Souvent, le soufisme est présenté comme un enseignement exclusivement « spirituel », qui peut devenir un contrepoids à « l’islam politique » et au terrorisme. Cependant, une analyse de l’histoire du soufisme et des écrits des cheikhs soufis donne une image plus complexe.
Cet article publié en russe par IA-centr n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
Les ambitions politiques des soufis d’Asie centrale ont été analysées par Bakhtiyar Babajanov, docteur en sciences historiques, professeur à l’Institut d’études orientales du même nom. Abu Raikhan Beruni de l’Académie des sciences de la République d’Ouzbékistan, a également publié un article sur ce thème pour la collection scientifique « Arabia Vitalis. Orient arabe, Islam, Arabie antique ».
Ce contenu est réservé aux abonnés
Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.
Connectez-vous si vous avez acheté un abonnement et/ou ce contenu.
Si le soufisme est la branche spirituelle de l’Islam, ce n’est pas pour autant qu’il s’inscrit à la périphérie de la citée comme peuvent l’être les monastères et les couvents. Dans bon nombre de pays musulmans (pas seulement arabes) il irrigue l’intégralité de la population des couches les plus populaires aux plus savantes. Par ailleurs rappelons qu’au 19ème siècle l’Émir Abdelkader a été à la fois un grand soufi et un chef de guerre contre l’occupation française de l’Algérie jusqu’à sa capture. De même pour Omar al-Mokhtar en Libye qui donna bien du fil à retordre à l’occupant italien dans les années 20. Si les maîtres soufis, les cheikhs, se tiennent, a priori, à distance du pouvoir, ce n’est pas pour autant qu’ils s’interdisent d’admonester ce dernier en cas de nécessité. C’est la raison pour laquelle l’obsession des gouvernements français successifs “d’organiser” l’Islam en France avec un objectif très gallican (contraire à la laïcité au passage) d’en faire un Islam de France est de toute façon vouée à l’échec. Les musulmans sont en terrain connu ! Depuis des siècles tous les pouvoirs en terre d’Islam n’ont eu d’autres objectifs que d’inféoder les autorités religieuses : imams, cadis, oulémas, … Dans l’Islam sunnite il n’y a pas de clergé : les autorités sont reconnues comme telles mais ne jouissent d’aucune légitimité “canonique”. Pour la faire courte l’imam peut être sous “contrôle” du pouvoir. Ce n’est pas grave car il y a toujours le cheikh soufi que l’on peut consulter en cas de nécessité.
Ben voyons ! Les soufis sont bien gentils. Ce sont souvent des victimes de l’islam en place et fondé sur la violence. Le ‘cheikh soufi’ devra comme les autres suivre l’application du droit positif qui est en vigueur dans telle ou telle patrie soumise à l’oumma ou soumise à un autre pouvoir politique.