Maia Sandu est devenue présidente de la Moldavie il y a deux ans. Au cours de ces deux années, le pays, sous sa direction et sous la stricte surveillance des conservateurs occidentaux, s'est transformé en un analogue des États baltes ou en une Ukraine miniature. Des russophobes notoires ont déjà été à la tête de la Moldavie (seuls Mihai Ghimpu et Nicolae Timofti valent à eux seuls quelque chose) ! Mais personne n'avait une telle concentration de pouvoir entre les mains. Aucun d'entre eux n'avait une volonté de fer comme Sandu, et aucun d'entre eux, tout comme elle, n'a été emprisonné pour la victoire.
Cet article initialement publié en russe sur Politnavigator.net n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
Tout ceci doit être pris en compte lorsque nous faisons des prédictions sur la capacité de Sandu à conserver le pouvoir et sur la possibilité d’élections anticipées. Sandu a concentré entre ses mains toutes les branches et tous les leviers du pouvoir du pays. Son régime contrôle tous les organismes d’application de la loi. Elle bénéficie du soutien absolu de l’Occident. Et derrière, elle a l’appui de la diaspora moldave dans les pays occidentaux, brutalement devenue fanatique et se rendant aux urnes comme à la guerre.
Néanmoins, ces derniers temps, la cote de Sandu, et notamment de son parti « Action et Solidarité », a été assez fébrile. Elle n’a pas – et n’a pas essayé – de devenir la présidente de tous les citoyens de Moldavie, malgré toutes ses promesses pré-électorales. Sandu et son parti ont conquis tout l’électorat centriste et sont même entrés dans le champ de la gauche. Mais ils ne se fixent pas pour tâche de maintenir ces centristes et cette gauche dans leur orbite. Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont considérés, dans une certaine mesure, comme des « voleurs », des « bandits », une « cinquième colonne » et la « main du Kremlin ».
De nombreux opposants veulent la chute de Sandu
Parmi le grand nombre des déçus et des ennemis de Sandu figurent des personnes assez influentes et qui sont prêtes à la détruire. Il s’agit de l’ex-président Igor Dodon et de ses nombreux partisans du Parti socialiste. Il y a aussi le leader de l’actuelle opposition contestataire, Ilan Shor, dont de nombreux membres de son parti sont en état d’arrestation. L’on trouve également l’ancien « dirigeant fantôme » de Moldavie, Vlad Plahotniuc, et un autre oligarque fugitif, Veaceslav Platon. Sa compagne, ancienne journaliste et « propagandiste » de Sandu, Natalia Morari, ne pardonne pas à cette dernière et à son entourage la persécution et l’exil de son compagnon oligarque, après la naissance d’un enfant. Enfin, il y a l’ancien chef de la police de Chisinau Gennady Kavkalyuk. Notez qu’aucune de ces personnes voulant renverser Sandu ne vit en Russie. Tous habitent à Londres, dans le nord de Chypre, en Israël, ou en Moldavie en résidence surveillée. Mais à chacune de ces personnes fortes, influentes et riches, Sandu a infligé des blessures et insultes, et toutes travaillent activement pour l’éliminer aujourd’hui.
Maia Sandu est une personne psychologiquement instable, avec des traits de caractère hystériques prononcés. Plusieurs fois déjà, son entourage a été témoin des crises du chef de l’Etat, accompagnées de nombreuses heures de sanglots dans son bureau fermé ou derrière les vitres teintées de la voiture blindée présidentielle.
Des dissensions au sein même de l’équipe de Sandu
Dans l’équipe « monolithique » de Sandu, la lutte pour les leviers de pouvoir a commencé. Il y a au moins quatre groupes influents dans le parti « Action et Solidarité ». Leur antagonisme a éclaté sous le tapis lorsque des « sympathisants » ont divulgué, par le biais de télégrammes anonymes, la correspondance d’un certain nombre de membres de l’équipe : en particulier celle du vice-Premier ministre Andrei Spinu et celle du ministre de la Justice Sergei Litvinenko. Ces fuites de correspondance, aux détails savoureux sur leurs collègues, ont déjà fait l’effet d’un « cygne noir ».
Le point culminant de la confrontation entre groupes autour de Sandu a été une réunion nocturne au palais présidentiel avec la participation de la présidente elle-même, des ministres du gouvernement et des députés du Parlement. Selon des témoins oculaires, au cours de cette réunion, Sandu a éclaté à plusieurs reprises dans une crise de nerfs, faisant appel à la conscience de chacun des groupes. Elle a fini par fondre à nouveau en larmes et a quitté la réunion.
