À la vieille distinction du pays légal et du pays réel, il semblerait, ces temps-ci, qu’on voie de plus en plus se substituer une brutale dichotomie du pays rêvé et du pays vécu. Dans le pays rêvé par sa classe politique et ses médias de grand chemin à 99% détenus par l’oligarchie, la France devient une bulle aseptique gouvernée par une tolérance zéro de style cathare, un safe space à l’abri de tout ce qui peut sembler méchant, « exclusif », violent. Y compris Vladimir Poutine, le barbecue et la grippe.
Dans le pays vécu par ses habitants contribuables (plus exactement : à Blois), une femme peut se présenter un soir au commissariat pour porter plainte contre son ex qui la menace, s’entendre dire qu’il faut revenir le lendemain, et être retrouvée deux heures plus tard à demi morte dans le hall d’un immeuble.
« Les objectifs du plan seront atteints et dépassés »
En écho au fonctionnement de plus en plus catastrophique des services postaux et des transports en commun, cette sordide anecdote que nous rapporte le magazine Elle ce mercredi illustre ni plus ni moins qu’un lent mais sûr processus de soviétisation de la vie publique française : de plus en plus indifférent au discours (lui-même de plus en plus souvent délirant) des autorités républicaines, le petit fonctionnaire s’institue satrape oriental d’un bureau ou d’un guichet, où les règles suivies de facto seront celles que lui veut bien édicter – quoi qu’il en coûte. Ayant personnellement (en Europe orientale) déjà vécu dans votre futur, je suis d’ailleurs en mesure de vous décrire le paysage du prochain palier de cette descente aux enfers du socialisme réel : vous saurez y avoir accédé le jour où le porteur de n’importe quel uniforme, non content de n’accéder à vos demandes légitimes qu’en fonction de son humeur, commencera à vous demander de menus compléments de salaire en échange de l’honneur qu’il vous fait en daignant tourner la tête dans votre direction. De contribuable floué que vous êtes, vous accéderez ainsi au statut de contribuable floué en gros et rançonné au détail. En même temps.
Juste prediction …. à la nuance près que ce moment est déjà advenu depuis fort longtemps avec les « dépassements d’honoraires » des toubibs!
Je reconnais bien la polisse et la justisse de mon pays socialo. Mais attention Modeste, La Poste est loin d’être aussi pire que ça. Service public jusqu’ici épargné par les managers socialo de McKinsey (pas d’argent à se faire?). Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
Alors je voudrais mettre un bémol… je ne suis pas bien convaincu que ce que vous décrivez tienne tant au régime socialiste (sans vouloir le défendre) qu’à un faible niveau de développement économique corrélé à une absence de développement de la valeur commune de « bien public ». Car enfin on retrouve cela en Europe orientale comme en Afrique du nord, par exemple…
Encore que le (non)développement économique finisse par être corrélé au socialisme…
A la notion de bien public, trop abstraite, je préfère celle de « bien commun » qui suppose une appropriation personnelle de quelque chose qui appartient à tous. Mais l’idée est là…
Ce qui appartient à tous n’appartient à personne.
C’est la négation même du droit de propriété, fondement de la liberté.
Dans la série Cernobyl, l’épouse d’un des personnages mourant d’irradiations paie la secrétaire de l’hôpital pour pouvoir lui parler.
On se souvient que les policiers ont reçu l’ordre de ne pas intervenir contre le Traore qui a massacré une vieille dame juive.
En revanche, contre les gilets jaunes ils seront présents et rempliront les objectifs du plan.