Malgré les sanctions, et les pressions des pays limitrophes particulièrement tenaces de l'Union européenne, la Belgique continue d'acheter des diamants russes. De leur côté, la Pologne et la troïka balte font pression pour que les diamants soient inclus dans la prochaine série de sanctions de l'UE contre la Russie.
Cet article initialement publié en russe sur Politika-ru (par Andreï Iachlavski) n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
Selon The Guardian, la Belgique, malgré le conflit en Ukraine, continue d’importer des diamants de Russie, bien qu’en quantités beaucoup plus faibles qu’auparavant. Ainsi qu’on le sait, l’UE a cessé d’importer du charbon de Russie. Elle élimine progressivement la plupart du pétrole russe et elle a cessé d’acheter de nombreux produits, notamment de l’or, du caviar et de la vodka. Cependant, les diamants ont à maintes reprises évité la liste des sanctions.
Le commerce des diamants en Europe ne concerne que la Belgique
C’est d’autant plus frappant que le commerce ne concerne qu’un seul État membre de l’UE : la Belgique, bien qu’elle ait toujours déclaré qu’elle participerait aux mesures d’interdiction. Or, le commerce se poursuit malgré la pression du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait déclaré au parlement belge en mars dernier que « la paix vaut plus que n’importe quel diamant ». De ce fait, la Pologne et les pays baltes font à nouveau pression pour que les diamants soient inclus dans la prochaine série de sanctions de l’UE, la neuvième. De hauts responsables ont promis de faire adopter cette sanction particulière avant la fin de l’année.
Pendant ce temps, les États-Unis ont interdit l’importation de diamants non industriels en provenance de Russie et le Royaume-Uni, de son côté, a imposé en mars des sanctions à Alrosa. Mais aucun autre pays n’a un aussi grand centre de négoce de diamants que la Belgique. L’Anvers belge fait le commerce des diamants depuis le XVe siècle. Selon l’association professionnelle Antwerp World Diamond Center (AWDC), environ 1.700 entreprises et 4.500 négociants achètent et vendent des diamants dans la région du diamant compact.
Avant le conflit en Ukraine, 25 % des diamants bruts transitant par Anvers provenaient de Russie. Selon les statistiques de la Banque nationale de Belgique relevées par The Guardian, le « plat pays » a importé pour 1,8 milliard d’euros de diamants russes en 2021 et 1,2 milliard d’euros au cours des huit premiers mois de 2022. Mais ce commerce a pris la forme d’une « montagne russe » en 2022, avec une forte augmentation à 393,8 millions d’euros en juin avant de s’effondrer ensuite. Pour exemple, la Belgique a importé pour 35,9 millions d’euros de diamants russes en août 2022, contre 215,4 millions d’euros pour le même mois de 2021, soit une baisse de 83 % d’une année sur l’autre.
Un secteur en crise qui anticipe la disparition prochaine des petits diamantaires d’Anvers
Tom Neiss, un porte-parole d’AWDC, a déclaré que la flambée de juin reflétait des transactions de diamants qui étaient déjà conclues avant le déclenchement du conflit en Ukraine. Une fois « l’opération spéciale » déclenchée, l’industrie a plongé dans l’incertitude, laissant des milliers de métiers en suspens. « Pendant trois mois, une petite armée d’avocats a dû enquêter pour savoir si tous les accords conclus étaient en règle, s’ils respectaient tous l’évolution de la réglementation aux États-Unis et en Europe. Ils devaient trouver constamment des solutions logistiques », explique Tom Neiss. Ce dernier, malgré une forte baisse des volumes commerciaux depuis juin, rejette l’interdiction d’importer. Pour lui, Anvers doit rester « une porte ouverte pour les entreprises qui n’ont pas le choix… Le plus important pour nous est que ces entreprises aient la possibilité de s’adapter aux nouvelles conditions du marché ».
L’expert poursuit son analyse en considérant que si les grandes entreprises ont des alternatives aux diamants russes, pour les petits commerçants, « c’est très difficile… et alors ils disparaitront s’ils n’ont pas d’alternative. Dans certains secteurs de niche, il n’y a pas d’alternative aux diamants russes », prenant pour exemple les diamants industriels russes qui sont devenus la référence pour les scalpels ophtalmiques chirurgicaux.
AWDC a déclaré que 10.000 emplois pourraient être menacés en raison de l’arrêt des importations de diamants russes : 4.000 directs et 6.000 indirects. Cependant, Philip Reiniers, directeur de l’« International Peace Information Service » – un institut de recherche à Anvers – affirme que ces chiffres sont « obsolètes et exagérés ». Il affirme qu’ils sont basés sur une étude vieille de 12 ans. A contrario, AWDC a rétorqué que ses données sont basées sur des recherches de 2021.