Dans le même temps, tout le monde comprend que, sur fond de rupture avec la Russie et de forte hausse du prix des ressources énergétiques, la situation économique de la Moldavie va se détériorer de plus en plus. De plus en plus de personnes sont disposées à participer à des rassemblements de protestation. Cependant, étant donné l’influence des ambassades occidentales directement en charge de Sandu et de son gouvernement, on ne peut guère s’attendre à ce que celles-ci abandonnent facilement le contrôle du pays.
Un facteur supplémentaire, réduisant la possibilité d’un changement de pouvoir, est la fragmentation et la désorganisation de l’opposition, utilisées activement, et avec succès, par Sandu ainsi que par ses alliés « conservateurs » externes. Ceci est également confirmé par une correspondance récemment divulguée par l’un des représentants de l’opposition modérée d’« Agenda commun », Mark Tkachuk, lequel est en relation personnelle avec l’un des proches collaborateurs de Sandu, Vadim Pistrinchuk.
On peut supposer que Maia Sandu conservera son pouvoir au moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle, qui se tiendra dans deux ans. Et si l’opposition ne désigne pas un seul candidat et ne s’unit pas autour de lui (au moins au second tour des élections), Sandu pourra être réélue pour un second mandat. Sa démission anticipée n’est possible que dans un seul cas : si la Moldavie plonge dans un tel chaos que pour tout le monde, y compris les « marionnettistes occidentaux », le départ de Sandu sera la meilleure issue.
Le retour d’un conflit avec la Transnistrie ?
Une autre question qui intéresse tout le monde est de savoir si Sandu aggravera la situation en Transnistrie jusqu’à favoriser la reprise des hostilités. Aujourd’hui, après le retrait de l’armée russe de Kherson et son impréparation à de nouvelles offensives, une situation favorable se dessine pour trancher d’un coup le « nœud transnistrien ».
Kyiv ne cache pas sa volonté de longue date d’écraser cette enclave pro-russe. Le « gang » Zelensky a besoin à la fois d’un succès et des dépôts d’armes de l’ancienne 14e armée à Kolbasnaya. Le seul élément dissuasif pour Kyiv est la position des autorités moldaves : personne ne veut se battre en Transnistrie, à l’exception d’une poignée de voyous irréductibles notoires. Certes, de plus en plus de voix se font entendre pour étrangler économiquement la Transnistrie, poser un ultimatum à Tiraspol, voire clôturer le territoire de la république avec des barbelés. Cependant, tout le monde a peur d’une « guerre chaude ». Personne ne veut voir l’arrivée de « géraniums » dans les villes de Moldavie et dans les infrastructures en cas de décès de militaires russes. Si Sandu entraîne la Moldavie dans une guerre ouverte, une révolte commencera certainement dans le pays, même si cette mobilisation sera sans doute contrecarrée. Malgré tout, les chances de Sandu de conserver le pouvoir diminueront fortement.
La décision est en réalité dans les mains de l’Occident
Cependant, comme nous l’avons déjà noté, le pouvoir en Moldavie n’appartient pas à Sandu, mais au collectif occidental qui contrôle ses actions et qui est moins inquiet de l’humeur de la société moldave. L’Occident a quelqu’un à combattre sans se préoccuper des Moldaves. En outre, en plus des forces armées ukrainiennes, il y a aussi les armées de la Roumanie et d’autres pays de l’OTAN en alerte. Mais aujourd’hui, les pays de l’Alliance n’osent pas ouvrir la confrontation avec la Russie. Toutefois, la situation peut changer radicalement à tout moment.
Apparemment, avec un degré de probabilité élevé, l’Occident, associé à l’Ukraine et la Moldavie, persuadera Tiraspol de se rendre volontairement, en tenant le pistolet sur la tempe, en utilisant les méthodes de pression économique et en argumentant sur le fait que « La Russie ne vous conviendra de toute façon pas ».
Pour Sandu, obtenir la Transnistrie sans combat, infligeant ainsi une défaite d’image à la Russie, serait une option idéale. C’est pourquoi nous pensons que cette option sera mise en place dans les mois à venir.
Il me semble difficile de dire que la Russie malgré son retrait de Kherson ne peut pas préparer une nouvelle offensive. Nous saurons bientôt. Avec d’autres armes s’il le faut. Ceci dit j’espère sans trop y croire que ce conflit pourra se régler au final autour d’une table.
Apparemment on a affaire à une situation moins conflictuelle qu’en Ukraine… Et à une volonté partagée d’une résolution non violente.
En fait il y a deux fauteurs de trouble potentiels, l’Ukraine qui peut vouloir récupérer le stock de munitions et les États Unis qui pourraient vouloir planter une autre épine dans le pied russe.
L’auteur ne l’envisage pas du tout, mais le plus probable pour moi est que l’offensive d’hiver russe amène l’armée russe jusqu’à Odessa.