Quoi que fasse Lula, désormais, il est vidé, politiquement parlant. Certes l’ordre règne à Brasilia. Mais le président qui entame son troisième mandat a le choix entre la répression et l’impuissance.
La police fédérale est intervenue pour dissoudre les 70 campements qui s’étaient constituées devant des casernes militaires. Le président de la République, celui du Sénat et la présidente du Tribunal Suprême Fédéral ont publié un communiqué commun pour s’indigner contre les “terroristes”, les “vandales” et les “putschistes”. Les dirigeants occidentaux sont soulagés de voir “leur candidat” remis en selle. On sourira de constater que, pour une fois, ils sont en phase avec le gouvernement russe, qui pense, à tort ou à raison, avoir plus à perdre qu’à gagner si Lula était renversé. Apparemment tout rentre dans l’ordre. L’ordre règne à Brasilia.
Manifestação conjunta dos presidentes dos Poderes da República, assinada na manhã de hoje, em repúdio aos atos golpistas de ontem em Brasília. #EquipeLula pic.twitter.com/p6dOtuh8S6
— Lula (@LulaOficial) January 9, 2023
Lula ne pourra rien faire
En réalité, la crise est loin d’être finie Des raffineries et des routes sont bloquées. Les Brésiliens mécontents vont ployer sous les coups de la répression. Mais la question de la légitimité du résultat électoral est toujours dans l’air. Aux yeux d’une moitié des Brésiliens, ceux qui ont voté Bolsonaro, Lula apparaîtra quoi qu’il arrive comme un président mal élu, Il ne dispose pas de majorité parlementaire. Il traîne après lui la réputation d’un homme profondément corrompu. Les experts qui pratiquaient le “Bolsonaro bashing” lui avaient prédit une victoire écrasante sur le président sortant. Elle a été courte et est désormais entachée de doutes.
Lula n’avait qu’une seule solution après le résultat: tendre la main, se poser en rassembleur. Mais les formules allant apparemment dans ce sens utilisées lors de son discours d’inauguration ont sonné creux vu qu’elles se sont accompagnées d’une réaffirmation d’un programme essentiellement idéologique, qu’il s’agisse d’environnement ou d’économie. Ayant laissé pourrir les manifestations contestant le résultat de l’élection, Lula est désormais confronté à un désastre: il n’a la choix qu’entre l’impuissance et la répression. Et comme (1) il n’a pas de majorité au Parlement, (2) son programme économique est regardé avec la plus grande méfiance et (3) il a constaté que les forces de sécurité du pays ne lui étaient que partiellement loyales, gageons que c’est l’impuissance qui l’emportera.
On ne force pas plus la nature des choses en politique que dans les autres domaines: Lula avait laissé un trop mauvais souvenir à une partie des Brésiliens, de par la corruption profonde qui s’est installée dans le pays lors de ses deux premiers mandats pour qu’un troisième mandat soit une simple formalité. Mais ce que nous voyons, c’est que ce sera encore beaucoup plus difficile que prévu. Ou plutôt: la troisième présidence de Lula est finie avant même d’avoir commencé.
On peut savoir pourquoi certains articles sur la situation sur le Brésil ont disparu du site?
Euh… Lesquels ?
Le socialisme, des idées tellement géniales qu’il faut frauder aux élections pour les imposer.