous dire : – Ma foi, pour faire notre service militaire, pour acquitter nos contributions et pour payer notre terme. »
S’ensuit une belle comparaison animale :
« Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale; ils sont comme les méharis qui s’agenouillent pour qu’on puisse les charger plus facilement, ou comme les chevaux de renfort d’omnibus qui, leur besogne faite, vont tout seuls rejoindre leur place au bas de la montée et attendent là qu’on les attelle de nouveau… ».
Les gilets jaunes ne retourneront pas dans les rues, en tous cas en masse, car ils ont payé et continuent à payer un lourd tribu : notre soit-disant démocratie les a massacrés avec le soutien des médias mainstream et d’un grand nombre de la grande et de la petite élite pour ne pas dire la totalité.
Jérôme Rodriguez explique très bien ce qu’il en est dans une vidéo récente facilement retrouvable sur le net.
Alors, qui reste t-il pour faire le « boulot » ? Il semblerait que ce soit à la classe moyenne d’y aller ou alors aux intellectuels mais ils ronchonnent (question d’âge) et/ou ne cessent de s’étonner que les « gilets jaunes » ne réagissent pas par exemple à la situation inflationniste (Au passage Anice Lajnef nous dit que les perdants sont nombreux : les « travailleurs » qui subissent un impôt qui ne dit pas son nom ainsi ceux qui épargent en cache ou sur un petit livret : une spoliation organisée. Mais il y a également un autre perdant : la démocratie : encore!).
Pour revenir sur la peur, c’est d’ailleurs très bien perçu pour ne pas dire organisé par le gouvernement puisque qu’à en croire un tweet l’ancien préfet de Paris aurait prévenu les manifestants inutiles éventuels d’une possibilité de tir à balles réelles (à vérifier ! mais je ne vais pas vous apprendre que ça imprègne les cerveaux).
Et c’est aussi sans compter sur l’autre division entretenue entre les vaccinés et les non-injectés, bientôt les gens qui ont du chauffage et ceux qui vont connaître la précarité énergétique même avec un col roulé. Bientôt viendra le tour des vieux à qui l’on dira de dégager le plancher, etc. etc.
Je ne sais pas quelle va être la solution car il en faudra bien une, mais j’ai trouvé que le changement de stratégie qui consiste à nommer vraiment les choses de l’équipe du CSI qui s’est adjoint dans ses rangs d’autres membres notamment une psychologue clinicienne / docteur en psychopathologie remarquable, une juriste très compétente qu’eric W a déjà Interviewé au CdS et un philosophe brillant est efficace. Ils ne se limitent plus à traiter du sujet du covid mais nous font toucher du doigt le pire (je mets deux liens pas forcément récents : le 1er est une intervention de V Pavan qui évoque l’OPECST et le 2ème est un écrit de Medhi Belhaj Kacem qui vaut le détour. Je n’ai pas retoruvé les vidéos de Saintes de l’équipe du CSI : dommage ! Si quelqu’un à le lien ? :
https://anthropo-logiques.org/les-politiques-sanitaires-ont-ete-imposees-a-partir-de-fraudes-scientifiques/ ;
https://www.francesoir.fr/sites/default/files/pdf/remarques_sur_la_desorientation_dalain_badiou_et_des_intellectuels_en_general.pdf
Bonjour. Votre description de la prostration des individus, exact!!! . Certains renseignés disent: on verra bien!!! Le jour où ils verront, cela sera trop tard!!! Ils se conduisent en immortels!!! Où sont les guerriers????
Servitude volontaire. On ne bosse pas on ne vote pas on ne manifeste pas alors on ricane en faisant la queue pour bouffer à Bordeaux ; et surtout on ne se plaint pas.
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/11/24/des-etudiants-de-bordeaux-poireautent-sous-la-pluie-pour-bouffer-dans-lobscur-mais-attends-ils-ricanent-papotent-et-font-du-smartphone-personne-ne-va-bosser-ni-bouffer-donc-on-se-contente-detre/
Pour compléter Drumont (sur cette ataraxie sociale et elle seule) relire Hannah Arendt sur la banalité du mal :
https://platypus1917.org/wp-content/uploads/2014/01/arendt_eichmanninjerusalem.pdf
Très bon conseil Hannah Arendt. Merci Nicolas. Pourquoi arrêter le blog, une tite pause peut être?