En privé, des responsables belges ont averti l’UE de pertes d’emplois, bien que le gouvernement insiste sur le fait qu’il n’a jamais cherché à bloquer les sanctions. « Notre pays n’a jamais bloqué les mesures liées au secteur du diamant », a déclaré le Premier ministre belge Alexandre de Croo en mars. Les responsables belges insistent sur le fait que cette affirmation reste valable aujourd’hui. Cependant, selon une source, lorsque la société russe d’extraction de diamants a été incluse dans le dernier paquet de sanctions, la Belgique s’est abstenue. Plus tard, les sanctions ont été adoptées à l’unanimité sans mentionner la société russe.
L’arrêt des importations des diamants russes en Belgique sera une aubaine pour l’Inde et le Moyen-Orient
La Belgique est loin d’être la seule à accorder des exemptions à son industrie dans le cadre des sanctions antirusses. Comme le rappelle The Guardian, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque se sont affranchies de l’embargo pétrolier. L’Italie et la Belgique ont obtenu un report de l’interdiction de certains produits sidérurgiques russes, invoquant le risque de pertes d’emplois. Certains pays sont d’ailleurs favorables aux arguments de la Belgique. Une interdiction des diamants russes « travaillera contre nous, parce que le commerce ira en Inde », a déclaré un haut diplomate de l’UE.
Mais les « faucons » promoteurs des sanctions ne sont pas apaisés pour autant. Un diplomate européen fait valoir que « la Belgique doit poursuivre les discussions. Non seulement pour soutenir l’Ukraine avec de belles et fortes déclarations, mais aussi pour montrer son courage de partager la douleur des sanctions avec tous les autres partenaires de l’UE » …
Cependant, l’industrie anversoise du diamant affirme qu’une telle ligne de conduite déclenchera un exode des négociants en diamants d’Anvers vers le Moyen-Orient et l’Inde, deux pays qui commercent encore avec la Russie. Tom Neiss, le porte-parole d’AWDC souligne que « ce n’est pas un vague avertissement : on va prendre le risque que les 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel aillent en Inde ou à Dubaï, et ces pays deviendront le plus grand centre commercial du monde ». D’où son interrogation, qui peut être généralisée à d’autres secteurs : « Est-ce une bonne idée de se faire du mal de manière à détruire sa propre économie ? Pourquoi transférer des activités à des pays qui, aujourd’hui, n’ont pas de problèmes dans leurs relations avec la Russie ? En fait, vous récompensez des pays qui font le contraire de ce que vous voulez qu’ils fassent ».
Le gouvernement belge estime que l’interdiction des diamants russes devrait être beaucoup plus large et inclure les pierres taillées et polies. Les détracteurs de l’interdiction américaine des diamants soulignent que cela n’empêche pas l’importation de diamants russes via l’Inde après qu’ils aient été taillés et polis dans ce pays, les transformant ainsi en diamants « indiens ».
Un porte-parole du Premier ministre belge a confirmé la forte baisse des importations de diamants russes depuis juin. « Actuellement, la possibilité de ramener ce commerce à zéro est à l’étude, mais cela devrait se faire sur la base d’une approche collective », a-t-il déclaré. « Si nous voulons vraiment arrêter le flux d’argent vers la Russie, cela ne peut être réalisé que si nous arrêtons également d’acheter et de vendre des diamants taillés et polis, et pas seulement de vendre des diamants bruts. C’est quelque chose qui doit être décidé avec ceux qui représentent les principaux marchés de détail ».
“Or, le commerce se poursuit malgré la pression du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait déclaré au parlement belge en mars dernier que « la paix vaut plus que n’importe quel diamant ».”
Zelensky, c’est qui ce Mec ?
Buisness is buisness !!!
Il va donc y avoir également de l’inflation sur ces produits de 1 ère nécessité.
“Certains pays sont d’ailleurs favorables aux arguments de la Belgique. Une interdiction des diamants russes « travaillera contre nous, parce que le commerce ira en Inde », a déclaré un haut diplomate de l’UE.” Les bras vous en tombent. Un haut diplomate qui réinvente l’eau chaude, sans avoir jamais parlé de l’absurdité du dispositif punitif…
De sanctions contre la Russie à des primes à la casse de l’économie européenne… sans que la Russie vacille. Il est beau le partage de la douleur des sanctions avec tous les autres partenaires de l’UE. Amen !
Psychopathes et masochistes.
Après ce sera le tour de l’uranium traité en Russie avec des spécificités uniques et le coup fatal de notre parc nucléaire historique.
Difficile d’être spectateur de ce désastre.
Les Belges, considérés comme d’insondables imbéciles par les Français, non seulement achètent des diamants russes pais restituent aux oligarques russes les milliards que l’europe voulait qu’elle leur confisque.
Bravo les amis, montrez vous plus malins que nos dirigeants issus d’écoles dont le niveau calamiteux est rudement constaté chaque nouvelle année, de par leurs classements piteux dans l’ordre international.